Pas crédible !

La Pleurniche (small)Christian Combaz, écrivain et essayiste, critique avec raison les salamalecs de Pleurnicheur 1er, comme je l’ai fait hier.

Quand le président de la République improvise un discours de condoléances sous les projecteurs en s’épongeant le front, se prend les pieds dans le tapis de la procédure à propos du deuil national et fait part de son «immense émotion» ce n’est évidemment pas sur le mot émotion qu’on a envie de le chicaner mais sur l’adjectif immense.

Choisir l’Immense pour registre n’est pas donné à tout le monde. En vérité tout se passe comme si le seul refuge de la grandeur chez ce genre de caractères était l’affliction. Il profite des circonstances pour en rajouter dans le solennel qui lui fait défaut ailleurs et prend, psychologiquement, la nation en otage sur le ton «comment pourriez-vous être insensibles à une douleur aussi légitime, aussi irréprochable que la mienne, au moment où je vous invite, aussi ingénument, à la partager?»

Le problème est que cette ingénuité ne soit pas très crédible. Comme la plupart des politiques il a tiré toutes les cartouches de l’émotion, à présent il ramasse les douilles pour essayer de les remplir mais le coup ne part pas. D’autant qu’il parle en son nom propre et n’hésite pas, au milieu de ces circonstances, à nous annoncer qu’il a pris, lui, personnellement, la décision de faire ceci ou cela, c’est à dire généralement une sottise irréfléchie que ses services auront du mal à rattraper le lendemain . (En même temps on comprend qu’il ne se fie plus à personne, la dernière fois qu’un avion est tombé en Europe son ministre des affaires étrangères, essoufflé, est venu témoigner de son affliction à propos de victimes françaises dont le nombre ne pouvait qu’augmenter puisqu’il n’y en avait pas).

Dès que ce genre d’occasion se présente, le Président commet l’erreur de dire à la foule je suis là, ne vous en faites pas je m’occupe de tout sur un ton qui, malheureusement, fait penser à Calimero plutôt qu’à Winston Churchill. Le jour où les Français s’apercevront qu’il n’y a personne à la barre, ils auront envie de secouer le capitaine. En outre, proposer un déploiement national d’efforts et de solidarité, multiplier les déclarations en direct pour un événement qui n’est pas tellement différent d’un accident d’autocar, c’est réduire sa propre marge de manœuvre le jour où quelque chose de véritablement exceptionnel va se produire, car ce jour-là, les cartouchières seront vides.

 Source

Le fait est : pour triste et regrettable qu’il soit, un accident d’avion est un fait-divers. Une quinzaine de jours sur la route fait autant de victimes : on ne comprend pas ce qui pourrait en faire un « événement », ni justifier un deuil national. L’inaugurateur de chrysanthèmes, Pleurnicheur 1er, se livre donc à une opération prétendue « de communication », en réalité de propagande pro domo.

Raymond

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