Délires académiques

Hollande Cuirassé (small)Le barbiquet élyséen est en campagne, tout le monde le sait. Ce matin, il était à Saclay (haut lieu de la physique nucléaire sous de Gaulle), à l’université de Paris-Sud pour la rentrée universitaire… qui a déjà deux semaines, mais quand on aime, on ne compte pas, n’est-il pas ? Et là, dans une belle envolée lyrique, il a clamé son désir : que 60% d’une classe d’âge accède à l’enseignement supérieur en 2015. C’est grand, c’est beau, c’est généreux… et complètement idiot !

Idiot, parce que ce n’est qu’une posture idéologique voulant que tout le monde soit également « doué » pour le seul logos (je ne veux pas dire la « parole », mais la logique et ce qui va avec). Ce qui est fort loin d’être démontré. Idiot également, parce qu’il s’appuie sur un « rapport » monté par deux crânes d’œufs probablement gauchistes, Sophie Béjean et Bertrand Monthubert, et par eux remis le 8 septembre au squatter de l’Élysée. Selon eux, il faut porter d’ici à 2025 la proportion de diplômés de l’enseignement supérieur de 42% actuellement à 60%. On se demande sur quels critères (économiques ? Intellectuels ? Ou plus sûrement idéologiques) ces « experts » en sont arrivés à ces conclusions ? Un gouvernement sage ne saurait prêter foi aux délires des « experts », mais l’administration Hollande et la sagesse, voilà qui fait deux.

Débagoulant devant universitaires et étudiants, Hollande a précisé que la moitié d’entre eux (d’une classe d’âge) devaient parvenir au niveau de la licence et 25% au niveau du Master. On se demande par quelle entourloupette arithmétique il en arrive à ces pourcentages. Voici : prenons une population de 1000 scolarisés en secondaire ; si 80% arrivent au bac (souhait mitterrandien), cela fait 800 bacheliers ; si 60% de la population initiale arrivent à entrer en fac, cela fait 600 étudiants. Si la moitié de la population initiale arrive en licence, cela fait 500  licenciés (si tous réussissent !), et si 25% arrivent au master, cela fait 250 mastérisés. Bien. Mais en 2015, on comptait un million de candidats au bac,  avec un nombre de réussite de 878000 (87,8%), ce qui ferait au bout du compte 312500 mastérisés (sur une population initiale [promotion] scolarisée en secondaire de 1250000). C’est facile de cuisiner les chiffres. Il est moins facile d’y plier la réalité !

Parfait : combien cela fera-t-il de master réellement utiles à la société, et combien de chômeurs au bout du compte ? Désolé, mais un master en linguistique du Fulfulde ne pèse tout de même pas du même poids qu’un master en physique nucléaire ou en biologie moléculaire. On voit bien le délire hollandien : alors que Belkassine couine parce qu’il y a d’horribles « décrochages scolaires », on voit mal 312500 masteurisés par an ! Bien entendu, il nous faudrait des élites (nous n’en avons plus depuis des lustres), mais pour les obtenir il faut en payer le prix.

Or les rodomontades hollandiennes ne sont que démagogie. On a obtenu 80% d’une classe d’âge au bac au prix d’un abaissement considérable du niveau. Un brevet d’aujourd’hui n’est pas au niveau d’un certificat d’études de 1930, un bac est à-peine supérieur au niveau d’un brevet des années 50 (sauf en S), et (c’est un ancien universitaire qui vous parle !) les licences sont largement « secondarisées ». Alors un master hollandien ne vaudrait pas tripette. Et, considérant la « réforme » de l’École par Belkassine, on mesure le taux de démagogie qu’il faut au squatter de l’Élysée pour tenir de tels propos !

«La France a besoin d’universités fortes, d’un système d’enseignement supérieur brillant», éructe Hollande. Tout le monde en convient et nul n’y contredit. Surtout lorsque la première université française citée à l’Academic Ranking of World Universities n’est qu’à la 36eme place du classement. Mais quand les universités sont des repaires de gauchistes occupés davantage à des luttes de pouvoir que préoccupés de didactique et de recherche, on voit que nous sommes loin du compte. Et la démagogie coule à flots : «Il faut améliorer les liens entre lycée et université et réformer l’orientation tout en évitant la sélection». Ben pardi ! Tout le monde est capable, on vous dit ! Et comme ce n’est pas vrai, on va faire que ça le soit, il suffit d’abaisser les meilleurs au niveau des médiocres. Plus de sélection : slogan soixante-huitard. C’est écrit dans le Petit Livre Rouge de Belkassine, même !

Pauvre France !

Sacha

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