Le dernier sondage IPSOS évaluant la cote de confiance dans les institutions à première vue ne surprend pas, mais il est plein de paradoxes.
Rien d’extraordinaire au fait que les partis soient les cancres, avec 92% de défiance ; ils donnent assez l’image du ridicule, de l’incapacité et de la corruption pour qu’il en aille autrement. Leurs complices, les médias, et leurs agents estampillés par le vote, les députés, ne valent guère mieux avec 77% de défiance. Mais pourquoi les députés -pris individuellement ? – sont-ils un peu moins dévalorisés que les partis dont ils sont issus ? Voilà un premier paradoxe. Serait-ce dû au fait qu’occasionnellement ils peuvent rendre quelques services privés à leurs électeurs ? Hypothèse hasardeuse, qui demande à être éprouvée. Un autre paradoxe est que l’agrégat des élus nationaux, l’Assemblée (72% de défiance) et le Sénat (73% de défiance), bien que constitués principalement d’agents des partis qui, au dire de la Constitution, « contribuent à l’expression du suffrage », sont moins dévalorisés que les partis qui les ont fait élire. Est-ce parce que 27 à 28% des sondés croient qu’il existe dans ces Chambres un pluralisme réel pouvant tempérer les excès d’une majorité ? C’est possible, si les gens -très minoritaires- ayant d’elles une opinion positive ignorent la parenté idéologique des partis politiques, tous jacobins. Il peut aussi y avoir une sorte de vénération stupide pour les « institutions » de la République, interdisant à certains de les critiquer.
Le même paradoxe naît de la différence entre la défiance extrême envers les partis une défiance moindre envers les conseils généraux (65% de défiance) et les conseils régionaux (63% de défiance), pourtant eux aussi majoritairement constitués d’affiliés aux partis. Serait-ce parce que ces élus seraient plus pragmatiques car mieux attachés aux pays ? Dans ce cas, se profile l’hypothèse suivante : plus on est près du pouvoir central (partis, Chambres…) moins l’on est perçu comme proche de la vie réelle et des problèmes des citoyens, moins l’on est considéré comme compétent. Le fait que les maires bénéficient de 63% de confiance irait dans ce sens : la démocratie municipale – ou son illusion – l’emporte largement sur tous les pouvoirs pyramidaux. Ce qui montre l’importance de la commune qui, comme l’expliquait Tocqueville, est à la démocratie ce que l’école primaire est aux sciences. Rien d’étonnant, alors, que les syndicats soient, malgré leurs tares, moins honnis (69% de défiance, tout de même !) que les partis, parce qu’ils sont encore supposés, dans la représentation collective, être proches des travailleurs. Il est des mythes qui persistent.
C’est peut-être le même phénomène qui explique la différence entre les grandes entreprises (62% de défiance) et les PME (84% de confiance) : les secondes constituent le tissu économique proche, le principal fournisseur d’emplois et de biens. La PME est dans la société civile, tandis que la grande entreprise, le monopole, en sont éloignés, proches du sommet de la pyramide du pouvoir. Le trust bénéficie des subsides d’État, ce qui lui permet de s’ériger et de se maintenir en monopole, voire de s’internationaliser et de délocaliser. Et, ridiculement, le président de la république est son commis-voyageur. D’où aussi la défiance envers les banques (65% de défiance) qui d’une part bénéficient de toute la sollicitude de l’État, comme l’a montré la crise de 2008, et d’autre part sont incapables, chez nous, de jouer correctement leur rôle dans la création d’entreprises.
On comprendra, alors, que l’Union Européenne, ce pouvoir étranger très éloigné du vécu quotidien des pays, et ne se manifestant que par des directives saugrenues le plus souvent, et contraires aux mœurs, pâtisse de 69% de défiance. On leur préfère des institutions correspondant aux fonctions régaliennes normales de l’État national : l’Armée (79% de confiance) et la Police (73% de confiance). Le paradoxe est, ici, que ces corps sont sous la dépendance directe du politique, celui qui est au sommet de la pyramide du pouvoir. Seraient-ils perçus comme des corps professionnels dévoués et de bonne volonté, mais maltraités par un pouvoir qui les emploie à mauvais escient ? Une étude complémentaire et plus spécifique serait nécessaire, ici, pour comprendre. Mais cela expliquerait que la troisième fonction régalienne, celle de la Justice, arrive en tête des médiocres, avec seulement 54% de défiance, malgré le laxisme, le syndicat de la magistrature, les ordres de la Chancellerie. En tous cas, je pense que l’on voit se dessiner confusément une idée des fonctions régaliennes de l’État, qui, très normalement, bénéficient de la confiance, malgré les dysfonctionnements occasionnés par des politiques versatiles.
En somme, je lis ces résultats comme l’indice de l’existence réelle d’un soubassement démocratique présent dans la conscience populaire, soutenant les institutions proches des gens et faisant confiance à celles qui sont censées les protéger réellement (Armée, Police, notamment). En même temps que s’exprime une défiance croissante pour tout ce qui s’éloigne des citoyens, dans une organisation pyramidale du pouvoir. Le seul résultat que je trouve proprement ahurissant est que 68% des sondés fassent confiance à l’École, alors que cette institution n’est qu’un hapax n’existant que depuis un peu plus d’un siècle, et actuellement en pleine déliquescence, budgétivore et presque totalement inefficace. Il est vrai que l’on n’a que l’école de sa société… et la société de son école.
Quoi qu’il en soit, il n’y a que 6 institutions sur 17 qui tirent leur épingle du jeu avec plus de 50% de confiance. Ce n’est pas un très beau résultat, qui montre à l’envi que ce pays a sérieusement besoin d’une révolution libérale : 84% ont une opinion positive des PME. Il faudrait décentraliser et déréglementer. Là est l’espoir, mais sa concrétisation est encore loin sous l’horizon.
Sacha.
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Chez Books on Demand (BoD)

Excellente approche anthropologique de l'immense différence entre les femmes Russes et les horreurs quérulentes à cheveux bleus de chez nous.

Livre truculent, dont il faut retirer " la substantifique mœlle". Lorsque tout fout le camp, que faire ?
À lire pour rire et réfléchir !
Très instructif. À méditer !
D'où viennent-ils ? Qu'ont-ils vu ? Quel est le combat ?
Pensée et testostérone !



Insigne des Masques Jaunes :
adoptez-le, portez-le !






Bon ! À vos portefeuilles !





ASSEZ DE BARBARIE !!!

et toutes les formes de fascisme dont le socialisme.
Notre "antikons" a le droit d'aînesse :)
Que de tels mouvements naissent chez nous et dans toute l'Europe !