Pacte avec le Diable

Centaure HollandeLaissons les paparazzi et le vulgus mediaticus se repaître des frasques du moderne Centaure, à tronc de président casqué et corps de mécanique pour adolescent, et intéressons-nous à cette perle de propagande : le « virage libéral » qu’aurait pris le scooter présidentiel.

Là, c’est carrément de l’enfumage. En quoi consiste le flamby-oyant « pacte de responsabilité ? Réponse : à mettre sur le dos des entreprises la responsabilité de la déconfiture économique et sociale. Du reste, si l’on en croit l’IFOP, les citoyens ne s’y trompent guère, qui à 74% ne font pas confiance à Captain Wreck pour mener à bien cette affaire ; le plus rigolo, qui permet de détecter la volonté de faire des entreprises des boucs-émissaires, c’est que selon le même sondage, 73% penseraient que les entreprises ne joueront pas le jeu ; parmi ceux-là, les gens du FN, décidément ignares en matière d’économie, et les affidés de Mélanchon (82%), ce qui ne surprend pas.

Mais les entreprises n’ont PAS à jouer le jeu et à suivre le MEDEF, décidément collabo comme au temps de la mère Parisot. Pourquoi ? Parce que la croissance est en berne ; si l’INSEE prévoit +0,2% au premier semestre de 2014 et +0,9% pour l’année, on est loin des 1,5% nécessaires à une reprise de la croissance. Ensuite parce que nous ne représentons plus que 13% des exportations (biens et services) de la zone euro. Le commerce extérieur est en déficit de 60 milliards. Notre industrie n’a plus que 20% de part dans le PIB tandis que notre agriculture, jadis florissante, ne représente plus que 18,1% de la production agricole européenne. Bref : nous sommes en pleine décadence. Et surtout, surtout : le choc fiscal de 2014 n’a pas encore fait ses ravages. Nous entrons dans une année abominable, alors que le revenu des ménages a déjà baissé de 0,9%, ce qui ne s’était pas vu depuis la seconde guerre mondiale. Enfin, il n’y a pas lieu même d’espérer que l’État cessera de jeter l’argent par les fenêtres et à distribuer ses habituelles prébendes que l’on appelle « le social », faisant supporter aux citoyens productifs la paresse, l’incompétence des autres, et l’immigration des indésirables.

Dans un tel contexte, celui de la spira miserabilis, l’idée d’un pacte chiffré entre le gouvernement de rencontre et les organisations professionnelles est pernicieuse. Et, en tous cas, montrant à nouveau la mainmise de l’État sur la gestion des entreprises, elle est à des années-lumière du libéralisme, et même, même, de la social-démocratie. L’emploi ne dépend pas de la volonté gouvernementale -les emplois fictifs, dits « aidés », étant un leurre comptable – ni de celle du collaborationniste MEDEF ; il dépend uniquement de l’appréciation des chefs d’entreprises (ils sont encore quelque 2,5 millions) au vu du bilan d’exploitation de leurs entreprises. Ils n’embauchent ou ne licencient pas pour plaire ou déplaire à une bande d’idéologues socialistes, mais parce qu’ils disposent ou non d’un marché que le coût du travail rend rentable.

Si on se contentait de lever la pression fiscale de 30 milliards, comme annoncé, ce serait un premier pas. Les entreprises pourraient alors, selon leur état général, soit investir, soit réduire leur dette, soit embaucher. Dans tous les cas, le bilan pourrait être positif. Mais si l’on fait comme Flamby, si l’on crée quatre comités Théodule pour n’accorder les allègements fiscaux qu’aux entreprises déclarées -dans leur novalangue, « citoyennes »-, c’est-à-dire qui embauchent préalablement à tout assainissement, on fait de la démagogie, on peut un bref instant ralentir la croissance du chômage, pour la faire repartir de plus belle, parce que de naïfs entrepreneurs auront déposé le bilan.

C’est facile à comprendre. Pour créer un million d’emplois, avec une baisse réelle de 20 milliards d’impôt, on dispose de 20 000 euros par salarié et par an ; or le coût moyen de revient annuel d’un salarié est de 30 000 euros. Pour le supporter, il faudrait une augmentation du chiffre d’affaires de 100 000 euros ; seulement pour compenser le surcoût. Chose qui est impensable dans l’état actuel de l’économie française : la conjoncture est morose, la consommation atone, et ce n’est pas le choc fiscal de 2014 qui va arranger les choses.

Bref : au mieux, passager clandestin d’une timide reprise mondiale, l’équipage de naufrageurs socialistes ne pourra-t-il que recueillir d’infimes miettes, qui ne pourront en aucun cas être mises à son actif, au pire le « pacte de responsabilité » risque d’aggraver la conjoncture.

Alors, que l’on ne nous fasse pas prendre un compromis assez comparable à la NEP de Lénine avec un virage du scooter élyséen vers le libéralisme. Une vraie révolution libérale enlèverait toute contrainte étatique sur les entreprises, dérèglementerait en masse, licencierait l’excédent de fonctionnaires, assurerait une transition aménagée du « social » prébendier vers une responsabilité individuelle. Nous en sommes à plusieurs parsecs, comme je le disais plus haut. Il n’y a que des imbéciles comme Clémentine Autain pour hurler au libéralisme hollandien !

Je ne croirai à l’avènement du libéralisme que lorsque le code du travail sera réduit à quarante pages et qu’aucun jacobin ou bonapartiste ne sera en état de gouverner.

Sacha.

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