Bizounours criminels

Nul doute que le livre d’Obertone, La France Orange Mécanique, succès en librairie à tel point que la très socialiste FNAC l’a retiré de ses étals de « best-sellers », met profondément en rage les professionnels de l’amalgame ethnique et les « bizounours », c’est-à-dire les oligophrènes – de gauche, bien entendu. Car c’est bien un réquisitoire sans faille contre cette idéologie qui cache l’insécurité, la délinquance, sous des prétextes hautement « moraux », et qui intoxique jusqu’à la droite politique.

A vrai dire, pour moi comme pour mes camarades de ChezRaoul, ce livre n’a rien apporté de nouveau ; tout ce qui y est dit, nous le savions déjà. Au moins a-t-il l’avantage de regrouper en compendium des faits épars, essentiellement les délits et crimes que l’on cherche à camoufler, surtout à excuser, le laxisme de la justice – excepté celui de la XVIIe chambre, qui persécute les patriotes – et l’incapacité des gouvernements successifs, l’actuel étant certainement l’acmé du processus décadent. Mais pour ceux qui ne « savent » pas, pour les intoxiqués de propagande bizounours instillé dans les cerveaux depuis l’école et via les médias, la lecture de cet ouvrage ne saurait trop être recommandée : c’est un contre-poison.

Aussi, si la hargne des bizounours ne saurait étonner, puisqu’elle est dans l’ordre des choses, nous ne comprenons pas les attaques du site « Enquêtes et Débats » contre Laurent Obertone. Lorsque la réalité est démasquée, l’important est qu’elle le soit, et peut importe que celui qui la révèle soit hors des clous du politiquement correct. Du reste, la réalité ne peut, de nos jours, qu’être politiquement incorrecte, et peu nous chaut si l’incorrect pourrait être un « Pélicastre » quelconque. Jean Robin, vous faites un mauvais procès à Obertone. C’est regrettable.

En tant qu’anthropologue, cependant, j’aurais quelques critiques à faire à ce livre, non point sur les faits, qui sont incontestables, mais sur les ressorts qu’Obertone prête au fonctionnement humain en matière d’ethnique, c’est-à-dire de capacité à faire de la société, comme en matière d’éthique, c’est-à-dire la capacité à réguler son désir.

Ethniquement, d’abord. Obertone part de conceptions naturalistes et raisonne en termes  darwiniens d’espèce. Il nous dit, par exemple, que « ne pas frapper les femmes, ce n’est pas une décision consciente, l’aboutissement d’une réflexion philosophique ou religieuse. C’est une inhibition biologique commune à de nombreuses espèces, que nous nommons « morale ». Pourquoi ne pas les frapper ? Tout simplement parce que ce sont les femelles qui choisissent les mâles (sélection sexuelle) dans l’intérêt évolutif de l’espèce toute entière » (page 89). Ou encore : « Comme l’a montré le biologiste Dawkin, ce sont nos gènes égoïstes qui commandent, et qui nous manipulent selon leur intérêt. Nous ne sommes que leurs véhicules » (page 91). C’est carrément ignorer que notre rapport au monde n’est jamais le même que celui des animaux, que la sexualité de culture n’est pas la sexualité de nature, que l’alliance prend le pas sur l’accouplement. Certes nous participons à la fois de la nature et de la culture, mais notre rapport à l’autre n’est pas le rapport animal au congénère. Ou pour le dire simplement : l’accouplement est dans nos gènes, c’est la relation d’espèce, l’alliance dans nos conventions. Et l’alliance, c’est précisément la négation de l’accouplement de nature, là est toute la problématique de l’inceste (totalement inconnue des animaux), étudiée par Lévi-Strauss. Lequel Lévi-Stauss est curieusement, d’ailleurs, cité par l’auteur page 161 : « l’interdiction du viol au sein du groupe, comme l’inceste, est biologique (Westermarck). Ce sont les mâles qui font la roue et c’est la femelle qui les sélectionne, d’où sa « valeur » culturelle d’échange instituant le mariage (Lévi-Strauss). » Tout de même ! L’anthropologue français insistait bien (voir Structures Élémentaires de la Parenté), au contraire, sur le fait que l’inceste est précisément la négation culturelle de la sexualité biologique.

Il est, dans ce contexte, vain d’invoquer les travaux de Konrad Lorenz sur la théorie de l’agression (page 95). En fin de compte, nous aurons beau faire, notre rapport médiatisé au monde fait que nous ne sommes pas des rats de Skinner. Le biologisme et son épigone, le darwinisme social, ne peuvent pas, en aucun cas, expliquer le fonctionnement humain, et surtout pas les aberrations morbides de celui-ci. Cela conduit malheureusement Laurent Obertone à accepter sans examen la notion de QI. Je n’entends pas nier que les humains diffèrent, parce que précisément l’altérité, produite par la structure, nous singularise, et aussi parce que d’évidence nous n’avons pas tous développé les mêmes capacités au sein des mêmes facultés humaines. Et ce qui vaut pour les sujets vaut aussi pour les … vous voyez quoi, j’espère. Mais le QI, lorsqu’on examine à partir de quoi il est calculé, ne mesure en aucun cas une intelligence qui, du reste, ne se réduit pas à la seule capacité logique. Les tests de QI sont un méli-mélo qui, en fin de compte, ne donnent qu’une indication sur l’éducation reçue, pas sur « l’intelligence ».

Ce socio-darwinisme naïf est bien ennuyeux, parce qu’il interdit à l’auteur d’analyser le pouvoir en termes anthropologiques, et ne le lui fait aborder qu’en termes d’espèce, par le fait des gènes dominants. Or ce pouvoir que confisquent les bizounours est en fait à appréhender en termes de délégation, laquelle délégation peut être dévoyée : on signe un chèque en blanc, et le malhonnête en fait ce qu’il veut, c’est-à-dire confisque et viole les contrats sociaux. C’est ce que font, en règle générale, tous ceux qui se veulent messies, sauveurs, instituteurs du genre humain. Les ennemis de l’humanité, en somme.

En revanche, il est amusant de filer la métaphore animale pour conserver de l’humour dans l’exposé d’une calamité, ce que ne manque pas de faire Laurent Obertone lorsqu’il décrit les sous-groupes criminels en termes de « rhinocéros » spoliateurs des « hippopotames ».

Sur la question de l’éthique, même biologisme, et un « axio-darwinisme » qui ne sont pas de mise. Mais reconnaissons quand-même que l’approche est tempérée par des remarques que l’anthropologie ne saurait désavouer : « Le plaisir est éphémère et le désir durable » (page 226). L’ennui est que le désir est vu par l’auteur comme une pulsion et non comme un vide structural, un manque : « La télévision fait miroiter des désirs que notre société fabrique à l’infini.. » Certes, la publicité relayée par la télévision s’adresse au désir, mais elle ne le fait pas naître, elle ne fait que lui désigner des objets. Ce qui fait que  dire que « la satiété n’existe plus : le seuil du désir augmente, le seuil de satisfaction baisse » ne vaut pas : le désir est un, il n’a pas de seuil, quant à la satisfaction, elle n’est que la balance entre le « prix » consenti et le « bien » éprouvé, et en tous cas elle n’efface pas le désir. Bien plutôt il eût fallu parler de la demande, ce comportement infantile qui vise à une satisfaction immédiate sans frustration, c’est-à-dire sans régulation. De plus, prétendre que « les hommes sont davantage menés par le désir que par le plaisir » est ambigu : c’est vrai si l’on s’en tient au plan axiologique, c’est faux si l’on prend en compte l’ensemble des quatre capacités humaines. Maintenant, il est juste de dire que le désir ait quelque chose à voir avec la délinquance, dans la mesure où un désir non transféré ou non régulé (ce qui est le cas de la psychopathie) génère des passages à l’acte prédateur, souvent violents. Et c’est vrai aussi que « avoir envie, ça devient exiger sans agir. Les gens [les délinquants, mais il n’y a pas qu’eux !] font des caprices. Ils condamnent ceux qui agissent ou qi veulent agir. Les bons élèves sont persécutés par les envieux » (page 229). Signalons aussi que chaque rationalité pouvant « reprendre » les autres, le pouvoir peut aussi faire l’objet du désir, et le taux de testostérone n’y est pour rien !

Au fond, ces remarques ne sont là que pour montrer que l’auteur aurait pu donner une assise scientifique solide à des observations, relations et hypothèses qui ne manquent ni de pertinence ni d’intelligence. Il faudra bien que quelque jour on puisse démonter le mécanisme de confiscation du pouvoir par le biais à la fois de l’idéologie, patiemment et systématiquement instillée, et de la répression de toute contestation politique. Obertone décrit de manière très précise -et, je trouve, juste et intelligente – l’idéologie des bizounours et la psychopathie des voyous qu’ils excusent et protègent parce qu’ils font désordre et qu’à tout prendre, leur désordre peut bien devenir l’ordre nouveau des bizounours.

Peut importe : Obertone a fait un très bon travail, qui récapitule presque tous les aspects de «l’ensauvagement d’une nation ». A lire !

Les bizounours sont des criminels.

Sacha

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