Perplexité

hiboux025Réunion de notre Camorra, hier soir, dans l’arrière-salle de chez Nénesse. Nous avons reçu, pour suppléer sans doute une campagne électorale que les socialistes ont réduite a minima afin d’essayer de limiter les dégâts, la propagande des impétrants. Propagande, réclame, appelez-ça comme vous  voudrez : ça fait bien quelques tonnes de paperasse à nous encombrer, afin que les partis du système puissent envoyer pantoufler à Strasbourg les rombiers encombrants dont ils veulent se débarrasser. Mais il fallait poser le problème : voter, ou ne pas voter ?

En d’autres temps, la question ne se poserait pas : le vote, c’est la carte forcée car le système a truqué la délégation, en donnant le pouvoir à une caste d’idéologues irresponsables et malfaisants, et comme il n’y en a pas un pour racheter l’autre, mieux vaut ne pas être complice et s’abstenir. Oui, mais dans la conjoncture actuelle, il s’agit de répondre à deux nécessités : à l’échelle de l’Europe, tenter de donner un coup d’arrêt à la dictature des eurocrates, à l’échelle de la France enfoncer encore davantage les tyrans socialistes. Autrement dit, tactiquement et stratégiquement, émettre un vote de profonde défiance à l’encontre de l’Europe telle qu’elle résulte du mépris de la volonté des peuples, et un vote de refus radical à l’encontre des socialistes, de leurs satellites et des esprits totalitaires qui, par leurs chantages, rendent nos Gribouille de l’Élysée et de Matignon encore plus nocifs.

En l’occurrence, donc, nous sommes tombés d’accord pour voter, sans nous faire d’illusions. Oui, mais pour qui voter ? That’s the second question. Il est évident que pour nous, nationaux-libertariens (libertarian), tout ce qui se dit ouvertement de gauche – socialistes, écolos, trotskystes, communistes et lévo-frontistes – ne peut en aucun cas bénéficier d’une délégation de pouvoir. Il est non moins évident que nous refusons avec force l’eurocratie à qui personne n’a délégué de pouvoir, puisqu’elle est nommée et non élue, et qui échappe à peu près complètement au contrôle du parlement européen mais, nonobstant, pond des lois. Ce refus exclut par conséquent de voter pour, outre les socialistes et les écolos, l’UMP et l’UID.

Comment alors dénicher l’oiseau rare à qui nous pourrions déléguer notre pouvoir avec une efficacité maximale tout en punissant les socialistes ? « Je crois bien, dit Vautrin,  qu’eurêka quelque chose. » Le tout était d’avoir un aperçu synoptique de la faune réclamant blanc-seing. Nous nous mîmes d’accord sur trois critères, représentés par des axes concourants : le patriotisme, l’étatisme, l’eurolâtrie, orientés de zéro vers un maximum arbitrairement choisi. Il suffisait ensuite, à la lumière de ce que nous connaissions des brigants  (ceux qui briguent ! Mais les brigands ne sont pas loin) et de leur propagande, de placer les partis en mode 3-D dans l’espace délimité par ces axes. Le résultat de cette cogitation est exprimé par le schéma (je n’ose pas employer infographie qui ferait trop journaleux, donc péteux) :

 PERSONNE POUR QUI VOTER

C’est facile à lire, je pense. Par exemple, les totalitaires étatistes comme Lutte Ouvrière et le Front de Gauche sont non-eurolâtres et non-patriotes mais totalement étatistes. Les socio-fâchos et leurs complices verdâtres sont non-patriotes, mais totalement étatistes et eurolâtres, leur différence avec l’UMP et l’UID n’étant qu’une question de degré dans l’étatisme. Le FN est non-eurolâtre, plutôt patriote mais très nettement étatiste. Nous avons placé selon les critères Nous Citoyens et Nouvelle Donne. Debout La France est nettement a minima européen –partisan d’une Europe restreinte à 6 membres – nettement patriote mais fortement étatiste.

Ensuite, faites comme nous : essayez de vous placer dans ce tableau en fonction de ce que vous savez et pensez de l’Europe, de l’étatisme et du patriotisme, puis cherchez le candidat qui se rapproche le plus ou qui coïncide avec vos options. C’est là que pour nous les Athéniens s’atteignirent (et que les Perses se percèrent), car rigoureusement personne de près ou de loin n’approche nos idées. Il n’y a pas de candidat national-libéral (sans parler de libertarian), d’où le point d’interrogation qui nous situe. De là notre grande perplexité. Pour en sortir, il faut du pragmatisme.

Voyons… Côté Europe, il y a beaucoup de mal et un peu de bien. Ce qui est bon, c’est le libre-échange, et également l’idée que les États doivent subir un dégraissage draconien, apurer les dettes, laisser faire les entreprises, garantir la propriété. Cela nous protège un peu contre les outrages du socialisme. Voilà un minimum d’Europe auquel un libéral peut consentir sans hésitation. Ce qui veut dire que tout le reste – l’idée d’un gouvernement fédéral européen, d’une diplomatie et d’une défense communes, le traité transatlantique qui nous rendrait encore plus vassaux de l’Amérique, les traités de Maëstricht, Schengen et Lisbonne, la banalisation de la perversion, entre autres – est à rejeter comme non conforme au droit des Nations. Côté France, l’étatisme doit disparaître, l’État doit impérativement ne pas se mêler d’économie (ni en directivité ni en versement de subventions et prébendes) et se réduire à la taille nécessaire pour exercer efficacement ses rôles régaliens (Défense, Sûreté intérieure, Diplomatie) et s’interdire toute action visant à « transformer » la société (dans quelque sens que ce soit, pas seulement dans le sens pervers actuel). De même, le grand principe à retenir est celui de l’indépendance nationale : nous devons faire nos lois chez nous tout en gardant toute latitude d’adhérer à un traité a minima lorsque c’est nécessaire. Voilà qui exclut de choisir de voter pour le FN, dont le programme économique a d’inquiétants relents de communisme. Qui est le moins éloigné ?

Ce serait Debout la France, si ce mouvement n’était pas aussi étatiste. Pour l’Europe et le patriotisme, c’est OK. Dupont-Aignan entretient des relations cordiales avec Nigel Farage, leader de l’UKip et solide pourfendeur de l’eurocratie. La différence est que l’UKip (ou du moins Farage) est anti-étatique et que c’est un parti en expansion au Royaume-Uni, alors que Debout la France est un groupuscule. Toutefois, les voix allant à ce mouvement, sans adhérer à l’étatisme, seront autant de rejets du socialisme, et s’ajouteront à celles qui le balanceront à la poubelle de l’Histoire.

Nous penchons pour cette solution : une Europe réduite à une zone de libre-échange entre six pays, avec une règle commune d’équilibre des budgets nationaux, mais une Europe des nations indépendantes, coopérantes, fermées à l’immigration torrentielle mais ouvertes à une immigration choisie sur des critères de compatibilité culturelle et économique. Et un rejet total du socialisme. Pour ma part (et c’est aussi l’avis de notre Camorra), je voterai Debout la France, le 25, avec une restriction mentale.

Raymond (avec la collaboration de Vautrin)

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