Le congrès du meurtre

220px-dionysos_mask_louvre_myr347Une constitution est la convention qui règle les rapports de l’État, dont on ne peut guère se passer, et les citoyens, qui sont à l’origine de tout pouvoir et de la délégation de pouvoir. Fondamentalement elle définit le régalien (Défense, Sûreté intérieure, Diplomatie) et les dispositions juridiques qui en découlent. Tout aussi fondamentalement, elle fixe le cadre dans lequel les citoyens utilisent le gouvernement pour réaliser leurs desseins et préserver leur autonomie (« liberté » dans le sens vulgaire). La question qui se pose consécutivement à la création de l’indispensable monstre étatique est clairement posée par Milton Freedman (1) : « Comment empêcher le gouvernement, notre créature, de devenir un monstre qui détruira notre liberté même pour la protection de laquelle nous l’avons établi ? »

La preuve nous est donnée qu’une constitution est toujours imparfaite et que les juristes trigauds s’emploient constamment à en découvrir les failles afin de servir les desseins d’une coterie parvenue à s’emparer du pouvoir, par force ou par ruse. C’est ainsi que l’État s’est mué en organisateur de l’économie, avec parfois des résultats utiles à la communauté -par exemple la politique de l’énergie sous De Gaulle- mais le plus souvent avec des résultats catastrophiques dus à l’impéritie des « petits hommes gris » (secundum Charles Gave), cette technocratie étatique de nature totalitaire.

C’est ainsi que s’est perdue l’autonomie fondamentale du citoyen. Des régimes ont fait de l’État un moyen de coercition pour « changer la société » et « créer un homme nouveau », dépassements idéologiques inconstitutionnels très bien résumés dans cet aveu de la ministre de F. Hollande, Valaud-Belkacem : « Nous avons choisi le plus souvent d’inciter par la loi, mais imposer est parfois la façon de changer les choses. » Cette coercition exploitant systématiquement les faiblesses de la constitution fonctionne à plein sous le régime de Macron, par un recours systématique à l’article 49, alinéa 3, afin de faire passer en force des dispositions « légales » refusées par la représentation parlementaire -pourtant fort molle- et par le peuple. Un autre exemple en est la violation aux conséquences potentiellement dangereuses de l’article 53 par Macron, lequel a concocté un traité bilatéral avec Zelensky engageant à la fois la dépense publique et la Défense et faisant potentiellement de la France un co-belligérant .

La « représentation nationale », le Parlement, a été peu-à-peu mutée en chambre d’enregistrement. Ceci permet aux potentats de ripoliner de fausse constitutionalité des actes fondamentalement anticonstitutionnels. C’est ainsi que Sarkozy a réussi à invalider le référendum de 2005 en faisant approuver par le congrès le traité de Lisbonne. Aujourd’hui même, lundi 4 mars 2024, ce même congrès se réunit à Versailles pour faire entrer dans la Constitution une disposition n’ayant rien à voir ni avec l’intérêt du citoyen, ni avec l’intérêt du pays : le « droit à l’avortement ». Les droits fondamentaux, qui justifient précisément la rédaction d’une constitution, sont intrinsèques à la personne humaine : sécurité, propriété, autonomie (d’entreprendre, de parler..). L’avortement n’est PAS un « droit » prétexte à la rédaction d’un article constitutionnel.

Il ne s’agit, en l’occurrence, que de l’expression d’un dérèglement idéologique d’une fraction de la société : « mon corps m’appartient ! » . Peut-être, mais ce n’est pas une raison pour en faire n’importe quoi. Et, « femmes libérées » qui confondez l’amour avec le coït animal, le petit être qui croît en vous ne vous appartient pas, ni à vous, ni à l’État.  L’on a eu tôt fait de réduire la personne humaine à des pièces détachées que l’on cannibalise en les vendant. Le stade suivant est de nier l’humanité du petit être humain qui se développe in utero. L’hédonisme, au sens originel du terme, est très exactement le contraire de l’éthique, et la disparition de l’éthique conduit tout directement au meurtre.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit : aujourd’hui à Versailles, la soi-disant « représentation nationale » va accomplir cette négation de l’humanité en institutionalisant le meurtre. Or, si la prohibition de l’inceste est l’une des conditions fondant la Personne, la prohibition du meurtre en est l’autre. Tristement, les « assis » au banquet de la république, vont tout simplement achever la destruction culturelle et ravaler la France en-dessous de l’animalité. Dès lors, toutes les exactions deviennent possibles.

Non seulement nous seront meurtris par l’Histoire, par toute l’Humanité, mais nous serons condamnés à périr, une société refusant la vie se condamnant nécessairement à mourir. « Le but de la famille est la naissance des enfants, la parentalité et la continuation de la race humaine » – Vladimir Poutine. Qui donc sont les barbares, messieurs les congressistes de Versailles ?

Il est des lois contraires à l’éthique, le sage ne saurai les respecter. La plupart de celles promulguées depuis quelques décennies sont contraires à l’éthique. Elles doivent non seulement être désobéies, mais combattues jusqu’à leur abrogation. Je pense notamment aux médecins qui ont conservé l’éthique d’Hippocrate : la nouvelle disposition constitutionnelle, en vous privant d’exercer la clause de conscience, la détruit tout autant que le fait un certaine « article 4 » de fraîche date à propos des traitements et médicaments. Mais ceci concerne l’ensemble des citoyens : face aux terribles dérives idéologiques totalitaires, le devoir est la rébellion.

Et Dieu sait si, dans cet occident décadent, les motifs de rébellion pullulent.

L’Imprécateur

 

(1) Milton Freedman, « Capitalisme et Liberté », Chicago 1962, nouvelle éditions Flammarion, 2016, coll. « Champs ».

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