Ah les p’tit femmes de Paris…

RVB de base« Bon Dieu ! Il sort ! C’est fichu ! » ronchonna Alonzo Tromondada, psy attaché à l’Élysée. En effet, le roi avait ouvert sans bruit la porte de son bureau, et regardait avec précaution d’un côté et de l’autre du couloir. La porte se referma sur le bureau vide. « Pas de panique ! annonça La Conscience, on doit pouvoir le tracer. » Le petit spectre cliqua quelques boutons sur l’écran et le monarque réapparut, marchant précautionneusement sur la pointe des pieds. « Je parie qu’il descend aux caves ! » hasardai-je. « Bien possible,  ajouta Alonzo, le monde souterrain, c’est son affaire. Des caves voûtées… le regressus ad utero… ». La Conscience fit apparaître l’image d’une cave ; ce sacré petit spectre avait placé des caméras partout.

Apparemment, nous n’étions pas les seuls à conjecturer une descente au sous-sol : deux comploteurs de Terra Nova, revêtus de la célèbre tunique grise à cagoule, attendaient, planqués derrière un pilier. Ils n’étaient pas seuls : tapis derrière un tonneau, nous reconnûmes Manu Valse, le ministre du Dedans. « Tiens tiens … commenta Tromondada, il y a du rififi dans l’air… »

« Tu crois qu’il va venir ? » demanda un terra-neuvien à son complice. « A dix contre un ! répondit l’autre, c’est l’heure de son escapade ! » « Ouais, renchérit l’autre, il ne devrait pas tarder. » Pendant ce temps, Valse chuchotait dans son téléphone portable spécial Beauvau. Une porte s’ouvrit en grinçant, et Soliveau le Second apparut en ce monde souterrain, riant aux anges. Le ministre referma son téléphone, tandis que les deux nuisibles se rencognaient. Le roi s’avança vers un objet recouvert d’une bâche ; il tira le rideau plastifié d’un coup sec et apparut LE scooter jaune. Soliveau poussa l’engin au milieu de la cave et, sortant un chiffon de sa poche, entreprit de nettoyer son célérifère à pétrole.

« Julie… Jolie Julie… Tu as mis ta robe d’organdi… » chantonnait le monarque tout à sa tâche. Satisfait de son travail, il tourna la clé de contact et actionna le démarreur. Rien ne se passa. « Zut ! ronchonna-t-il, la batterie est encore à plat ! Bon, un coup de kick… » À ce moment, l’iPhone royal sonna. Le roi l’ouvrit ; La Conscience zooma sur le minuscule écran : un message de Rottweiler ! Nous pouvions lire assez distinctement : « Ne me quitte pâââs ! Moi je t’offrirai des merles et des truies venues d’un pays où y en a même pâââs… » « Elle me les casse ! grommela Soliveau. Vais dire aux psys de lui coller une cure de sommeil, comme ça elle foutra la paix ! ». Les terra-neuviens opinèrent dans leur coin, tandis que Manu affichait un air de contentement narquois.

Nous interrogeâmes Alonzo du regard : « Oui, oui, expliqua-t-il, la royale concubine a craqué en apprenant par la presse l’infidélité du roi. Désillusion narcissique caractérisée, chez une dominatrice pathologique ; sa proie lui échappe ! » « C’est curieux, chez lui, cette manie de se faire dominer par des harpies ! » commentai-je, « Ségodinde, Hija de Nada, Rottweiller… Docteur, savez-vous quelque chose de cette Julie ? » « Peu de choses, répondit le psy, sinon qu’elle fit un éloge dithyrambique du roi lors de l’élection… Quant aux dominatrices, il a beau être paraphrène, il demeure extrêmement fragile et angoissé. Paradoxalement, il recherche des femmes ayant le Phallus, comme dirait Lacan, c’est-à-dire un père. » « Elle est, je crois, du clan Ségodinde ? » dis-je « Exaquete, nous apprit La Conscience, elle a roulé pour elle en 2007. M’a tout l’air d’un parfait modèle de bobo : maman antiquaire, papa chirurgien, socialiste, partisane du mariage gay… » « Ouais, conclus-je, elle a tout pour lui plaire ! » « C’est vrai, dit Tromondada, mais elle fait moins rombiasse que les précédentes. »

Cependant, Soliveau était parvenu à démarrer son célérifère à grands coups de talon, et dans un nuage de fumée bleue il s’essuya le front, puis coiffa le casque portant un logo CGT. Il donna plusieurs coups nerveux d’accélérateur, puis, heureux comme un ado : « Ouaiaiaiaias ! Sur une roue ! ». Et il tenta de faire le tour de la cave à la manière des racailles. Malheureusement, moins adroit que ses électeurs, il se prit un fabuleux billet de parterre. Se relevant, endolori et furieux, il remonta en selle : « Bon, on y va, l’amour n’attend pas ! » Il actionna une porte métallique, s’y engouffra et disparut de notre vue. Pendant ce temps, Valse dictait ses instructions par téléphone : « Avis à toutes les patrouilles. Cible partie direction Bandits Corses. Suivez et prévenez les photographes de Closer. Terminé. »

« Un coup tordu de Valse ? » suggérai-je ? « Peut-être pas, il exploite, dit Alonzo, belle occasion pour lui qui a de l’ambition. » Cependant, les deux terra-neuviens avaient quitté leur cachette. « Enfin ! jubila l’un d’eux, nous allons être débarrassés de la rombiasse ! » « Patience ! tempéra l’autre, la partie n’est pas encore jouée. Il aurait mieux fait de nous écouter plus tôt, lorsque nous lui disions de la révoquer ! ». Ils sortirent par une porte secrète, tandis que Valse notait soigneusement ces propos sur un carnet. « Hé hé ! » fit-il, « je sens que je vais bientôt sauver la République ! »

« Un paraphrène de plus ! » se lamenta Tromondada. « N’empêche, dis-je, tous les ingrédients du vaudeville sont là. Une comédienne pour maîtresse ! Ah ! Le théâtre de boulevard ! » « Ouais,  conclut La Conscience, mais c’est pas du Labiche, ce serait plutôt de La Nouille ! »

Alfred.

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