Les Français n’ont-ils toujours rien compris ?

dette-pub« De mémoire de sondeurs, c’est du jamais vu. La défiance des Français envers le gouvernement bat des records. » C’est ainsi que Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop, commente les résultats d’un sondage effectué par cet Institut pour Le Journal du Dimanche. Selon ce sondage – prenons toujours les sondages avec les pincettes de la méfiance, toutefois – 80% des personnes de l’échantillon constatent l’impéritie du gouvernement. Il n’y a là rien de surprenant, au vu des dernières estimations sur une croissance qui, n’en déplaise à Hollande, est très loin d’être là.

Mais ce qui est le plus préoccupant, c’est que seulement 10% des personnes interrogées placent en tête de leurs préoccupations la réduction de la dette. Bien sûr, c’est un élément de propagande des socialistes, que la dette. On parle de la réduire, mais la réduction est semblable à l’Arlésienne, on ne la voit jamais. Et pour cause : rien n’est fait pour réduire l’État à la portion congrue, on persiste envers et contre tout à faire du « social » et de la consommation d’État. Il est possible que, comme le suggère Dabi, «Les gens ont le sentiment de faire des efforts pour rien. »

Cependant, je pense que cela traduit plutôt une méconnaissance des relations entre la dette et les autres phénomènes désastreux que les sondés placent en tête de leurs préoccupations. Notamment le chômage, inquiétude dominante (70% des sondés). La question est de savoir par quels mécanismes le chômage, loin de se réduire, ne fait qu’augmenter. La France exporte mal, sa balance commerciale est en déficit. La France produit de moins en moins, parce que de plus en plus d’entreprises déposent leur bilan ou délocalisent. L’un des facteurs majeurs, conjointement avec un code du travail parfaitement ubuesque, est l’énorme pression fiscale exercée sur les entreprises, à laquelle s’ajoutent le SMIC, la sécurité sociale et bien d’autres contraintes. En même temps, les socialistes croyant naïvement que la fiscalité allait par magie permettre d’effacer la dette, ont privé le marché intérieur de débouchés en conséquence de la baisse du pouvoir d’achat.

De fait, l’ampleur excessive de la dette tient au fait que le pays, doté d’un État totalitaire qui se veut grand rémunérateur et grand protecteur, a vécu à crédit pour financer le « social » et la consommation d’État. Cette politique de cigale fait que l’on a dépensé, et que l’on dépense toujours bien plus qu’on ne gagne. La dette, et la fiscalité ahurissante qu’elle engendre pour remplir le tonneau des Danaïdes, est donc la principale cause de l’augmentation du chômage. Un peuple pas trop sot le comprendrait, et ferait en sorte d’imposer un régime amaigrissant drastique à l’État. Il comprendrait que libérer les entreprises est le seul moyen de créer des recettes, d’employer des gens, et donc de réduire efficacement la dette. Ce n’est pas, malheureusement, entré dans la tête des Français.

Alors les Français se lamentent. Ils sont, frileux, préoccupés par leur santé (56%) sans guère se soucier de changer complètement de système d’assurance maladie. Ils sont à peine préoccupés de la délinquance (53%) alors que ce phénomène tient à deux facteurs : l’incapacité de l’État à jouer efficacement un de ses rôles régaliens, le laxisme de la justice. Ajoutons un troisième facteur que révèlent les statistiques ethniques sur la délinquance : une immigration non seulement incontrôlée, mais aidée, qui refuse de se plier à nos lois.

« Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. » On aime rappeler cette sentence de Bossuet, de nos jours. Elle est tragiquement vraie. Ce sondage la vérifie : on chérit la dette parce qu’elle permet de jouir à crédit, mais on déplore les effets : chômage, déficit de la couverture sociale, délinquance. Ce peuple, s’il ressemble réellement à l’échantillon choisi par l’Ifop, n’est pas en mesure de résoudre ses problèmes. À quoi serviraient alors des émeutes ou une insurrection, si c’était pour conserver le statu quo ante ? Et à quoi servirait une victoire présidentielle du Front National, si elle visait à renforcer encore et toujours la mainmise de l’État sur la vie des citoyens ? On le voit, l’absence presque totale de perspective libérale compromet l’avenir.

Revenons à l’image de marque désastreuse du gouvernement. 18% des sondés pensent qu’il peut réduire les déficits publics, 16% croient qu’il peut améliorer la croissance économique, 15% qu’il pourrait « inverser » la courbe du chômage. Ceux-là sont probablement d’indécrottables naïfs à qui l’on peut pardonner leur pauvreté d’esprit : ils représentent 42% des électeurs des socialistes, ils sont bêtes, ce n’est pas leur faute. Mais les autres, tous les autres, qui ne croient pas un instant au chant des sirènes de la propagande gouvernementale, peut-on leur pardonner d’arrêter leur raisonnement à un rejet – normal – du gouvernement sans s’interroger sur le fond de la crise, sans bouger, sans espérer autre chose que la venue d’un Homme Providentiel qui, par miracle, résoudrait les problèmes sans bouleverser les mauvaises habitudes, l’assistanat et la paresse ?

« Malheur au royaume dont le prince est un… forban ! » et dont les sujets sont des imbéciles.

Sacha

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