La presse française dans la veillée d’armes obamaniaque

Nous y sommes : les États-Unis vont-ils enfin revenir sur Terre et se débarrasser d’Obama ? Ce n’est pas gagné ! Ce serait pourtant souhaitable, pour les États-Unis en premier lieu, mais pour nous aussi, puisque la défaite de 1940 nous a remis à la remorque.

Naturellement, « notre » caste politique « vote » pour Obama, ce qui se reflète dans la manière partiale dont les « médias » ont couvert la campagne électorale américaine. L’obamania de 2008 n’a point cessé chez nos folliculaires. J’avoue que je serais très heureux si par bonheur leur poulain était battu : quels commentaires acerbes, quels monceaux de bassesses ne trouverait-on pas ? J’imagine la tête des commentateurs télévisuels nous racontant ce qu’il faut en penser ! Et celle des bobos, donc !

JC Durbant, sur le site ExtrêmeCentre, signale un article – en anglais- de Michel Gurfinkiel, qui fustige non seulement nos médias, mais toute la classe politique et l’étatisme dont nous souffrons – mais avec une anosognosie déplorable. Je n’ai pas l’habitude de citer les auteurs américains, mais cette fois j’ai choisi de traduire un extrait, dont vous retrouverez ici en anglais la version complète originale.

« En fait, le fond du problème est que presque tout le monde en France est convaincu qu’Obama est bon et Romney mauvais. Selon un sondage GlobeScan/PIPA effectué dans 21 pays et publié en octobre, 22,72% des français soutiennent Obama pour (l’élection du) 6 novembre, la plus grande proportion parmi l’ensemble (international) des supporters d’Obama. La sympathie pour Obama s’enracine dans les couches les plus profondes du psychisme collectif français, à droite et à gauche. Il est supposé représenter une Amérique insipide, moins dominatrice, moins affirmée ; et la France, comme beaucoup d’anciennes grandes puissances – de la Russie à la Chine, du royaume d’Espagne à la Umma islamique, est mue par un large ressentiment à l’encontre de la domination anglo-saxonne, et en particulier de la grande puissance de l’Amérique. (…) Et là, on touche un autre point. Les français sont probablement la nation occidentale dont on peut laver le cerveau le plus aisément. Non que la France soit précisément un État policier ou un régime à parti unique. C’est simplement un État étatique, où la plupart des médias (y compris ceux qui sont supposés privés ou privatisés) sont  sous la surveillance soit directe, soit indirecte, de la nomenklatura étatique (ou « noblesse d’État », comme l’appelait le philosophe d’extrême-gauche Pierre Bourdieu), c’est-à-dire de la classe dirigeante de la nation : un Léviathan à visages de Janus avec à la fois une face gaulliste conservatrice et une face gaulliste de gauche. La plupart des journalistes apprennent qu’afin de survivre et réussir dans un tel environnement, ils doivent se conformer  aux codes non écrits, culturel et politique : correction politique, bien sûr, au moins jusqu’à un certain point ; loyauté corporatiste ; et, surtout,  acquiescement bien sage à la domination de la noblesse d’État, à ses préoccupations du jour, à sa géopolitique. Lorsque, de plus, on n’a que des universités et des instituts de recherche publics, régis par des coteries, et presque pas de fondations indépendantes, on est proche d’un  système de contrôle omniprésent de type orwellien. (…) Les leçons de l’Ancien Régime n’ont pas été oubliées par les législateurs autoritaires qui ont dominé la France par la suite, de Napoléon, le dictateur militaire, à la dynastie gaulliste élue des « monarques républicains ». Ils ont compris qu’un brin de « chanson », de liberté apparente, rendrait leurs lois acceptables. La vraie liberté, c’est l’habeas corpus, la propriété et  les droits proclamés (Bill of Rights. Intéressant : nous n’avons pas le terme équivalent en français ! ndt). La liberté à la française respecte essentiellement les normes des romanciers du XVIIIe siècle, du Marquis de Sade aux Liaisons Dangereuses : liberté de ne pas aller à l’église le dimanche et liberté  de tromper sa femme ou son mari. Élargissez la « liberté à la française » – l’Église n’ayant plus d’importance, le sexe étant seul en jeu – et personne ne vous ennuiera avec la véritable liberté. »

Oublions un moment l’anti-américanisme – qui peut parfois se justifier – et réfléchissons sur ce que nous dit Gurfinkiel. Bien sûr, la fin du passage est caricaturale : ce n’est ni Sade ni Laclos qui ont inspiré les législateurs de la République, mais des philosophes élevés dans le giron de la société post-féodale, relevant d’une frange supérieure du Tiers-État exerçant depuis Louis XIV des fonctions régaliennes et entièrement marqués par le centralisme étatique. Mais pour le reste… Gurfinkiel décrit très exactement ce caporalisme étatique dont nous souffrons, cette absence non de liberté, mais d’autonomie, camouflée sous l’apparente licence des moeurs. Il ne fait que reprendre, sans doute à son insu, les critiques que Tocqueville en son temps adressait à notre configuration politique. Comme j’ai sensiblement la même position critique à l’encontre de nos institutions, je ne puis qu’approuver.

Et en matière de médias, il décrit assez exactement la situation : une caste médiatique asservie à la caste politique, servant de relais à une idéologie totalitaire sous des dehors libertins. Nous avons vu, dans un article précédent de Raymond, combien cette agence de propagande que sont « les médias » était en symbiose avec l’État qui la nourrit largement.

Notre système politique est tellement orweillien que même un observateur regardant de Sirius en serait étonné, désappointé, choqué. C’est ce qui arrive à Gurfinkiel, même s’il a beaucoup d’arrières-pensées et ne nous porte pas dans son coeur.

Sacha

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