Je vous entretiendrai de l’après socialisme et du nécessaire dépérissement du système étatique actuel, hérité de l’Histoire mais désormais complètement inadapté à la nouvelle donne mondiale. Tocqueville avait pleinement raison, lorsqu’il écrivait dans De la Démocratie en Amérique : « (…) je pense que la centralisation administrative n’est propre qu’à énerver les peuples qui s’y soumettent, parce qu’elle tend sans cesse à diminuer parmi eux l’esprit de cité. »
Tocqueville, dans le même essai, soulignait un état d’esprit qui me semble parfaitement correspondre à la situation actuelle – pardonnez-moi la longueur de la citation - : « Les plus grands changements surviennent dans son pays sans son [du citoyen] concours ; il ne sait même pas précisément ce qui s’est passé ; il s’en doute ; il a entendu raconter l’évènement par hasard. Bien plus, la fortune de son village, la police de sa rue (…) ne le touchent point ; il pense que toutes ces choses ne le regardent en aucune façon, et qu’elles appartiennent à un étranger puissant qu’on appelle le gouvernement. (…) Ce désintéressement de soi-même va si loin que si sa propre sûreté ou celle de ses enfants est enfin compromise, au lieu de s’occuper d’éloigner le danger, il croise les bras pour attendre que la nation tout entière vienne à son aide. Cet homme, du reste, bien qu’il ait fait un sacrifice si complet de son libre arbitre, n’aime pas plus qu’un autre l’obéissance. (…) Quand les nations sont arrivées à ce point, il faut qu’elles modifient leurs lois et leurs mœurs, ou qu’elles périssent, car la source des vertus publiques y est comme tarie : on y trouve encore des sujets, mais on n’y voit plus de citoyens. »
J’ai souvent fait remonter cet état d’esprit à Philippe IV – Le Bel, l’assassin et faux-monnayeur – mais c’est à compter de la Révolution, singulièrement de la Terreur, puis de l’Empire que tout a commencé à s’ériger en système totalitaire d’assistance/gouvernance. Et sans aucun doute, le phénomène s’est amplifié à la Libération, sous l’influence d’un marxisme latent et triomphant. Cela a fonctionné – plutôt mal – par le passé, en période de croissance : l’extorsion fiscale permettait, tout en demeurant dans des limites tolérables, de financer l’assistance. Aujourd’hui, ce n’est plus possible, dans un contexte de récession durable et d’endettement considérable de l’État. Or pourquoi l’État est-il endetté ? Précisément parce qu’il se mêle de ce qui, normalement, relève strictement de la responsabilité des citoyens. Mais le chose est tellement admise dans les esprits, puisque les sujets y sont plongés dès l’enfance, que nul – ou presque – ne songe à la remettre en question. Penser en termes de libéralisme et d’autonomie du citoyen, donc de responsabilité, est universellement réprouvé par les maîtres du système et leurs obligés. Il convient pourtant d’examiner sereinement la question, sachant que l’État est le problème et non la solution.
Un rappel me semble ici nécessaire. Il y a « état » et « État ». Sans sa majuscule, l’état est simplement la configuration historique prise par une société. Cet état-là est soumis à jugement de valeur : il plaît ou ne plaît pas. C’est tout simplement la valeur d’équité qui s’exerce ici, indépendamment des idéaux. De ce point de vue, l’état actuel ne satisfait guère, puisque sondage après sondage, on décèle une morosité grandissante. Il est très vraisemblable que cette morosité tient à une conjoncture que l’on appelle, sans plus d’analyse, « la crise » et à la constatation plus ou moins consciente du fait que l’autre État, cette fois avec la majuscule, n’est pas digne de la délégation qu’imprudemment les citoyens lui ont faite de leur pouvoir sous la forme d’un chèque en blanc. Il n’est sans doute pas de société sans quelque forme de l’État, les meilleures – telle la société Suisse – se contentant du moins d’État possible. Le pouvoir reçu en délégation par l’État concerne ce que j’appelle ses rôles régaliens. Une collectivité doit se défendre contre l’agression extérieure – c’est la Défense – et contre les agressions intérieures – c’est la Police. Encore la seconde, mis à part la protection contre la subversion, peut-elle être remplacée par des polices locales, dans une société fédérale. Je mettais la Justice au rang des rôles régaliens de l’Etat, mais là encore cela ne vaut que dans le cas d’un pays centralisé. La Diplomatie, dans la mesure où elle est le moyen dont dispose un Peuple de négocier avec les autres Peuples, relève bien de l’État.
J’y rajouterai deux autres rôles. La recherche scientifique – j’entends ce que l’on appelle la recherche fondamentale, non la recherche appliquée qui concerne les industriels – nécessite de trop gros investissements pour ne pas relever de l’État. Et l’éducation, non pas universelle, mais celle des enfants moins nantis. Il y a toutefois un danger, que nous connaissons : laissée à la seule discrétion de l’État, sans contrôle des citoyens, l’éducation se transforme rapidement en endoctrinement – voyez les programmes d’Histoire en usage dans les collèges. De fait, elle pourrait bien être prise en charge par les collectivités dûment contrôlées démocratiquement par les citoyens. Tout le reste, je dis bien tout le reste, relève strictement de la responsabilité des citoyens organisés pour la vie de la Cité.
Or nous sommes bien loin de tout cela, puisque l’État est devenu une excroissance totalitaire, totalement hors du contrôle des citoyens – de ce point de vue, le « suffrage universel » organisé précisément pour pérenniser cet état de faits n’est pas un contrôle – privant, sous couvert de « protection sociale », les citoyens de leur autonomie et donc de leur responsabilité. Surtout : l’État ne joue plus ses rôles régaliens. Notre Défense est assurée par des lambeaux d’armée, aux effectifs comparables à ceux de l’Armée de Vichy sous l’Occupation, la Police est pratiquement interdite dans les zones conquises par le Barbare et ne peut jouer son rôle de protection du citoyen ; notre Diplomatie n’est faite que de vassalité. Notre Éducation ne produit ni élites ni même des travailleurs instruits pour faire face à la « technologie » moderne. Ne parlons pas de la justice, laxiste envers l’envahisseur et injuste envers le citoyen, longue, compliquée. Mais plus précisément, le système totalitaire de « protection » étatique a dégénéré, comme cela était prévisible, en une véritable tyrannie.
Pour l’illustrer, je prendrai trois exemples : le « socialisme municipal », la Sécurité Sociale et l’Ecole. Précisons : l’inspiration des mesures dont je vais parler est d’ordre socialo-communiste, mais depuis des lustres les gouvernements se sont succédés sans jamais renoncer aux erreurs. Les socialistes actuels ne font qu’y ajouter l’atrocité de leur génie.
Le « socialisme municipal ». L’idée saugrenue d’obliger les municipalités – toutes, pas seulement les plus riches – à fabriquer du béton HLM date, si mes souvenirs sont exacts, de la primature de Jospin. Beaucoup de municipalités des communes pauvres ne pouvaient déférer à l’oukase. De plus, les HLM avaient été édifiées, dans les années 70, pour loger des familles françaises attirées par les mirages du salariat industriel. Mais l’arrivée d’allochtones de mœurs totalement différentes des nôtres a changé la situation : bruit, déprédations, trafics, insécurité ont conduit les anciens habitants prolétaires des HLM à déménager vers des villages plus calmes. Rien de plus légitime que ce désir, et c’est un bel usage de l’autonomie qui restait aux citoyens. La dame Duflot, ministre malgré le petit 2% de voix accordé par quelques sujet égarés aux écologistes, ne l’entend pas de cette oreille. Elle veut obliger les communes, même les plus pauvres, à appliquer cette règle. La conséquence la plus évidente, dans le cas de communes comme celle où je demeure, est que les collectivités locales vont devoir s’endetter pour édifier du béton ou rénover à prix d’or. D’où une augmentation des impôts locaux. Les citoyens des villes et villages perdent ainsi un pan de plus de leur autonomie : le pouvoir centralisé ne leur demande pas leur avis. Or il est normal que la collectivité locale soit maîtresse de son budget et de ses investissements. En édictant une « loi » et en menaçant de taxer lourdement les communes récalcitrantes, la dame Duflot contribue à accroître la tyrannie de l’État. Il y a aussi, très probablement, derrière cette oukase une arrière-pensée : « vous ne voulez pas de la mixité sociale avec les étrangers, on vous forcera ! » Laissons les conclusions à Tocqueville : « les institutions communales sont à la liberté ce que les écoles primaires sont à la science » ; et : « ôtez la force et l’indépendance de la commune, vous n’y trouverez que des administrés et point de citoyens. » Il est vital de chasser l’État des Communes et d’en retourner la gestion aux citoyens. Pour ma part, j’entends bien briguer le suffrage de mes concitoyens aux prochaines Municipales, sur cette idée.
La sécurité sociale. Le déficit est récurrent, chaque année creusé davantage. L’idée de départ se trouve dans la Constitution de 1946, qui a donné un régime parlementaire cataclysmique : « Elle garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité les moyens convenables d’existence. » Beau discours « droit-de-l’hommiste » inspiré de la morale judéo-chrétienne assaisonnée d’une pincée de marxisme. Car tout dépend de ce que l’on appelle « incapacité de travailler ». En tous cas, cette constitution n’a pas fait l’objet d’un référendum, elle est le produit de parlementaires irresponsables. Qu’à cela ne tienne : l’article 111-11 du Code de la Sécurité Sociale stipule : « l’organisation de la Sécurité Sociale est fondé sur le principe de solidarité nationale. » Fort bien, mais quelques lignes plus bas : « elle assume, pour toute autre personne et pour les membres de sa famille résidant sur le territoire français la couverture des charges de maladie, de maternité et de paternité ainsi que les charges de famille. » Bref, citoyens, nous voilà sommés de payer y compris pour les immigrants clandestins, en situation illégale, et pour nombre de paresseux réfractaires au travail. Les dérives que cette disposition occasionne sont suffisamment connues pour que je ne m’y étende pas davantage. D’emblée, ce régime de prélèvement-redistribution est vicié, car il porte intrinsèquement les germes de sa propre ruine : il y a davantage de dépenses que de cotisations, et l’on est prié de combler le déficit chronique par l’argent public : voilà qui est bien dans l’esprit kleptomane de l’État.
Or j’apprends par une petite vidéo parue chez Enquêtes et Débats que quelque 5000 personnes, excipant d’une loi européenne auraient quitté la Sécurité Sociale. Il semblerait que cette loi (pour une fois, l’Europe servirait à quelque chose !) mette de facto fin au monopole de la Sécurité Sociale. S’assurer à l’étranger, auprès d’organismes privés, outre que le taux de remboursement y est nettement plus attractif (54% en France, 65% en Italie, 71% en Suède, 90% en Grande Bretagne), c’est obtenir un prix annuel des cotisations est infiniment plus bas – une personne interviewée fait état d’une économie de 7000 euros par an, une autre de presque 2/3). Voilà qui est normal : à l’encontre du système de redistribution, l’épargne forcée d’assurance est appelée à fructifier et participer à l’économie générale. On m’objectera qu’il y a des risques. Peut-être conjoncturellement, mais en comparaison de la prédation étatique qui conduit inexorablement à l’assèchement des ressources, un système responsable est infiniment supérieur. Naturellement, l’organisme étatique se défend bec et ongles et traîne les récalcitrants devant les tribunaux. Où est la « liberté chérie » dont nos politiciens ont plein la bouche ? L’objectif est bien, là encore, de se débarrasser de la prédation d’État et de sa gestion catastrophique. Ah ! Objectera-t-on, et les misérables ? Ma réponse tient en ceci : tout assisté est en position d’être une non-personne, car la Personne est compo sui, responsable d’elle-même et doit œuvrer pour autrui dans un processus de délégation réciproque. J’en excepte, naturellement, les cas d’extrême vieillesse ou de maladie grave. Autrement, tout assisté, hors de ces cas, est asservi et n’est pas citoyen. Il ne faut pas « assister », mais donner les moyens au déclassé de revenir dans la Cité : « à celui qui a faim, je donne un poisson, mais surtout je lui apprends à pêcher.»
L’Ecole. Je ne referai pas ici le procès de l’Ecole, son échec est patent, les causes en sont connues. Tout ce que peut dire l’État à ce sujet n’est que propagande. Je veux simplement comparer deux régimes, celui de l’Allemagne et celui de la France, tel qu’il est établi selon le rapport l’OCDE de 2009. Ces deux pays sont dans la moyenne au PISA (Program for International Student Assessement, PISA), respectivement 20e et 22e places. Considérons le tableau suivant :
| Allemagne | France | |
| Budget annuel (en milliards d’euros) | 70,3 | 71,5 |
| Nombre d’enseignants | 7 587 20 | 7 085 51 |
| Nombre d’élèves (en millions) | 11,7 | 10,1 |
| Nombre d’élèves par enseignant | 15,4 | 14,3 |
| Salaire moyen des enseignants (en euros) | 47 214 | 31 021 |
| Coût moyen annuel d’un élève (en euros) | 6000 | 7000 |
| Coût annuel des enseignants par élève (euros) | 3050 | 2177 |
| Coût annuel des administratifs par élève (euros) | 2932 | 4907 |
| Nombre d’établissements | 28 181 | 49 160 |
| Nombre moyen élèves/établissements | 417 | 205 |
| Résultats au PISA 2009 | 20e rang | 22e rang |
Sources : Libertariens TV et OCDE.
Nous dépensons davantage (premier budget du pays) que l’Allemagne, il y a moins d’élèves en moyenne par enseignant, nous avons 74% d’établissements en plus – ce qui a priori ne serait pas un mal si l’enseignement y était efficace – mais, cherchez l’erreur, 67% de bureaucrates de plus que l’Allemagne. Une énorme partie du budget est donc obérée par la bureaucratie, maladie très française.
En somme, à l’École comme ailleurs, la « technostructure » bureaucratique représente bien le poids de l’État au détriment des investissements et actions constructives. Si à cela on ajoute la démagogie consistant à céder -toujours selon Tocqueville- à « ce goût dépravé pour l’égalité qui porte les faibles à vouloir attirer les forts à leur niveau, et qui réduit les hommes à préférer l’égalité dans la servitude à l’inégalité dans la liberté », on voit que l’École, pas plus que la Sécurité Sociale, ne peut pas se tirer de la situation où la place l’étatisme.
Je ne développerai pas plus avant aujourd’hui. J’espère que ces trois exemples permettront au lecteur de juger de la nuisance d’un État qu’une idéologie primaire et surannée a dévoyé de ses rôles régaliens – qu’il n’est plus capable d’exercer – pour se consacrer, sous couvert d’assistance et de « droits de l’homme », à un assujettissement des citoyens, placés en servitude. L’Etat non seulement ne sert plus à rien, mais il opprime : l’après-socialisme, ce sera lorsque nous aurons le courage de penser autrement et de nous en débarrasser. Je vous parlerai prochainement des moyens qui, à mon avis, seraient les meilleurs pour cette entreprise. Mais disons-le tout de suite : ce n’est pas en votant pour les quatre grands partis de la caste politique que nous y parviendrons, car tous sont étatiques, sans rémission.
Sacha.
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Chez Books on Demand (BoD)

Excellente approche anthropologique de l'immense différence entre les femmes Russes et les horreurs quérulentes à cheveux bleus de chez nous.

Livre truculent, dont il faut retirer " la substantifique mœlle". Lorsque tout fout le camp, que faire ?
À lire pour rire et réfléchir !
Très instructif. À méditer !
D'où viennent-ils ? Qu'ont-ils vu ? Quel est le combat ?
Pensée et testostérone !



Insigne des Masques Jaunes :
adoptez-le, portez-le !






Bon ! À vos portefeuilles !





ASSEZ DE BARBARIE !!!

et toutes les formes de fascisme dont le socialisme.
Notre "antikons" a le droit d'aînesse :)
Que de tels mouvements naissent chez nous et dans toute l'Europe !