« Mergitur ou pas, fluctuat ! commença notre ami le psychiatre Alonzo Tromondada. La nef des fous prend eau, mais ils écopent. Les uns avec des bassines, les autres avec des pailles, certains essaient encore de la faire avancer sur la vasière. » Nous étions dans le cabinet du Docteur ; l’Élysée n’étant plus guère qu’un manoir vide, depuis que la foule des conseillers s’était dispersée vers des emplois-refuges très bien payés, nous ne risquions pas d’être dérangés, ni surpris par de tortueux courtisans. « Ils la propulsent à la manière des Shadocks, gouailla La Conscience, prenant l’eau en poupe et la rejetant en proue ! » « Ne vous y trompez pas ! le corrigea Alonzo, ces fous ourdissent un sombre complot ! » Je me souvins alors d’avoir épié le Roi déchu se rendant, l’air hagard, dans la Chambre Secrète. Pressentant quelque concile pernicieux, j’activai les caméras qu’au fil des mois j’avais installées, fort discrètes. Tout était sauvegardé sur un disque dur auxiliaire, mais je n’avais pas eu le temps de regarder ce qui s’était tramé ce jour-là. Je proposai à mes compères d’en prendre connaissance sur l’heure.
« Julie, jolie Julie, tu as mis ta robe d’organdi… » chantonnait distraitement Soliveau, lorsqu’une tenture s’écarta. Entrèrent en nombre les Éminences Grises, Terraneuviens, adeptes de Tartes sur Câble et autres associations de malfaiteurs patentés. Tous étaient vêtus de coules et coiffés de cagoules. « Cuculus non fecit monacum ! », dis-je. Ils s’assirent sans mot dire en face du Roi, puis un Grand Maître, probablement, annonça d’un ton lugubre : « Avant que ne débutent nos travaux architectoniques, déplorons la perte de deux des nôtres ! Levez-vous… Et toi aussi ! » intima-t-il au monarque déchu. « Le premier est une pointure, Cricri Bézard, tombé à Londres victime des tenants de l’obscurantisme sexuel qui l’ont piégé pour l’accuser de pédophilie… » « Ah ! Ah ! ricana La Conscience, il ne partageait pas que des idées avec son copain Strauss-Khan ! » « Non, dit Alonzo, ils avaient aussi en commun quelques connections obsessionnelles entre le cerveau et les génitoires. » « Certes, ajoutai-je, mais si Domino s’en prenait à des femmes adultes, il montrerait quant à lui une nette préférence pour les fillettes ! » Nous reprîmes la lecture : « Jamais la populace ne reconnaîtra la bénignité des faits, insista l’orateur en fixant Soliveau, alors tu ordonneras à Ergotte et aux médias de n’en pas parler ! Tout de même, c’est un de nos fondateurs ! » Le Roi nota avec application. « Et puis, ô douleur ! continua l’encagoulé, nous venons de perdre Chérèque, immense syndicaliste et Grand-Maître depuis 2012. Avec lui, Terra Nova perd plus qu’un président : un ami fidèle et l’un des plus solides chaînons de la tradition réformiste post-humaine qu’il nous appartiendra désormais de faire vivre sans lui. »
« Ben dis-donc ! C’est l’hécatombe chez les paraphrènes, depuis 2012 ! Ferrand, Descoing, et maintenant Chérèque ! Il existerait donc une Justice Immanente ? » dit Alonzo. Lorsque nous reprîmes la lecture, les gredins marmonnaient je ne sais quelle patenôtre : « Hekas hékas este bebeloi ! Jabet rison mu ! Luxerst vinc zob ! Lortus meng icha ! » tandis que le Roi les accompagnait d’une danse ridicule en frappant un tambourin orné de grelots. « Par Astaroth ! Rituel de sorciers ! » commenta La Conscience. Mais le Grand-Maître reprit : « Ceci dit, Soliveau, tu as bien fait d’obéir à nos ordres ! Nous t’aurions sévèrement puni si tu t’étais obstiné à briguer de nouveau les voix de la populace. Mais comme tu as tout cassé, nous aurons du mal à recoller les tessons ! » Le terraneuvien frappa un coup de maillet sur la table, et surgit de derrière la tenture un singulier personnage. Devant l’air ahuri de Soliveau, le Grand-Maître s’emporta : « Quoi ! Ne reconnais-tu pas le Suprême Paul Le Mono-Bielderberg ? Celui qui règne sur la Terre comme à Wall-Street, Bruxelles, Strasbourg, Berlin, Davos et autres lieux ? » « Popaul ! gâtifia le Roi, si je m’attendais… » « Tu ne t’attends jamais à rien, gronda le Grand-Maître. Quoi qu’il en soit, la présence de Paul Le Mono -Popaul si tu veux, il ne s’en formalisera pas- est indispensable ici et maintenant. Faites entrer les autres ! » ordonna-t-il. Les conjurés apparurent un par un, et chaque surgissement insolite provoquait un glapissement royal : « - L’imâm Komyrespyr ! L’émir Akel-Brâhkmar ! Le Cardinal Lepoing, de la Nonciature ! Herr Otto Mann, conseiller d’Angela ! Arrrgllll… Valse, ce traître ! Grrrr… Micron, ce serpent ! » et ainsi de suite. Entra un homme de noir vêtu, le visage caché par un ample foulard. « Qui diable est-ce ? demanda l’ex-monarque, encore un indésirable ? » « Tous ici sont indispensables, le tança Grand-Maître, alors boucle-la ! Ce monsieur est Farid F…, impétrant de droite à la Présidence ! » « Lui ? s’étonna naïvement Soliveau, mais c’est un adversaire ! » « Ao no ! coupa Popaul, c’est, let’s say, une solution alternative. Il est des Bielderberg, lui aussi ! » Le Roi renonça. Lorsque tout le monde eut pris place, Popaul s’installa au pupitre.
« My dear vassaux, serviteurs, stipendiés, commença Paupol, comme vous le savez, la situation est grave. Un nombre conséquent de contrariétés et des obstacles à Notre grand projet planétaire have emerged depuis deux ans. Nous avions débrouillé à effacer les frontières entre les countries, laissé les gens libres de batifiouler partout sur the planet. Nous avons encouragé les gens des pays developed à ne plous faire des enfants, leurs femmes à abort et les pervers people à se marier. Nous avons fait honte et oubli de leur Histoire. Nous avons organisé a great mess dans les pays d’Africa et du Middle-East non seulement pour contrôler le pétrole, mais aussi pour que des popioulaces migrent massivement vers l’Europa pour remplacer les damned old races de ce continent. Comme ça qu’on aurait des workers payés au lance-pierre, obéissant aux muslims et achetant. Nous avons fabriqué l’Europa pour que les populations ne fassent plus la law chez eux ; la law, elle se fait à Brussels et d’abord à Wall-Street. In short, nous pensions que le nouvel ordre mondial était on wheels et que le rate of profit -le tao de profit- allait ne plous se casser le gueule.
But… Un peu partiout en Europ les bullshits of peuples renâclent et disagree with ce qu’ils appellent l’invasion : le groupe de Visegrad, l’AfD chez Angela, et chez les Frenchies a bunch of terrifying fascists, nationalists conduits par Le Pen et autres malefactors ! Le terrorism leur fait détester les muslim migrants. L’Europa est en train de se casser the gueule depuis le Brexit, et si nous laissons faire les popioulaces, pourrait bien y avoir d’autres « exits ». L’année 2017 sera pleine de dangers, on votera un peu partout. En plous, ça ne va plous : nous avons perdew la main au Middle-East, raté le coup d’État en Turkey, et ça n’avance pas comme on veut en Youkraine. Total, c’est le Popov Poutine qui rafle la mise. Même que vos popioulaces en ont fait un King et trust him comme si c’était Jesus Christus ! Il est en train de crush nos auxiliaires de l’ISIS. Ça ne va pas ! Et pouis… Ah ! Damned ! Notre marvellous candidate Hillary, qui portait tous nos espoirs, a été battiou par le Trump, un sagouin qui n’est pas d’accord avec nous. No, no, no ! Ça ne va pas !
Fortunately, avec nos banks, nous avons le ownership de l’argent. Ce qui veut dire que, si le système bancaire ne se casse pas le margoulette -mais attention : il est fragile !- nous pouvons encore fermer le gueule aux peuples. S’il le faut, on coupera les vivres aux rebel peuples qui destroy notre nouvel mondial ordre ! Mais faut faire vite ! Organiser si nécessaire des putschs comme en Youkraine, avec les secret services. Oune chose est indispensable : priver les gens de pouvoir. Plous de référendum, jamais ! Youne délégation forcée à des parliaments, pour faire semblant démocratique, entièrement soumis à notre planétaire project, voilà ce qu’il faut. Et continuer à remplacer les peuplades ! Renforcer l’Europa, l’Otan, put an end to democracy ! Achever le remplacement des populations, faire de chaque citizen un client obligé des banques, et un consommateur. Ça plaira pas aux… slobs… aux ploucs, alors faudra continuer à présenter ça comme de la démocratie, des human rights, ou encore de la charité, fraternité et cætera. Exploiter à fond ces damned idées-là. »
Nous échangeâmes des clins d’yeux : le monopoliste crachait sa rage et révélait le fond de sa stratégie. Pour nous, cela n’avait rien d’un scoop. « On comprend bien, commenta Tromondada, combien les illuminés aux idées progressistes, mondialistes, bisounours, psychopathes hédonistes, sont les idiots utiles de ces néfastes monopoles. ». Lorsque Popaul eut terminé son exposé, Grand-Maître reprit la parole : « L’illustrissime Paul Le Mono vous a exposé la situation. Il est temps de vous donner votre feuille de route pour cette année. Nous devons parer au danger. Concernant les États-Unis, les banques de Wall-Street, puissamment aidées par les Démocrate, les médias… » « Et les … dorks… useful idiots de nos campus, notamment en Californie ! » l’interrompit Popaul. « Bien entendu, reprit le terraneuvien, les Forces de Progrès vont s’occuper du trublion Trump. Il ne faut pas qu’il applique son programme, et surtout pas qu’il s’entende avec Poutine. Je crois savoir – notre illustre visiteur ne me contredira pas- que tout sera tenté pour que l’excellente Frau Merkel demeure au pouvoir et poursuive sa belle politique d’accueil de nos chers immigrés. » « -Right ! » acquiesça Popaul. « Concernant l’Europe, nous allons nous efforcer de colmater les brèches, renforcer les pouvoirs de la Commission, lancer un État fédéral… » « Si le ciel ne nous tombe pas sur la tête avec un crash bancaire universel ! » l’interrompit une voix dans l’assistance. « Sacrilège ! hurla le terraneuvien, la Banque ne peut faillir ! »
« Bon, reprit-il, concrètement, en France on sent bien qu’une majorité de ce stupide peuple est contre nos projets. Bien sûr, une politique adroite, menée depuis l’École, relayée par les médias, s’efforce de désamorcer les colères ; nous avons rendu les gens assez couards pour qu’ils ne se révoltent pas, mais dans le secret de l’isoloir, ils peuvent nous jouer un sale tour. Imaginez que l’extrêêême drwâââte l’emporte : ce serait la fin ! » Un frisson de terreur traversa l’assemblée. « Aussi devons-nous absolument conjuguer nos efforts pour qu’un président et une majorité parlementaire bien dans la ligne du Grand Œuvre sorte des urnes. » Alors, Farid F. se leva en braillant : « Je suis votre homme ! » « Tout doux, Farid ! » le calma Grand-Maître, « les circonstances décideront ! » « - Hey ! intervint Popaul, notre challenger préféré est tout de même Emmanouel Micron, ancien de la Banque. » « Mais il n’a aucune chance ! Moi je suis le candidat de la droite d’appareil » bêla Farid F. « C’est à voir, le contra Grand-Maître, la Banque soutient Emmanuel, les médias sont généreusement arrosés pour lui donner au moins une stature de candidat ! » « Ouais, mais il ne veut même pas passer par la primaire ! » glapit Manu Valse, encouragé pour une fois par Montambour. « Peu importe ! … » S’ensuivit un hourvari comique.
« Silence ! hurla le terraneuvien, en frappant de son marteau. Le silence revint. Popaul les mit d’accord : « Vô avez oune stupid principe, mais très efficient : le Républican Front. Que ce soit Farid, Manouel, Emmanouel, even Arnaud or Jean-Liouc qui arrive au second tour, s’il a pour challenger un nationalist fascist, il devra collecter toutes les voix de chez nous. Discipline, it is our obligation, otherwise c’est foutiou ! Alors battez-vous entre vous au premier tour, mais ensuite coalisez-vous ! » Il y eut bien des vociférations, mais en fin de compte tout le monde en convint. « Donc, continua Grand-Maître, que chacun s’efforce à drainer le maximum de voix. Nous avons raté le coche avec Ali Juppé, il ne faut pas recommencer. Ratissez large, notamment toi, Jean-Luc, débrouille-toi pour rallier des imbéciles tentés par le programme économique de Le Pen. » « Mais il est contre l’Europe, le Jean-Luc ! » protestèrent Farid F. et Valse. « Ça se règlera ensuite ! » trancha le terraneuvien. « Vous comprenez bien, poursuivit-il, que notre ennemi véritable n’est pas la Le Pen, c’est ce peuple indocile que nous devons à tout prix empêcher de retrouver ses frontières, son indépendance sa souveraineté, sa monnaie et sa pureté ethnique. Alors ce n’est pas le moment de faire les malins. D’ailleurs, vous avez, quelle que soit votre nuance politique, gauche ou droite, la Banque pour vous appuyer. Tenez : aucune banque française ne veut prêter six millions nécessaires au FN pour sa campagne. » « Pretty good show ! » jubila Popaul.
Le Roi, qui avait suivi l’affaire d’un air effaré, leva la main : « Et moi, qu’est-ce que je fais ? » « On te gardera pour la suite, tu es bête mais assez tortueux pour recoller les morceaux du PS. Mais il te reste quatre mois et une majorité à ta botte -ou presque- alors profite-en pour faire comme Obama : fais encore passer NOS lois, punis ce sale peuple, comme tu l’as fait récemment. Et si, d’aventure, nos amis salafistes jetaient quelques bombes… Protège leur communauté. D’ailleurs protégez-la tous : nous avons terriblement besoin de ses voix ! Bon, en tous cas, je constate que tu as mis les médias en ordre de bataille : pour une fois tu as bien travaillé. Et même le coup du film Chez Nous qui sortira en février, c’est très fort.» « - Oui, oui, jubila Soliveau, même si c’est un navet on fera de la réclame, et si personne n’y va, on dira quand-même que c’est un gros succès. Vous parlez ! Je sais bricoler les chiffres, voyez ceux du chômage… » « Parfait ! La séance est close ! » termina le terraneuvien.
« Eh bien, conclut La Conscience, si nous ne savons pas pour qui voter, au moins savons-nous pour qui ne pas voter ! » « -Hélas ! fis-je, nous ne sommes pas près d’être débarrassés de ces saletés de monopoles et de la caste qui les sert. La démocratie et la liberté, ce n’est pas pour demain. » « Allez savoir ! philosopha Alonzo, peut-être la Providence y pourvoira-t-elle ? On a vu d’autres prodiges ! »
Alfred
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Chez Books on Demand (BoD)

Excellente approche anthropologique de l'immense différence entre les femmes Russes et les horreurs quérulentes à cheveux bleus de chez nous.

Livre truculent, dont il faut retirer " la substantifique mœlle". Lorsque tout fout le camp, que faire ?
À lire pour rire et réfléchir !
Très instructif. À méditer !
D'où viennent-ils ? Qu'ont-ils vu ? Quel est le combat ?
Pensée et testostérone !



Insigne des Masques Jaunes :
adoptez-le, portez-le !






Bon ! À vos portefeuilles !





ASSEZ DE BARBARIE !!!

et toutes les formes de fascisme dont le socialisme.
Notre "antikons" a le droit d'aînesse :)
Que de tels mouvements naissent chez nous et dans toute l'Europe !