Je commencerai cette troisième leçon par cette constatation que le fascisme, sous quelque forme qu’il se présente (nazisme, communisme, keynésisme, « modèle français »), et en conséquence directe de son mépris pour l’autonomie des citoyens – passant pour débiles, rappelons-le, aux yeux des Illuminatti autoproclamés -, est conduit à pratiquer le primat du politique sur l’économique.
Cela ne va pas sans problèmes : protectionnisme, taxations et autres mesures auxquelles nous sommes habitués établissent un système d’autarcie appauvrissant, dont les États fascistes essaient de compenser les effets par trois manières – facilement combinables – que sont : l’expansionnisme (nazis, communistes), l’économie de guerre (nazis, économie de Roosevelt-Keynes) et, lorsqu’il n’est plus envisageable de le constituer hors des frontières, l’établissement d’un espace de prédation sur le territoire même de l’État.
Cet expédient est celui-là même que nous visons de nos jours, avec le laminage fiscal systématique de ce que, par commodité plus que par rigueur sociologique nous appelons les « classes moyennes ». L’autarcie est donc en premier lieu un système de spoliation : de l’étranger, du concurrent, de certaines classes du peuple, afin d’opérer une redistribution sans contrepartie.
Maintenant, ce primat du politique sur l’économique pose de manière insistante ce que le communisme appelle la maîtrise des grands moyens de production et d’échange. On connaît très bien la réponse du communisme : spoliation totale du capital et de la propriété privée, collectivisation, avec des résultats tout aussi bien connus. Notons que c’est aussi la tendance ordinaire du « modèle français » du socialisme : dès 1933, on nationalise les entreprises de transport aérien pour fabriquer Air-France, le Front Populaire nationalise l’armement, les chemins de fer, la construction aéronautique (avec les conséquences visibles en 1940), la Libération nationalise les houillères, Renault, la Banque de France, la production de gaz et d’électricité etc… Le socialisme mitterrandien nationalise les grandes entreprises industrielles : Thomson, Saint-Gobain, Rhône-Poulenc, Péchiney, Sacilor, et les banques : Paribas, Suez, CIC, Crédit du Nord etc… Il faudra ensuite l’intervention de la droite pour inverser le mouvement. Toutefois, il existe toujours cette tendance aux nationalisations rampantes, comme en témoigne la prise de participation de l’État socialiste dans de grandes entreprises comme PSA. Et Montebourg n’envisageait-il pas de nationaliser Arcelor ?
La spoliation directe par l’État accaparant le capital et les moyens de production est caractéristique de l’aspect communiste du fascisme. Elle s’accompagne d’une politique volontariste, incarnée dans les fameux « plans » quinquennaux en URSS, quadriennaux en France, qui montrent la volonté des nomenklaturas étatiques de ne laisser aucune initiative à la libre entreprise et au marché libre. On établit ainsi un secteur monopolistique d’État, peu compétitif en règle générale, et abritant une « aristocratie » du travail très protégée. Mais en même temps, certaines très grosses entreprises privées (comme Alsthom, par exemple), bénéficient systématiquement des commandes d’État (voir le TGV), voire de très gros subsides : les monopoles ne peuvent exister qu’avec l’aide et la complicité de l’État. Les chefs d’État se transforment alors volontiers en démarcheurs, lors de leurs visites à l’étranger.
Les nazis et Roosevelt-Keynes ne nationalisent pas, ne procèdent pas à des planifications (il y eut des « plans » chez les nazis, mais pas du même type que ceux de Staline et des Français) ; ils n’ont pas officiellement d’administration étatique de l’économie – du moins au départ, car à partir de 1942, chez les nazis, Speer devient ministre de la production industrielle. On chante même la libre-concurrence ; cependant ce ne sont pas des économies libérales : l’autonomie privée trouve rapidement sa limite dans un « intérêt général », un « bien-être collectif » strictement définis par le politique. L’État se réserve donc le privilège d’intervenir dans les marchés sous forme de mesures dirigistes. Dans le cadre de ses interventions, l’État entrave le bon fonctionnement du marché.
La politique du New Deal illustre bien cela (on pourrait en dire autant de l’Obama Care). Conséquences : en 1933 le budget américain enregistrait un déficit de 1,3 milliards de dollars, 3,5 milliards en 1936 (dollars de l’époque ! ce qui ferait 44,56 milliards $ d’aujourd’hui, la dette actuelle étant de 16 700 milliards $), avec une nouvelle récession en 1937 (en partie provoquée par les taxes pour sécurité sociale qui ont largement pénalisé l’activité économique). La porte de sortie, comme on le sait, fut la politique d’armement et la guerre. Je renvoie à toutes les études -et elles sont nombreuses ! – sur cette période de l’administration Roosevelt, qui s’est prolongée dans la Guerre Froide, avec la conquête d’autres espaces de prédation par abandon de la doctrine de Monroe. La résurgence du fascisme sous l’administration Obama a mis à nouveau les États-Unis en de mauvaises dispositions économiques et politiques.
Intéressons-nous à la manière dont ont procédé les nazis, car, on le verra, bien des aspects de leur politique économique se sont retrouvés naguère, ou se retrouvent aujourd’hui sous l’administration Hollande.
Les nazis, comme Roosevelt-Keynes et le modèle français, ont mis l’accent sur une dépense d’État mettant le marché sous la dépendance des visées politiques. Certes, il y avait le jeu ordinaire offre / demande, production / consommation, production de bien d’équipement. Mais l’industrie de guerre présentait, en 1934, 5 % du PIB de l’Allemagne, chiffre passant à 20% en 1939. Voilà, comme à la fin du New Deal, une conjoncture d’État qui opère une « relance » artificielle grâce aux armements.
Mais ce qui est intéressant, c’est de savoir comment on pouvait se procurer l’argent. Les États fascistes ont trois moyens : l’impôt, l’emprunt, l’inflation. Le premier expédient est archi-connu, nous le subissons en France : le domaine de prédation de l’État, sous forme de taxes et d’impôts, est constitué, comme je l’ai dit plus haut, par ces « classes moyennes » et une fraction croissante du prolétariat. L’emprunt, on en a lancé de multiples au cours des deux dernières décennies, mais il en existe un auquel on ne pense guère : l’épargne (livret A), au taux très peu rétribué et entièrement décidé par l’État. Quant à l’inflation, pour rester dans la zone euro, elle semble contenue officiellement, mais elle est réelle. On cherche toujours à en fabriquer.
Les nazis, plutôt que d’augmenter l’impôt, ont cherché à optimiser le rendement fiscal. Autrement dit : on cherche à éliminer toute possibilité de payer l’impôt. C’est (sauf que l’impôt augmente hors proportion) très exactement ce que nous retrouvons aujourd’hui, avec la question des « niches fiscales », dont pourtant certaines ont une raison – au moins d’équité – d’exister. Les nazis créent de la monnaie, ce sont les fameuses traites Mefo destinées à payer les livraisons d’armes, au point que se profile en 1936 un danger inflationniste. Alors on a fait en Allemagne comme en France sous la Terreur, on a interdit les hausses de prix, créant ainsi une inflation larvée mettant l’économie en danger. Quant à l’emprunt, il fallait le forcer ; d’où une intervention sur le marché des capitaux. On n’allait pas obliger les financiers à investir dans les emprunts d’État, mais on leur a interdit d’investir autrement, c’est-à-dire que l’on ne pouvait prêter à long terme qu’au Reich. Autrement dit : les entreprises ne pouvaient pas emprunter, et devaient investir sur les bénéfices nets d’exploitation. Singulière entrave, on le voit.
Le nazisme, comme le socialisme à la française, exerçait une pression constante sur les coûts salariaux, mais selon une méthode inverse : chez Hitler, on dénonçait les conventions collectives et on freinait l’augmentation des salaires, chez nous on fait payer l’augmentation des salaires par la collectivité et les employeurs par diverses méthodes : SMIC, 35 heures etc… en même temps que s’élèvent démesurément les charges salariales.
Enfin, les nazis pratiquaient, comme les trois gouvernements Mauroy sous Mitterrand, un féroce contrôle des changes, toute somme entrant en devises devant être remise à l’État. Ce contrôle a, bien évidemment, été aussi peu efficace que le blocage des prix, d’où une insuffisance des importations de matières premières.
De telles politiques ne peuvent qu’être appauvrissantes, lorsqu’elles ne mènent pas d’elles-mêmes à l’effondrement. En cela, on constate que, selon la phrase de Reagan que j’aime rappeler : « L’État n’est pas la solution, c’est lui le problème ».
La fascisation de l’économie française se lit dans les chiffres. Entre l’État, les collectivités locales et le secteur hospitalier, nous comptons 5,2 millions de fonctionnaires, 36% de plus en 30 ans, 22% de l’emploi total – dans l’OCDE, ce n’est que 15%… et c’est déjà trop ! – soit un bon million de plus qu’ailleurs. Si l’on ajoute à cela que l’argent public finance 1,6 millions d’emplois « aidés » dans le secteur associatif, on a une petite idée de la dépense d’État dans un secteur pratiquement improductif.
De fait, les États fascistes aiment les fonctionnaires, ils en font une caste leur permettant de contraindre l’économie et de contrôler la société civile. Tous ne pratiquent pas comme les communistes ou les nazis, mais, nous disait Tocqueville, il suffit de lois « douces » mais appliquées systématiquement et avec constance par une administration. Pire : « s’il se rencontre au milieu d’un peuple chez lequel tout se dirige naturellement vers le centre ; où chaque citoyen est hors d’état de résister individuellement ; où plusieurs ne sauraient légalement combiner leurs résistances ; où tous enfin ayant à peu-près les mêmes habitudes et les mêmes mœurs se plient sans peine à une règle commune, on ne découvre pas où pourraient se placer les limites de la tyrannie administrative, ni pourquoi, après avoir réglé les grands intérêts de l’État, elle ne parviendrait à régenter les affaires des familles. »
Nous y sommes. J’aborderai prochainement d’autres aspects du fascisme, y compris l’aspect idéologique contemporain, qui commence à faire l’objet d’un rejet par les citoyens.
Sacha.
Share
Chez Books on Demand (BoD)

Excellente approche anthropologique de l'immense différence entre les femmes Russes et les horreurs quérulentes à cheveux bleus de chez nous.

Livre truculent, dont il faut retirer " la substantifique mœlle". Lorsque tout fout le camp, que faire ?
À lire pour rire et réfléchir !
Très instructif. À méditer !
D'où viennent-ils ? Qu'ont-ils vu ? Quel est le combat ?
Pensée et testostérone !



Insigne des Masques Jaunes :
adoptez-le, portez-le !






Bon ! À vos portefeuilles !





ASSEZ DE BARBARIE !!!

et toutes les formes de fascisme dont le socialisme.
Notre "antikons" a le droit d'aînesse :)
Que de tels mouvements naissent chez nous et dans toute l'Europe !