Le piège

Oh maisValls, Bitaura et les aboyeurs de la pensée unique font tout un cirque à propos de grosses ignominies proférées par M’Bala M’Bala. Bon : il est vrai que le comique ordurier – comme le sont souvent aujourd’hui ceux qui se disent comiques – sous couvert d’anti-sionisme tient des propos anti-sémites. C’est clair.

Ce qui devrait être aussi clair, mais qui n’apparaît qu’à l’observateur attentif, derrière les déclarations tonitruantes de nos bonnes âmes, c’est la volonté de piéger toute autonomie d’expression. Il y a des tas de « lois » liberticides faites en ce sens, notamment depuis la loi « Gayssot » (1990), tant par la gauche que par la droite.  C’est que la Nomenklatura, détentrice, comme chacun le sait, de la Vérité et des Lumières, n’entend pas laisser le champ libre à la contestation venue d’un Peuple croupissant dans l’obscurantisme, comme diraient BHL ou Fourest.

Observons justement comment est tendu le piège. Le gros con s’en prend aux Juifs, sous prétexte de préférence Palestos. Or ceux qui couinent ont beau jeu, car il est vrai que la Shoah fut, pour ceux qui ont de la conscience morale, un crime impardonnable. Mais… On glisse rapidement sur le fait que le gros des troupes de la gauche « moralisatrice » – et malheureusement d’une grosse partie de la droite d’appareil – est anti-israélienne et pro-palestinienne. Jusqu’à plus ample informé, je ne crois pas que le Hamas, pas plus que le Hezbollah libanais, pas plus que les ayatollahs, soient pro-sémites. Je subodore que ce serait même le contraire. Les couineurs, au fond, sont en majorité des hypocrites.

Donc on prépare l’opinion, non seulement à l’interdiction des « spectacles » de M’Bala M’Bala, mais à toute expression de pensée divergente. On joue sur le dégoût légitime que ressentent des citoyens moraux devant les « quenelles » et propos révoltants d’un triste sire pour faire avaler non plus une couleuvre, mais un anaconda : la fin définitive de l’autonomie (la « liberté ») d’expression.

Ce qui montre bien que la Nomenklatura ici aussi protège son privilège de « Führer ». Car si on interdit à M’Bala M’Bala de débagouler ses ordures, on m’interdit aussi, à moi citoyen Lambda, de fustiger par exemple l’islam mortifère ou de considérer les homos comme des malades. « Merci, Dieudonné ! », pensent secrètement Valls, Bitaura et toute la meute fasciste de la fausse bien-pensance. En plus, l’affaire fait diversion : tant qu’on pense à ça, on ne pense ni à la croissance encalminée ni au chômage qui progresse, ni à la famille pulvérisée. Bonne affaire !

Je sais que ce n’est pas Voltaire qui a dit : « je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire ». Les liberticides ont même mis un soin particulier à dire que ce n’était pas de lui. Suspect, ça ! N’empêche : cette maxime est celle des vrais démocrates. Tant qu’elle ne trouble pas l’ordre public, toute idée, même la plus pourrie, le plus ignoble, doit être exprimable. C’est aux citoyens de la combattre en démontrant qu’elle est insane.

Ceci est d’autant plus à réfléchir que toute prohibition, tout anathème, toute persécution, en fin de compte valorise et suscite des adhésions clandestines. Sans aller si loin : il paraît que M’Bala M’Bala reçoit des tas de soutiens sur les « réseaux sociaux » et qu’il pourrait bien faire un tabac dans les prochaines semaines. Tout comme les prostiputes gagneront des clients à la suite de la loi ridicule inventée par la clique à Belkacem. Suffit de s’adapter et de basculer dans l’underground. « Merci, Valls et Bitaura ! » pense secrètement Dieudonné. En fin de compte, dans cette affaire putride, les deux camps y gagnent… et la démocratie perd. Rien d’étonnant, dans un pays où la République n’a que le nom.

Les gens ont beau critiquer les États-Unis, il y a dans le Premier Amendement de leur Constitution des dispositions garantissant la liberté d’expression : « Congress shall make no law respecting an establishment of religion, or prohibiting the free exercise thereof; or abridging the freedom of speech, or of the press; or the right of the people peaceably to assemble, and to petition the Government for a redress of grievances. ». Le Congrès ne fera pas de loi (…) restreignant la liberté d’expression ou la liberté de la presse.

Nos jacobins de salon sont bien loin de cet esprit. Nous ne sommes pas en démocratie.

Raymond.

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