Le travail d’un véritable inconscient

RVB de baseVous souvenez-vous d’Hortense, dite Philae, familièrement « Phiphi » pour le Roi ? Cette brave chienne surgit, haletante, dans l’arrière-cabinet du Docteur Alonzo Tromondada, alors que La Conscience, le Psy et moi, goûtions les délices du nectar divin, une Romanée-Conti du meilleur cru. « De grâce, Docteur ! implora la canidette, Soliveau a une nouvelle crise ! » Sans s’émouvoir, Alonzo appuya sur un bouton. « Ne vous inquiétez pas, rassura-t-il Hortense, on va me l’amener ! » « Demeurez ici, poursuivit-il à notre adresse, et allumez la surveillance vidéo ! » « Je sens qu’on va bien rigoler ! » dit La Conscience. Nous vîmes donc Tromondada s’installer dans son cabinet, et vérifier le fonctionnement d’un « cattle-stick », ou matraque électrique : « On ne sait jamais ! commenta-t-il, des fois qu’il serait violent ! ». Finalement, la porte s’ouvrit et un appariteur musclé en blouse blanche introduisit un Soliveau nu comme un ver qui hurlait : « J’aurais pas dû ! Je suis nu ! » sur tous les tons. Le psy fit un signe à l’infirmier qui injecta vivement un calmant quelconque dans la royale fesse dodue. Quelques minutes après, il sangla l’ex-monarque sur le divan, tandis que s’éteignait la litanie : « J’aurais pas… dûûû ! Je suis nuûûû… Je suis nuuuullll ». Par décence, l’infirmier jeta un plaid sur l’académie dénudée du roi.

     « Sire, commença Alonzo, vous n’êtes plus nu au giron. Qui, ou quoi-donc vous a contraint à déambuler en costume primitif dans les couloirs du palais ? » « -J’aurais pas dû… » répondit le roi d’un ton plaintif. « Ah ! Est-ce le nom de votre tourmenteur ? Quelque Jaurrès-Padu ? » s’enquit le psy. « Nan ! J’au-rais-pas-dû. » épela le patient d’un air impatient.  « Et que n’eussiez-vous dû pas faire ? » « Arggggllll ! » gargouilla Soliveau. Le roi demeura un moment obstinément silencieux, en se grattant furieusement le poignet gauche. « Retour à l’automutilation, nota le psy, syndrome de la Corrèze ». Le silence se prolongeant, le Docteur lança le logiciel de détection des mots phobogènes sur son ordinateur : « Nous allons jouer au jeu des mots cachés, Sire, si cela vous agrée ». « Oui, oui ! Mais pas des mots méchants, hein ! ». « Soit. Commençons… Quelqu’un chargé d’une mission est un…. ? » « … fonctionnaire ! Heu non… soumissionnaire ! » « -Hum, c’est presque ça, l’encouragea Tromondada. Un type envoyé évangéliser les sauvages était un… ? »  « Permissionnaire ! De vingt-quatre heures ! » conclut joyeusement le monarque. « Bien, un père missionnaire… Il accomplissait donc une… ? » « Émission, comme à la télé ! Ah, on m’y a vu souvent, hein, j’étais bon, hein ? » Le psy hocha gravement la tête. « Bon ! Des femmes de petite vertu portent souvent des bas à… ? » « Résille ! » répondit le roi d’un ton salace. « Parfait ! Quand on ne veut plus d’un contrat, on le… ? » « Résille aussi ! »  « Excellent ! l’encouragea Tromondada, maintenant, si l’on vous dit ‘mission’ et ‘résilier’, qu’est-ce que ça vous évoque ? » La royale face grimaça douloureusement : « Une démission ! » « -Nous y voilà ! » commenta Alonzo en aparté, à notre intention.

« Mais, Sire, vous n’avez pas démissionné ! » « Ah ! Jamais ! » hurla Soliveau, « plutôt crever ! » « Bien, alors, continuons… Une cassure de l’écorce terrestre est une… ? » « … ??? »  « Bon, en Californie, on trouve la … de San Andrea » « Heu… La croix ? » « Complètement ignorant en matière de géologie », nota le psy. « Hum… Dans vos raisonnements, vos adversaires se plaisent à trouver des… ? » « Des failles ! Ah ! Les sagouins ! »  « Nous progressons, se réjouit le psy ; maintenant, nous avons quatre mots : mission, résilier, démission, faille. Que devient la faille ? » La Conscience me fit un clin-d ’œil : nous comprenions le piège ; nom, verbe, nom, nom ça ne collait pas. Le roi était prisonnier de la logique du système, contraint. Il mit un moment avant de déduire : « Mission, résilier, démission, faillir ! » lança-t-il d’un ton plaintif. Et soudain, dans un gros soupir : « J’ai failli à ma Mission ! ». J’admirai l’adresse du Docteur Tromondada, lequel notait sur son bloc : « Raccrochage au délire messianique. AUCUN progrès. » « Mais, Sire, n’avez-vous pas promulgué des lois destinées à transformer les Français ? » « Si fait ! J’ai marié les messieurs-dames, j’ai découpé-collé des régions, j’ai levé plein de pots d’impôts, j’ai traîné les opposants malpensants en justice, j’ai même combattu l’ennemi… » Alonzo en profita pour lui faire nommer l’ennemi : « Ah oui ? Voyons… Une petite bande de terre entre deux mers, qui relie deux grandes terres, c’est un… ? » Devant l’air parfaitement ignare de Soliveau, le psy reprit : « Ouais, c’est un peu difficile… La doctrine préférée de vos amis gauchistes, c’est le… ? » « - Le stalinisme ! » « Oui ! Alors, la bande de terre qui relie les deux Amériques par Panama, c’est un… ? » «Gargarisme de Panama ! » « On peut dire comme ça…  mais c’est un isthme, pas un gargarisme. Et un couteau, ça a un manche et une… ? » « Ben une lame, pardi ! » « Parfait, dit Tromondada, maintenant répondez sans réfléchir : vous avez isthme et lame. Ça vous dit ? » « Islam ! » « Excellent ! Vous avez enfin nommé l’ennemi ! » le félicita le psy. « Oh mais, padamalgam ! Je combats Dèche, pas l’islam ! Oh ! J’l’ai dit ! J’l’ai dit ! » hoqueta le roi.

« Revenons à nos moutons (de l’aïd), éluda Alonzo. En quoi auriez-vous failli à votre mission ? » « Bouououh ! pleurnicha le roi, j’ai dit que je ne me représenterai pâââs ! » « Ben… C’était peut-être plus sage, non ? » Soliveau s’agita, menaçant : « Ah oui ? Et pourquoi, je vous prie, Môssieur de ma merdre ? » « Oh, ce qu’on dit de vous dans les sondages… Ce qu’en disent vos propres amis, vous n’avez pas la côte d’amour, alors… » « Oh mais ! ragea le roi, je suis entouré d’infâmes traîtres ! Mais c’est des menteries ! La populace m’aime, vous m’entendez ! M’aime ! Si on ne m’avait pas honteusement trahi, j’aurais été réélu par acclamations !  Et j’aurais pu poursuivre ma Mission Sacrée ! » « Bon, qui vous a trahi ? » Soliveau demeura fermé. « Bien… continuons le jeu des mots cachés, voulez-vous ? » « Qu’il en soit ainsi !  J’aime les devinettes. » « Parfait ! Le bas du cours d’une rivière, c’est l’aval, et le haut c’est … ? » « L’amont… Hamon, c’est Laval, hurla le roi, il n’a rien de benoît, çui-là ! » « Quand vous faites des cadeaux électoraux, c’est nous qui… ? » « Payons ! glapit-il, il ne paie rien pour attendre, ce sagouin ! » Tromondada enchaîna illico : « Ma caisse claire, c’est mon… ? » « Une kèsklère, kekcékça ? » « Oh ! Plus petit que ma grosse caisse, plus gros que mon tambourin, c’est mon… ? » « Mon tambour ! Ah ! L’infâme traître ! Mais le coup de son copain Bejach qui préfère les petites filles aux Julies, ça va lui faire mal. Bien fait ! » Nous tenions trois noms. Sans désemparer, Alonzo questionna : «Une danse à trois temps est une… ? » « Une polka ? Un tango ? Un menuisier ? » « Un menuisier ? » « Ben voui, ‘voulez-vous danser marquise, voulez-vous danser le menuisier’ » chantonna-t-il. « Ah ! Le menuet ! Bon, mais Strauss… » « Hihi ! » ricana Soliveau en entonnant « Dominique nique, nique… » « Je vous parle des Strauss père et fils, les Johann. À Vienne, en Autriche, ils faisaient danser la… ? » Le roi manqua de s’étouffer : « Gâââârrrrgllll ! La valse de Soisson ! Il me le paiera, ce salaud ! »

J’avoue n’avoir aucun souvenir de la valse de Soisson, en tous cas, le royal Cas étudié par le Docteur Tromondada était entré en transes en évoquant le cas de Valls. Manifestement, un bouchon devait de sauter : « Le phobogène majeur, nota le psy, s’appelle Valls ». « C’est ce reptile batracien de Valls qui est cause que je resterai sur la touche en avril ! Du moins il le croit et y en a beaucoup qui le croivent ! » « Tiens, tiens,  murmura Alonzo à notre intention, et si c’était une fausse sortie ? Puis, au roi : vous ne vous retirerez pas vraiment, n’est-ce pas ? » Mais, obsédé par son ennemi, Soliveau poursuivit : « Il m’a fait du chantage. Si tu oses te présenter, qu’il m’a dit, je raconte TOUT ! » Sans doute Tromondada aurait-il échoué à faire avouer ce « tout » au monarque, mais cinq ans passés à l’Élysée nous ont suffisamment instruits des turpitudes royales, de ses compromissions, de ses complots, de ses trahisons. Néanmoins, le psy questionna : « Tout ? » « TOUT ! Par exemple que quand Julie n’est pas là j’enfile des bas à résille. Ou bien quand elle est là, elle me fait mettre à quatre pattes et monte sur mon dos en chantant ‘à dada sur mon bidet’… » La Conscience n’en pouvait plus de se tordre de rire, et moi itou ; mais nous savions que cet aveu grotesque était bien loin du grand Tout ! Néanmoins, nous étions perplexes quant à cette histoire de fausse sortie, le Docteur également. « Le mot vulgaire pour un souteneur, c’est un … ? » « Maquereau ! » « -Parfait. Pour parler dans un meeting, vous utilisez un… ? » « Micro, pardi ! » « Très bien ! l’encouragea Alonzo,  connaissez-vous bien le système métrique ? » « Ben oui, quoi, je suis le Roi, tout de même ! » « Évidemment… Alors, un millionième de mètre, c’est un… ? » « Hum… Ah oui : un micron ! ». « Bon, alors répondez dans réfléchir : un maquereau et un micron, ça donne… ? »

À notre grande stupéfaction, le roi prit un air rusé : « Hin, hin ! Un Macron ! » « Ah, demanda Tromondada, c’est votre cinquième traître ? » « Nan ! C’est mon Terminator ! » « Mythe du Golem ? » nota le psy sur son carnet. Mais il devenait évident que Macron était la fausse sortie du monarque déchu. « C’est donc un personnage principal ? » le questionna Alonzo. « Oh mais oui, en tous cas pas un personnage primaire ! » ricana Soliveau. « Ah ! Les autres sont des personnages primaires ? » « - Évidemment ! Leur primaire ? Ah ! AH ! Ça va être boyautant ! Un bide mémorable ! C’est normal, ils n’ont pas reçu la Mission ! » « Les primaires… un bide… un bide… ça vous évoque quoi ? » lui demanda le psy. « Bide ? Bidon, ventre, quoi ! » « Je vois… à quoi l’opposez-vous ? » « -Ben au dos ! » « Agiriez-vous dans leur dos ? » « Et comment ! Ma vieille Ségolène et moi, on leur a fait un enfant dans le dos et ils l’ont dans le… » « Oui, oui, le coupa notre ami, et si je comprends bien, Macron est cet enfant ? » Le roi prit un air méchamment triomphant ; nous comprenions que ses défenses avaient lâché. « Facile, hein ? Il est jeune. Il suffit de le gonfler aux médias, ce sera un Ali Juppé bis. Son parrain est le Bielderberg tout entier. Il n’a pas plus de programme que les autres, mais une fois dans la panade, ils seront bien obligés de s’y rallier. » « Et alors ? » Soliveau claironna : « Je lui transmettrai un peu de ma Mission divine… Mais c’est encore Moi qui tirerai les ficelles ! Avec l’aide de Ségolène, bien sûr ! » « Alors, dit doctement Alonzo, vous voyez bien que vous n’avez pas failli à votre mission ! » « C’est vrai ! » jubila le roi, ragaillardi.

Alonzo sonna l’infirmier : « Rispéridone, douze unités ! » commanda-t-il. Puis il vint nous rejoindre. « Ça ne va pas mieux ! », dis-je. « En effet ! La paraphrénie le conduit à violenter son propre parti. Tant mieux, d’une certaine façon. » Gouailleur, La Conscience ajouta : « Il n’y a que lui pour inventer un plan aussi corneculesque ! » « L’ennui, dit le psy, est que les Français sont si inconséquents que l’on risquerait de trouver Macron au second tour… Un second tour entre Bielderberg et Bielderberg si l’autre est Fillon ! »  O Bonne Mère ! Enfin, pas sûr qu’avec une telle hérédité le petit Macron aille bien loin.

Alfred

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