On piétine ! Les commentateurs de tous bords -y compris chez nous autres patriotes- sont atteints de logorrhée prophétique. Bayrou perdra-t-il le vote sur la motion de confiance, Foutriquet sera-t-il contraint à partir si l’initiative de destitution lancée par Méluche par extraordinaire, aboutissait, le poudré va-t-il s’emparer de l’article 16 (que presque personne n’a lu !), va-t-il nous lancer dans une guerre imbécile contre la Russie, la guerre otano-Russe va-t-elle se terminer, que va faire Trump et ainsi de suite.
C’est non seulement fatigant, cela m’horripile, car ce sont de vains débagoulages par ceux qui soit ne comprennent rien à rien, soit prennent leurs désirs pour la réalité. Personne ne songe à poser des questions fondamentales :
(1) Quelle conjoncture historique nous a-t-elle amenés à cette gabegie politique, économique, ethnique, éthique ?
(2) Quelles seraient les bonnes solutions pour y remédier ?
(3) Au cas où nous parviendrions à sortir de ce marais putride, que ferions-nous ensuite ?
Je n’entends que des amusettes à court terme, des « si »destinés à mettre Paris en bouteille. Rien de plus. Aucun recul historique, aucune réflexion sur le long terme, aucun projet clairement formulé pour la France, à l’exception notoire mais ignorée, de l’UPR.
Je vais déplaire. Peu importe. Il me semble utile de revenir à cette remarque de Marx (mais oui !) selon laquelle le taux de profit des entreprises capitalistes, du fait de la généralisation des progrès techniques dans la production exacerbe la concurrence, tend à baisser, ce qui conduit ipso facto à la concentration du capital et génère des groupements monopolistiques (ou consortiums) qui, en pesant politiquement notamment par la pression sur les salaires, parviennent un temps à limiter cette baisse. Cela s’est rapidement révélé insuffisant, et le capitalisme a dû trouver des sources d’approvisionnement à bas prix par occupation et exploitation de ressources coloniales. Ce phénomène, a pris toute son ampleur dans la seconde moitié du XIXe siècle, lorsque débute cette phase que Lénine (eh oui, encore !) a baptisée « Impérialisme ».
Ces mesures ne suffisant pas, les consortiums se sont internationalisés. Par exemple, dès avant la première guerre mondiale, il s’est formé entre les grands banquiers et industriels de France et d’Allemagne des consortiums du charbon, de l’acier, de la chimie… Lesquels ont non seulement bien survécu à la guerre, mais encore ont prospéré dans les années trente avec l’adjonction de capitaux Américains (essentiellement en Allemagne). Ces consortiums avaient leurs agents politiques de chaque côté du Rhin. : le personnel politique de la République de Weimar, puis du IIIe Reich, d’un côté du Rhin, de la IIIe République (Front Populaire inclus) de l’autre. Ils ont bel et bien résisté à la seconde guerre mondiale. Par exemple, Rheinmetal, a prospéré dans l’industrie de guerre sous Hitler et continue aujourd’hui avec la guerre otano-Russe. Certes, la colossale IG-Farben a éclaté, mais il reste ses morceaux fondateurs tels BASF ou Bayer. La belligérance va de pair avec un certain « commerce ».
Leur idée -bien représentées en France par les « synarques » d’avant-guerre et aujourd’hui par ces agents de l’oligarchie globaliste que l’on nomme « état-profond » se résume ainsi : il faut en finir avec la « petitesse » des politiques économiques nationales, afin d’établir un marché international « libre » et « concurrentiel » (concurrentiel ?? il y a de quoi rire !) basé sur une monnaie unique. Tiens ! Cela ne vous rappelle rien ? N’est-ce pas ce que l’on a vu avec l’embryon de l’Europe politique avec la CECA dans les années 1950 et que l’on voit aujourd’hui avec le monopole des politiques économiques de la Commission de Bruxelles ? L’UE est le produit fini de l’impérialisme. Voulue par les consortiums monopolistes, profilée par le IIIe Reich, peaufinée par la CIA Américaine, incluse dans le pacte Atlantique sous l’emprise de la monnaie Américaine, elle est à la source de la plupart de nos maux auxquels s’ajoutent des aberrations institutionnelles purement françaises. Qui donc s’étonnerait ensuite, sachant cela, de la délirante politique des prix de l’énergie consécutive à l’indexation du prix de notre électricité d’origine nucléaire sous chantage germano-européen ?
L’on dira que j’exagère, et de vrai j’ai outrageusement simplifié une problématique très complexe, et l’on m’accusera de marxisme ou de communisme. Point ! Les marxistes ont su analyser l’impérialisme ; évidemment la solution socialiste qu’ils ont mise en œuvre n’était pas la bonne, l’Histoire l’a montré avec la chute de l’URSS, mais je pense que leur analyse demeure correcte. Ce n’est pas parce que Staline pensait que la Terre est ronde que la Terre est cubique !
Je vais encore déplaire, en recommandant la lecture attentive de trois ouvrages d’une historienne marxiste, détestée des historiographes de Sciences-Po (ce qui est plutôt un honneur !), mais ayant patiemment compulsé les archives, Annie Lacroix-Riz :
(1) Le Choix de la Défaite , éditions Dunod, collection Poche,
(2) Les origines du Plan Marshall, éditions Armand Colin,
(3) Aux origines du carcan européen, éditions Delga.
Ces trois ouvrages, très riches références aux archives, se complètent et, à mon avis, donnent une explication cohérente aux phénomènes désastreux auxquels nous devons faire face.
Je retiens de tout cela que l’on a grand tort de couiner contre la dévastation économique sans prendre la peine d’en expliquer le processus et sans comprendre que ce n’est pas la politique qui fait l’économie, mais que c’est l’économie qui fait la politique.
Raymond.
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