Pensées de fin d’hiver

Démovore Small« Ah ! La vieillesse est un naufrage ! » écrivait De Gaulle en pensant à Pétain. Sans doute : à partir d’un moment, tout bascule, tout fout le camp. Évoquant le retour des beaux jours, Chateaubriand constatait que « la fontaine printanière a renouvelé ses eaux sans vous rendre votre jouvence, et la vue de tout ce qui renaît, de tout ce qui est heureux, vous réduit à la douloureuse mémoire de vos plaisirs. » La semaine dernière, cinq vols de migrateurs, oies sauvages ou grues, cherchaient à se poser pour la nuit. La nature n’a cure des stupidités humaines.

On aurait tort de croire que le retour du printemps changera quelque chose au sort de nos peuples. Pour nous, les vieux nés dans une Europe dévastée par la guerre, les belles années se situaient vers nos vingt ans. Oh ! Tout n’était pas rose, loin de là, mais nous n’étions pas réduits à vivoter comme aujourd’hui. On trouvait facilement du travail, on empruntait peu, on savait se satisfaire de plaisirs simples comme dans ces bals populaires chantés par Sardou. Nous n’aimions pas le flic plus que maintenant, mais il s’appelait encore « gardien de la paix ».

Les imbéciles ont beau jeu de prétendre que nous radotons. Ils oublient une chose : nous sommes encore capables de faire la différence entre ce que fut la société de notre temps et le chaos d’aujourd’hui. Nous assistons, les uns terrifiés, les autres enragés, à un prodigieux effondrement. Nous ne savions pas, dans notre jeunesse, que le ver était déjà dans le fruit. Et pourtant, les maux dont nous souffrons ont une origine lointaine. La défaite de 1940 nous avait placés sous la suzeraineté américaine : plan Marshall, Otan, tout cela servi par la menace bien réelle du communisme. Et déjà la CEE, une CED heureusement refusée, un Marché Commun dont les dispositions préparaient la ruine de notre industrie et de notre agriculture. Les années Giscard et les années Mitterrand, puis celles des autres imbéciles se succédant à l’Élysée, ont précipité le mouvement, en même temps que nous subissions une incroyable inversion des valeurs : la Patrie devenue ringarde puis le patriotisme devenu délictueux, la sage contention des désirs écrasée par un hédonisme débridé.

En moins de cinquante ans, nous avons tout perdu : le privilège de battre monnaie, l’indépendance, la souveraineté. Nous ne sommes plus qu’une province de l’Europe asservie au Mickeyland. Plus de morale, plus de vertu, plus d’élites. Le règne décadent de la basse médiocrité politique, médiatique. L’étranger faisant la loi chez nous, l’envahisseur barbare est protégé par ceux-là même qui devraient nous aider et nous appeler à le combattre. Que l’on songe que dans cette décadence, chose inouïe, les princes qui gouvernent livrent leurs peuples en pâture à l’ennemi ! Au moins pouvait-on jadis croire que les « collabos » avaient derrière la tête l’idée de sauver les meubles : nos tyrans ne peuvent même pas être crédités de cette arrière-pensée, ils nous sabordent sciemment en vertu de leurs intérêts et de leurs idées démentes.

La rage ne peut que s’emparer du vieil homme contemplant ce chaos ! Et constatant que le chaos est l’état de tout le continent jusqu’aux frontières de l’ancien empire Germanique. La merveilleuse Suisse, modèle de démocratie, ne vient-elle pas ce jour de repousser une initiative visant à expulser les étrangers récidivistes jugés dangereux ? Peut-on ensuite avoir de la compassion chaque fois que, n’importe où sur le continent, un autochtone est agressé, pillé, violenté par un barbare, puisque finalement, le principe de toute souveraineté réside essentiellement en la Nation ? Qui refuse de se protéger n’est pas admis à se plaindre : « nemo auditur propriam turpitudinem allegans ». Ah ! Comme cette détestable idéologie des « droits-de-l’homme », fille bâtarde du christianisme, a détruit l’édifice et fait un mal immense !

C’est ainsi : hédonisme trivial, écœurant, détestation de soi, admiration craintive et obséquieuse à l’égard du barbare. C’est sans doute comme cela que meurent les civilisations. Ce spectacle infâme donne la nausée. Je ne puis m’empêcher de penser que tous ces peuples avachis, décadents, méritent ce qui va leur arriver : des siècles d’esclavage et de soumission.

Cependant, il ne serait pas digne de suivre le conseil d’Onfray, d’attendre la fin en dégustant un verre de bon vin, dans une délectation morose. Non ! Il faut que des traîtres paient, même dans leur lamentable victoire. Il faut que s’organisent des réduits où se retrouveront et se défendront ceux qui croient encore à l’avenir de la Partie, préparant les siècles de Reconquête. Et cela arrivera, car nos peuples connaîtront inévitablement des dissidences rejetant cette maudite charia qui nous est promise par l’Europe, l’islam et les yankees. C’est dans l’ordre humain. En attendant, nous les anciens, espérons mourir dignement en ayant abattu quelques traîtres et envahisseurs. Ce qui ne nous empêchera pas de boire le bon vin des dernières vignes en attendant notre point final. Après, sept siècles passeront avant que nos lointains petits-fils ne libèrent leurs royaumes de Grenade.

Sacha

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