Des experts israéliens en contre-terrorisme conseillent à l’Europe d’appeler un chat un chat
mercredi 14 janvier 2015, par contre-terrorisme ; politiquement correct
Trois hauts fonctionnaires spécialistes du terrorisme sont formels ; si la France veut faire face à la menace terroriste il va falloir qu’elle accepte certaines vérités.
Trois hauts fonctionnaires qui ont consacré leur vie à des questions tournant autour de la sécurité, des renseignements et de la terreur se sont exprimés au sujet de la vague de terreur islamique qui a déferlé sur l’Europe et les moyens d’y faire face.
Le premier est le major-général. (de Réserve.) Yaakov Amidror, ancien haut gradé dans les renseignements militaires israéliens et PDG du ministère de la défense. Il était jusqu’à présent chef du Conseil national de sécurité d’Israël et conseiller en sécurité nationale auprès du Premier ministre Benjamin Netanyahu (jusqu’en Novembre 2013).
Le second est Rami Igra, ancien fonctionnaire supérieur du Mossad spécialisé dans les questions de terrorisme et ancien chef de division dans la branche active de l’organisation de renseignement israélien.
Le troisième, qui a préféré garder l’anonymat, est également un ancien fonctionnaire haut placé dans les services de renseignement israéliens, qui a servi en tant que chef du renseignement militaire.
« Les Européens ont quatre problèmes », a déclaré Amidror. « Trois d’entre eux portent sur des fondamentaux, le troisième est technique.
Le premier problème c’est une question de définition. Il faut appeler un chat un chat. La terreur à laquelle ils doivent faire face actuellement n’est pas idéologique. Il ne s’agit ni des Brigades Rouges [Italie] ni de la Bande à Bader [allemande], et n’est même pas une terreur d’origine criminelle. Cette terreur est alimentée par une forte idéologie religieuse. Certes, il est difficile pour les Européens de se l’avouer, mais le fait est que, bien que tous les musulmans ne soient pas des terroristes, tous les terroristes à notre époque sont musulmans. Vous ne pouvez pas gagner la guerre sans une identification précise de l’ennemi « .
« Le deuxième problème, » a ajouté Amidror, « c’est le renseignement. Il faut avoir une bonne connaissance du terrain et du milieu dans lequel gravitent les terroristes, pour obtenir des renseignements. Après tout, il est clair que ces terroristes ne se trouvent pas parmi la population calviniste Suisse. Il n’y a pas d’autre moyen que d’utiliser des méthodes de renseignement agressives. La formule éprouvée et qui a fait ses preuves, c’est que si vous ne les mettez pas sur écoute, vous ne saurez rien. Oui, les populations civiles, aussi. Et oui, vos propres citoyens. Parce que ce sont vos citoyens aussi, qu’ils se fondent parmi eux, ont étudié dans votre système scolaire et c’est pourquoi vous n’avez pas le choix. Vous devez recourir aux écoutes électroniques, les prendre en filature, parce que sans cela il n’y a pas de renseignements et sans renseignements, vous ne pouvez pas gagner la guerre. C’est ce que la France a appris à ses dépends la semaine dernière « .
« Le troisième problème », a déclaré Amidror, « c’est l’utilisation des renseignements. Dans le milieu de criminalité qui relève du pénal, si les malfaiteurs sont sur écoute électronique et que vous les entendez planifier de braquer une banque, vous ne pouvez pas faire grand chose, sauf continuer à avoir l’œil sur eux. Vous ne pouvez pas poursuivre les gens pour leurs intentions. Mais quand il s’agit de terrorisme, où tant de vies humaines sont en jeu, vous n’avez pas d’autre choix que de prendre des mesures préventives, au moins d’avoir recours à des détentions administratives « .
La quatrième problème, selon Amidror, est d’ordre technique. « L’Europe est composée de 28 états et 28 forces de police. Il n’y a pas de système fédéral qui intègre toutes les informations. Vous pouvez voyager du Portugal à la Lituanie sans être contrôlé, même une seule fois en chemin. Dans ce contexte, vous pouvez faire un attentat quelque part puis disparaître, sans que personne ne soit en mesure de vous traquer. Vous ne pouvez pas lutter contre le terrorisme de cette façon « , a-t-il dit.
Igra a été encore plus cinglant. « La seule façon dont les services de sécurité européens peuvent faire face à la menace terroriste musulmane c’est en prenant en compte cette réalité et en ciblant la population musulmane pour la collecte de renseignements et surtout il ne faut pas les lâcher », a-t-il dit. « Il n’y a pas d’autre alternative que d’en venir là ; sinon, il n’y a aucune chance de parvenir à des résultats vu la constellation terroriste de l’époque contemporaine. Il faut couvrir toute la population cible sur l’ensemble du territoire. Cette méthode est employée par le Shin Bet israélien et nécessite que des agents fassent de la collecte de renseignements en étant infiltrés dans la population des quartiers sous leur responsabilité. C’est exactement comme la police de quartier, qui patrouille dans les quartiers sous sa responsabilité pour y maintenir l’ordre et la sécurité. Ce procédé nécessite aussi des coordinateurs sur le terrain et l’exploitation de ressources humaines [agents] au sein de la population. Ces agents surveillent les éléments potentiellement suspects qui pourraient devenir des menaces terroristes. Dès qu’un agent de collecte de renseignements identifie un civil qui éveille ses soupçons, l’agent mettra des moyens supplémentaires pour le surveiller, humains ou technologiques, pour éliminer la menace « .
Mais là il est question de l’Europe, ai-je dit à Igra ; pas de Naplouse ni de Tulkarem, ni même de Gaza. Nous parlons de Paris, Bruxelles, Berlin et Genève. Pays des droits de l’homme, de la protection de la vie privée, de la la liberté – tout cela sont des valeurs suprêmes là-bas.
« Je sais, » a dit Igra. « J’espère que les Européens n’auront pas à apprendre de façon trop cruelle qu’ils n’ont pas d’autre choix que d’apporter des modifications législatives qui permettront à l’Etat de recruter et d’exploiter des agents de renseignement au sein des populations à risque. S’il existait une autre façon de faire efficace, je serais heureux de la connaitre « , a-t-il ajouté. « Les agents de renseignement peuvent également être recrutés en leur offrant des avantages de la part du gouvernement, c’est aussi une méthode qui a fait ses preuves. Et n’oubliez jamais que, finalement, l’objectif est de préserver la vie humaine, et c’est, à mon avis, le saint des saints. Le droit à la vie surpasse tous les autres droits. »
J’ai demandé a Igra, « Il n’y a pas de méthodes moins invasives sur le plan des droits civiques pour faire face au problème ? » Il a répondu que « pour éviter et stopper la vague actuelle de radicalisation en Europe, il est indispensable d’intervenir ainsi dans la vie civique. Les autorités doivent créer des institutions qui doivent travailler à combler le fossé culturel entre les musulmans et les populations européennes. La radicalisation est le résultat du désespoir et de la jeunesse qui a le sentiment d’être privée de perspectives économiques. Des mouvements de jeunesse et des centres culturels doivent être fondés ; des ressources, de l’énergie et de la matière grise doivent être investis. C’est un processus long et sisyphique, mais c’est la vraie solution. L’organisation du renseignement et ses applications dont je viens de parler sont des mesures immédiates à prendre pour stopper le carnage, mais pas des solutions sur le long terme. »
La troisième personne interrogée, un ancien chef du renseignement militaire, d’accord avec les principes proposés par ses deux collègues a ajouté : « Je conseille aux Européens de déplacer leurs curseurs entre ces deux opposés, tous deux d’importance ; d’une part un ensemble de valeurs : la vie privée et les droits humains, et d’autre part le droit des êtres humains à la vie et l’obligation qui en découle de préserver leur sécurité.
Les Israéliens et les Américains ont trouvé un point d’équilibre entre les deux, avec lequel les autorités qui appliquent la loi sont autorisés [une fois l’autorisation reçue et assortie des restrictions appropriées] de recueillir des renseignements sur des citoyens du pays pour le bien et la sécurité de tous et parer au terrorisme.
« Les Européens sont prisonniers de leur discours « politiquement correct », et ne sont pas efficaces pour lutter contre le terrorisme. C’est pourquoi ils sont limités dans la lutte anti-terroriste au niveau national. En outre, ils n’empêchent pas le retour des combattants étrangers qui possèdent des passeports européens et se sont rendus au Moyen-Orient pour y être formés au combat dans des organisations comme al-Qaïda, Jabhat al-Nusra, l’État islamique et autres organisations djihadistes radicales. Ils ne surveillent pas assez ceux qui reviennent en Europe avec un passeport européen – tant qu’ils n’ont pas commis un crime en Europe – et quand cela arrive, il est parfois trop tard. Surtout qu’ils ne sont pas disposés à ficher ces combattants et les mettre sur des listes de personnes à surveiller par les renseignements », et pour recueillir des renseignements sur eux « .
Les trois éminences de la sécurité israéliennes, qui possèdent une expérience cumulée de 105 années de lutte contre le terrorisme, sont très conscientes que leurs propositions et leurs analyses ne peuvent être perçues par des oreilles européennes que comme un charabia incompréhensible, impossible et inadmissible. Pourtant, ils insistent qu’il n’y a pas d’autre moyen. L’un d’eux a dit : « Israël vit avec le terrorisme aveugle au quotidien depuis le jour de sa création. Nous n’avons pas connu d’autre mode de vie donc, nous n’avons eu aucun problème pour nous y adapter. Mais l’Europe à l’habitude d’un autre genre de vie : la bonne vie, sans restriction et sans souci. Si la terreur islamique menacent de priver les Européens de leur mode de vie, ils [les Européens] n’auront en fin de compte pas d’autre choix que de décider entre ces deux alternatives : se soumettre ou se battre.
Ben Caspit -Al Monitor
cité par « Michael » dans eXtrêmeCentre.