« Alfred ! me supplie Soliveau, rien ne va plus ! Que dois-je faire ? » Visiblement, le monarque n’est pas dans son assiette au beurre. Il faut dire que dès que l’avion royal s’est posé à Brive, on nous a embarqués discrètement dans des voitures banalisées, franchissant les clôtures de l’aérodrome par une issue dérobée, afin d’éviter de fâcheuses rencontres avec des citoyens en colère. On a beau dire : même en Corrèze, la soliveaumania a ses limites. Soliveau II a la pétoche, ça se voit. Après avoir échangé un coup d’œil avec La Conscience, planqué dans un porte-documents, je répondis : « La situation est pénible, Sire. Dangereuse, même. » « Dangereuse ? Je ne la crois qu’embarrassante. Explique-toi, alcidé de mes deux ! »
Habituellement, on n’évoque pas les absents, mais pour le coup : « Sphénicidé, sauf votre respect, Sire ! Il est vrai que cette affaire Crapuzac, conjointement avec celle de votre trésorier Caïman, vous met dans l’embarras. Mais c’est pire que ça ! » Le roi eut un haut-le-corps : « Pire ! Comment oses-tu ? » « Simple constatation et déduction logique, Votre Majesté. Vous prétendiez régner avec la morale, et voilà que les affaires s’emmêlent et s’en mêlent ! » « Et quelle affaires, en dehors de Crapuzac ? Ce traître a trahi ma confiance ! » s’indigna le Roi. « Sire ! Vous pouviez ignorer les tenants et aboutissants de cette histoire, ce qui ferait de vous un piètre potentat, ou alors… » « Ou alors quoi ? Parle, maraud ! » Un clin-d’œil de La Conscience me fit négliger l’affront : « Ou alors, vous avez sciemment ignoré les sagouineries de Crapuzac. Á votre décharge, et à la sienne, il est légitime de savoir planquer ses sous à la mode de chez nous, quand l’État extorque. L’ennui… » Soliveau se redressa sur son siège : « L’ennui ???… » « L’ennui, repris-je suavement, est que c’est vous-même qui avez prôné une politique fiscale confiscatoire ! »
Mécontent, le roi : « Eh quoi ! Il faut bien que les riches paient pour les pauvres ! » «Certes, répondis-je, mais qui sont vos pauvres ? Pas mieux que ceux qu’ici même, en Corrèze, on appelle des « jappes-caillade », oisifs, fainéants, immigrants clandestins attirés par « le social », bref : des personnages vivant en parasites aux crochets de la société. » Tandis que je pérorais, Soliveau tirait discrètement son doudou de la poche de sa veste. Je poursuivis : « Si vous taxez le capital, qui peut fournir les moyens de production, vous tuez le travail, qui, lui produit avec ces moyens. Personne n’y gagne ! Au contraire, vous le voyez : un flot de chômeurs, que malgré les impôts, on ne peut plus payer. » « Et alors ? glapit le roi, ces salauds de riches peuvent bien payer davantage, non ? » « Et vous aurez ainsi davantage de pauvres : moins de capital, moins de moyens de production, donc davantage de chômage et moins d’allocations à distribuer ! » « Quel beau raisonneur ! grommela le roi, Mais quel rapport avec Crapuzac ??? » « Eh bien ! Même si la raison en est idiote, quand on demande à un riche de raquer, on demande aux autres riches de raquer ! Crapuzac est passé au travers, et les méchants disent qu’il y en a d’autres dans votre entourage…Caïman, par exemple. »
Soliveau prit l’air perplexe. « Sans compter, enfonçai-je le clou, qu’il y a bien d’autres affaires : fédération socialiste des Bouches-du-Rhône… » « ASSEZ ! hurla le roi, Assez ! ». Je me tus, pendant que Soliveau se grattait le poignet gauche en chantonnant « Ah ! Les pt’it femmes, les p’tit femme de Bitty.. ». Puis un moment après : « Et quel est ton conseil ? » « Sire, dis-je solennellement, vous êtes ici dans votre terre de Corrèze, où vous étiez heureux : demeurez céans, et remettez votre mandat au Peuple ! Qu’il vous laisse en paix et élise un nouveau président ! » «Un.. nou..veau..pré..si..dent ! » balbutia le roi. Puis il tomba en catalepsie, étreignant son doudou. La Conscience se matérialisa illico sur le siège : « Bien joué, Alfred ! Précise quand-même : pourquoi la situation est-elle dangereuse ? »
« Facile, répondis-je, il n’y a pas d’alternative. Les tigres à dents de sabre guettent au coin du bois, et tu les connais ! » « Certes ! dit La Conscience, le fasciste Méchant-Con qui rêve de passer en République Démocratique Populaire. C’est une espèce de Staline mâtiné de Pol-Pot… » « Oui, dis-je, et puis à droite des gens qui ne valent pas mieux que lui, pour qui seul vaut l’État et ne compte pas le citoyen ! » «Ouais, commenta La Conscience, on est mal barrés. Évidemment, il ne voudra pas dissoudre l’Assemblée ! » « Jamais de la vie ! dis-je, si bête qu’il soit, il sait bien qu’il serait archi-minoritaire. Et puis des fois que ça soit une macédoine genre UMPS, socio-fâchos et fâchos-sociaux. Impossible de gouverner ! » « Exact ! acquiesça La Conscience, et remanier son gouvernement…T’imagines ? « « Parle-pas de malheur ! coupai-je, tu vois l’alcoolique islamophile, M’âme Trent’sint’ts’heures, l’Aubry, au gouvernement ? » « Calamité ! se lamenta La Conscience, et la Bertrande de Paris, et le Rebsamen de Dijon, voire la Dinde du Poitou ! Nom de Jarnac ! » « Eh oui, épiloguai-je, une fois de plus le choix entre la peste et le choléra. Ce con nous a foutus dans la mouise. Situation inextricable ! Et danger fasciste accru, à droite et à gauche ! »
Nous restâmes un moment désespérément pensif, tandis que la voiture gagnait un lieu secret, au fond de la Corrèze, par des chemins tortueux. Cependant, le Roi gisait toujours, agité de soubresauts violents, lacérant son doudou. « Tout de même, dis-je, on ne peut pas le laisser comme ça ! Rottweiler va en faire tout un plat ! » « Ouais, dit La Conscience, t’as un plan ? » « Tromondada ! », répondis-je sobrement. Heureusement, le vénérable Professeur psychiatre faisait partie de la caravane présidentielle.
Arrivés à destination, nous arrangeâmes le monarque sur un divan, tandis qu’Alonzo Tromondada nous questionnait sur les circonstances ayant entraîné un état cataleptique chez son illustre patient. « Je vois, dit le psy, il préfère nier la réalité que de lâcher la rampe ! C’est évident, Alfred : en lui suggérant d’abandonner sa présidence, vous avez rencontré son subconscient, qui rêve de repos dans les bruyères corréziennes. » « Enfin ! Ce qu’il en reste, des bruyères, dis-je, c’est tout planté en sapin ! » « Peut importe ! Lui voit des bruyères ! corrigea Tromondada. Vous m’avez, sans le vouloir, donné des mots-clés. Quand il reviendra à lui, je vais les lui soumettre. Restez-ici, mais planquez-vous, qu’il ne vous voie pas. »
Quelques minutes plus tard, Soliveau revint à lui (façon de parler) : « Ouf ! J’ai cru que mes poumons allaient éclater ! » « Mmmm ! fit Alonzo, mauvaise tirade : se trompe de film. » Puis, au Roi : « Heureux retour en ce monde, Sire ! Vous êtes en sécurité et en Corrèze, ici, et je suis votre psychiatre ! » « Je ne dé-mis-sion-nerai PAS ! » hurla Soliveau. « Personne ne vous le demande ! » « Si ! Alfred, ce gueux ! » « Votre imagination vous joue des tours, le rassura Tromondada, Alfred est tout chamboulé par ce qui vous arrive ! C’est même lui qui m’a prévenu de prendre soin de vous ! » « Brave Alfred ! » dit le monarque en tétant son doudou. « Cela dit, Sire, il faut que je détermine vos phobogènes… » « Phobo ne me gêne pas, contesta Soliveau, d’ailleurs qui c’est çui-là ? » Alonzo ignora la tirade : « On va jouer au jeu des mots vilains : je dis un mot et vous dites ce qui vous vient à l’esprit, d’accord ? » Le roi acquiesça.
J’entendais La Conscience murmurer sur un mode infra-acoustique : « Démission ! Démission ». Tromondada commença : « Montambour ? » « Rodomont ! » répondit le roi. « Terra Nova ? » « - Main occulte ! Danger ! » fit Soliveau, visiblement effrayé. « Bon, continuons, poursuivit le psy, fiscalité ? » « Miam ! » fit le roi d’un air gourmand. « Dégauchir ? » « Vous n’y pensez pas ! » glapit le monarque. Tromondada consulta ses notes : «La mère Delille ? » « Sale vieille garce poivrote ! maugréa le roi, elle veut ma peau ! » « Premier ministre ? » « Et puis quoi, encore ? s’insurgea Soliveau, cette vieille carne pour remplacer Zayrault ? Quéquêtte ! » « Écolos ? » « Emmerdeurs ! » éructa le roi. » « Méchant-Con ? » « Lâcheur ! Salaud ! » vociféra Soliveau. « Chômage ? » « S’en fout la mort ! » – « Croissance ? » Là, le roi commença un mantra : « La croissance croîtra, la croissance croîtra, j’adore les croissants chauds.. » « Ségolène ? » « Ah ! La sale tapineuse ! , injuria le roi, elle a les dents longues, c’te vieille peau ! Et une cervelle d’oiseau ! » « Dissolution ? » « Mauvaise solution ! J’y laisserais mes plumes ! » larmoya le monarque. « Rebsamen ? » « Dira : Amen ! » « Jarnac ? » Là, Soliveau prit une voix plaintive : « Eli Eli Lama Sabachthani ! »
« Complexe du Christ en croix, commenta Tromondada, en douce à notre adresse, probablement induit par « Rebsamen »… Amen… et « Jarnac », le Nom du Père qu’il s’est donné. Oh ! Le beau cas ! Père, pourquoi m’as-tu abandonné… Oui, oui, manifestement il est crucifié et doute. Continuons. » Puis : « Sarkozy ? » « Rhââââ ! Maudit ! Maudit ! Maudit ! » fit Soliveau qui ajouta in petto : « Heureusement, nous avons des juges pour l’exorciser ! » « La manif pour tous ? » « Cause toujours ! », ricana le roi. « Référendum ? » « Côté obscur du peuple ! Pas question ! Sauf çuy à Bronx Jouissance » « Chameau ? » « Ces salauds de nègres me l’ont bouffé ! » repondit Soliveau en pleurnichant. « Crapuzac ? » « Argggggh ! Grrrriiiii ! Pas gruiiiiik ! Pas glop ! » réagit le roi, en déchirant son doudou. « Nous y sommes presque, le tranquillisa Tromondada ; Démission ? » Illico, Soliveau entra dans une sorte de transe : « Je suis un phare ! vociférait-il en tournant sur lui-même, une fois tu la vois, une fois tu la vois pas ! Je suis un phare… »
« Zut ! gronda le psy, c’est reparti pour un tour ! » puis appelant l’infirmier : « Camisole blindée ! Douche ! Utilisez la lance d’incendie ! Ensuite, Halopéridol huit unités ! Vite ! » Une fois Soliveau parti, Tromondada commenta : « C’était bien ça : son subconscient veut démissionner, son sur-moi le lui interdit, ou ses hallucinations, d’où sa réaction. Dites-donc, La Conscience, qu’est-ce que vous marmonniez ? » « Moi ? Rien ! », répondit, angélique, le petit spectre. « Ouais ! fit Alonzo, en tous cas, c’est clair : il se sent en perdition, harcelé de toutes parts, mais ne démissionnera pas, même s’il ne sait pas quoi faire ! » Ben mon colon ! Préparons-nous à des jours tristes !
Alfred.
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Chez Books on Demand (BoD)

Excellente approche anthropologique de l'immense différence entre les femmes Russes et les horreurs quérulentes à cheveux bleus de chez nous.

Livre truculent, dont il faut retirer " la substantifique mœlle". Lorsque tout fout le camp, que faire ?
À lire pour rire et réfléchir !
Très instructif. À méditer !
D'où viennent-ils ? Qu'ont-ils vu ? Quel est le combat ?
Pensée et testostérone !



Insigne des Masques Jaunes :
adoptez-le, portez-le !






Bon ! À vos portefeuilles !





ASSEZ DE BARBARIE !!!

et toutes les formes de fascisme dont le socialisme.
Notre "antikons" a le droit d'aînesse :)
Que de tels mouvements naissent chez nous et dans toute l'Europe !