Avec de la vieille ferraille on ne forge pas d’acier victorieux

Flamby Linus (2)Un gouvernement de combat, annonçait le président par excès. « Je n’aurais pas insisté pour former le gouvernement, écrivait Paul Reynaud dans ses Mémoires, si une autre personnalité que la mienne s’était imposée pour la Présidence [du Conseil]. Mais de n’était pas le cas. » La suite est connue. Il était évident que Hollande ne pouvait que satisfaire au désir insistant de Valls de devenir premier ministre : la déconfiture des municipales et l’imminence des élections européennes nécessitaient une gesticulation telle que le pouvoir socialiste espérât leurrer les citoyens, afin de ne pas tomber de  Charybde municipale en Scylla européenne. L’important était donc de poursuivre la même politique désastreuse, tout en donnant l’illusion au Peuple que l’on allait enfin se pencher sur son sort, et à l’Europe que l’on allait enfin se décider à réduire de manière draconienne le train de vie de l’État pour réduire la dette.

Mais, et pour le coup je suis d’accord avec monsieur Copé, l’opération s’est déroulée dans le plus pur style des IIIe et IVe Républiques, avec un art consommé de la combinazione. Il fallait ménager les susceptibilités des différents courants du parti spoliateur, et, en fin de compte, seule la mère Delille trouve à rouspéter, estimant sa tendance sous-représentée. La sortie des pastèques est certainement en soi une bonne chose, mais elle les place en position d’exercer un chantage sur le gouvernement si leurs délires ne sont pas satisfaits.

Je ne suis pas le seul, ni le premier, à avoir constaté, en prenant connaissance de la composition du gouvernement, que quatorze des seize ministres figuraient déjà dans l’administration Ayrault. S’y adjoignent un vieux cheval de retour, celle que mes amis nomment peu respectueusement « la Dinde du Poitou », et un routier des manipulations politiques, Rebsamen. Ainsi le veut l’ironique dicton populaire : on prend les mêmes et on recommence. On veut faire du neuf avec du vieux : on ne change pas une équipe qui perd. Il faut dire que le vivier des cerveaux, au PS, est singulièrement vide, donc on fait avec ce que l’on a sous la main.

Peut-être Hollande en avait-il plus ou moins conscience, lorsqu’on le vit quitter l’Élysée avec quelque retard pour aller quémander à la Commission européenne un troisième délai pour apurer les comptes de l’État. Il faisait une drôle de tête, contrairement à Ségolène qui exulte, elle si friande de pouvoir, de se trouver en numéro deux du gouvernement. Disons toutefois que si elle était en position, dans son ministère de l’environnement, de continuer à s’opposer aux écotaxe, taxe carbone et autres inepties escrologistes, comme elle le faisait jusqu’ici, elle pourrait jouer malgré elle un rôle positif pour le pays.

Mais enfin, la combinazione a abouti à de véritables provocations. La plus évidente est, bien entendu, la reconduction de Taubira dans le poste de garde des sceaux. Cette indépendantiste demeure en position de faire beaucoup de mal à la France, comme elle l’a fait en portant la loi perverse du mariage pour tous, comme elle souhaite encore le faire avec son projet insensé de réforme pénale. Nous avons depuis l’affaire des écoutes à l’encontre de Sarkozy, que c’est un personnage capable de mentir au peuple, les yeux dans les yeux. Et de prêter l’oreille aux juges rouges. À la suite de quelles sordides tractations avec Valls est-elle arrivée à se maintenir là – à moins que leur opposition n’ait été que de façade ?

Autre provocation : la nomination de l’extrémiste Hamon à l’éducation. Passons sur l’impropriété même du nom d’un ministère qui n’a pas pour vocation d’éduquer, mais d’instruire.  Hamon est de ceux qui pensent que les enfants ne relèvent pas de leurs familles, mais de l’État. Il n’y a pratiquement aucune chance qu’il cède sur l’idéologie du genre appliquée aux enfants. Ni même sur les « rythmes scolaires » qui lui fournissent une belle occasion de venger les socialistes de la défaite, puisque les délires de son prédécesseur, Peilhon, coûtent des millions aux collectivités locales. Avec Hamon, c’est une fascisation accentuée de l’École et des universités qui est à l’ordre du jour.

Provocation encore en reconduisant Filippetti, reine de l’écriture pornographique, à un ministère qui n’a même pas lieu d’exister et qui n’a d’intérêt que pour une bande de gauchistes attardés et d’incontinents – pardon : d’intermittents du spectacle. Provocation toujours en conservant Belkacem, la harpie dont le regard a la noirceur hallucinée du fanatisme féministe. On l’a même promue.

Peut importe que Bercy n’ait plus que deux ministres ; l’un, celui des Phynances, est sans doute nécessaire. L’autre, celui de l’économie, serait parfaitement inutile dans le cadre d’une économie libérale. À la décharge du petit Robespierre de pacotille, Montebourg (Montambour pour mes amis), remarquons tout de même qu’il n’est pas trop favorable à la transition énergétique chère aux escrolos, qu’il semble avoir compris que l’énergie nucléaire est un atout et que le gaz de schiste, ma foi…

Quoi qu’il en soit, Valls devra faire preuve d’esprit de compromis, voire de compromission, pour essayer de faire fonctionner un gouvernement qui n’est qu’un conglomérat de tendances contradictoires et même férocement adverses. Ce n’est évidemment pas une équipe apte à redresser le pays : elle n’a rien de libérale. Ce n’est pas non plus une équipe envisageant un seul instant d’en finir avec les désastreuses réformes sociétââââles qui nous font tant de mal. En bref, c’est bel et bien un gouvernement de combat : contre le Peuple, contre la France.

Ils vont bien, pour la circonstance et pressés par le temps, nous sortir quelques tonitruantes pétitions de principes, quelque lapin myxomateux du chapeau, afin de se garantir d’une défaite ignominieuse fin mai. On va même nous abreuver de sondages et de cotes de popularité trafiqués ad hoc pour faire croire à la réussite de leur opération. Il se peut même que, très brièvement, le marché réagisse positivement, comme cela advient fréquemment. Mais cela vivra ce que vivent les roses… socialistes. Déjà, en lisant les réactions des lecteurs sur les sites d’info, en entendant les auditeurs de RMC, RTL et autres, je constate que pratiquement personne n’est dupe : « c’est un foutage de gueule ! », telle est la réaction la plus répandue.

Je rirais bien si Hollande rentrait de Bruxelles la queue basse ! C’est au pied du mur que l’on voit le (franc-) maçon.

Sacha

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