C’est Molière qu’on pervertit

bellac20133_120x150L’équipe d’Allemagne a donc viré l’équipe « de France » du Mondial : nous voilà débarrassés des espoirs fous du satrape élyséen, qui ne pourra pas surfer sur la vague d’une victoire à laquelle, par ailleurs, il n’aurait eu aucune part et dont, logiquement, il n’aurait pu tirer aucun mérite. Maintenant, les Français vont devoir regarder à nouveau du côté de la France : contempler un champ de ruines. D’accord, d’accord, il va y avoir le Tour, mais c’est une affaire locale, perturbante certes quant à la circulation routière, mais locale ; oui !

On va pouvoir s’interroger sur le meurtre d’une prof par une Rachida quelconque sous prétexte que la victime aurait été « méchante » avec la fi-fille de la surineuse. Ah ! Mais c’est que la bien-pensance, une fois de plus, nous rejoue l’air du pas d’amalgame ! Marrant, ces connards : dès qu’un méfait ne peut pas être attribué à l’extrêêêême droite, ils sont tout sucre et tout miel. Et dès que quelqu’un s’avise d’exprimer tout haut ce qu’un tas de gens pensent tout bas, clic : le MP3 gaucho-fasciste se met en marche pour débiter le torrent de ses invariables platitudes. Par exemple : le maire de Nice interdit de brandir des drapeaux étrangers pour fêter par la violence francophobe des victoires footballeuses étrangères : crac ! Les connards hurlent et plaident, il se trouve un juge rougeâtre pour déclarer que c’est une entrave à la liberté d’expression de nos coûteux parasites.

Cela me rappelle invinciblement les réflexions de Paul-Otto Schmidt, l’interprète des caciques nazis (lire : Sur la scène internationale avec Hitler, de cet auteur, chez Perrin). Selon lui, les discours des Hitler, Goering, Ribbentrop, Hess, se succédaient comme autant de lectures d’un même disque de phonographe, répétant « presque textuellement la même chose », « seuls le ton et l’accompagnement changèrent en chaque occasion.» C’est bien cela : nos facho-gauchistes bien-pensant ont un stock d’insanités prédigérées, qu’ils débitent dès que quelque chose les dérange. Schmidt trouvait cette écholalie nazie pratique, puisqu’elle facilitait son travail de traduction. Je trouve les psalmodies bien-pensantes très pratiques aussi, car on peut sans se tromper anticiper de leur verbiage et de leurs réactions. Nous avons en face de nous des robots pré-programmés et ridicules. Mais nocifs : ce sont les nazis de notre siècle.

Combien de gens sont encore victimes de cette propagande médiocre, je ne sais pas. On dirait bien que ça passe de plus en plus mal dans le peuple, mais tant qu’il n’y a pas d’insurrection, on ne peut pas se prononcer sur l’intensité du rejet.

On voyage, chez Raoul. Je me baladais hier dans la petite ville de Bellac. J’avais déjà traversé cette sous-préfecture aux marches de l’Occitanie (elle a déjà des faux airs d’Oïl) en voyageant vers Poitiers ou Clermont-Ferrand, mais sans jamais m’y arrêter. Les hasards d’une chasse au trésor m’ont fait m’y arrêter. Quand on prend la peine de visiter les vieux quartiers, on y rencontre le charme évoqué par Giraudoux. Justement, c’est l’époque du Festival (du 5 au 12 juillet) et j’ai appris avec plaisir qu’on renouait avec la tradition du festival, en présentant des pièces de Giraudoux. Cet honnête homme, quelque peu rêveur, avait été ostracisé plusieurs années durant.

Il faut dire que Giraudoux n’était pas vraiment dans le ton de la bien-pensance. On l’a accusé de pétainisme, d’antisémitisme et autres infamies dont les totalitaires affublent systématiquement ceux qui ne pensent pas idiotement comme eux. Je lisais, il y a quelques années, un essai de Giraudoux intitulé Pleins Pouvoirs (publié en 1939 chez Gallimard) et j’y trouvai des idées intéressantes. Notamment, le diplomate pensait à une politique d’immigration choisie, non pas pour « obtenir dans son intégrité, par l’épuration, un type physique primitif », contrairement aux nazis, mais pour « constituer, au besoin avec des apports étrangers, un type moral et culturel. » Il envisageait, lui, un apport scandinave plutôt que celui, trop actuel, de claque-dents issus des terres de cailloux et scorpions dont « dont les civilisations, par leur médiocrité ou leur caractère exclusif, ne peuvent donner que des amalgames lamentables. » Vérifiez, je vous prie !

On comprend que les fascistes de gôche l’aient longtemps tenu en lisière du Festival qui se déroule chaque année dans sa propre patrie : la bien-pensance a clabaudé haut et fort. Enfin, la raison et la justice semblent l’emporter cette année. MAIS…

Vous avez vu ? J’ai insisté pour que la Rédaction mette en vignette l’affiche de ce 60e Festival. Et que voit-on ? Un Molière entafiolé ! Perruque bordeaux, visage rose, lunettes à monture jaune, duvet d’adolescent en guise de moustache, fleu-fleurs partout : Molière tel que, probablement, le voudrait l’idiote du ministère de la « culture » et sa complice Belkacem. Un androgyne, pur produit de la théorie du genre. Voilà une offense à Molière, voilà un méfait ! Et voilà un acte éhonté de propagande perverse. Aurait-on négocié le retour de Giraudoux contre l’affichage d’une idéologie décadente ? Je ne sais pas, mais il y a là, à tout le moins, dans ce travestissement de notre plus grand auteur comique, un acte punissable. Il faudrait que quelque jour tous ces travestisseurs répondent de leur trahison sur leur tête et sur leurs biens.

Mais le travestissement de la culture, ça ne marche pas toujours, heureusement. Un jeune homme me montrait une édition récente de Manon Lescaut. Ce roman avait été choisi dans le cadre d’une thématique, en classe de première S, sur « l’émancipation de la femme ». Thème ridicule, mais bien dans l’air du temps. En tous cas, le choix de Manon (l’abbé aimait-il le nom de Mâcon ?) n’était pas très heureux ; demandant au jeune homme ce qu’il pensait des personnages, il me répondit « Manon est une sale pétasse comme beaucoup de meufs. Des Grieux une petite tarlouze pleurnicharde, c’est un vrai con. Le père Des Grieux a eu raison d’envoyer Manon en Amérique ! » Très bien vu, mais je me demande comment un correcteur aurait pris cette réponse pleine de bon sens ! En feuilletant l’édition moderne, j’ai constaté que des tas de notes expliquaient des mots que ma génération connaissait, comme indigence ou malignité : preuve d’une véritable déculturation de la jeunesse, réduite au verlan et au parler racaille ?

Eh oui ! On n’assassine plus Mozart, on le crétinise chez les cuistres de l’Édunat, et la cu-cul-ture entarlouze Molière. O Tempora ! O mores !

Raymond

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