Business as usual

pouletgrippeUne page de plus est tournée. En regardant les résultats sur BFMTV (via Internet et malgré les interruptions forçant à subir de la réclame à chaque reprise), j’ai constaté que « l’alternance », comme le dit M. Sarkozy, a l’air en bonne voie. Peu à peu la carte de France se teintait de bleu, ne laissant guère qu’au sud-ouest les séquelles de la roséole contractée sous le régime précédent. Et naïfs d’applaudir, et hypocrites contraints d’avouer leur « échec ».

Je n’applaudis pas. D’une part parce que la carte bleue ou presque ne révèle pas les départements ocelots où le bleu est taché de rose, les cantons gauchistes voisinant avec les cantons…disons centre-gauchistes ; de nombreuses combinaziones s’annoncent. D’autre part, parce que c’est bien d’alternative qu’il s’agit, entre deux nuances d’une même nuisance fondamentale. Deux coalitions étatistes, européâstres, immigrophiles et islamostègues. Vous vous demandez où j’ai pêché ce dernier mot ? Normal, je viens de l’inventer en employant la racine grecque « stéganos » qui veut dire « couvert par un toit » : on couvre l’islamisme et le djihad sous le mensonge et le déni. De nombreux de cantons ont changé de locataires, mais on reste entre soi, dans la petite cour des copains et coquins.

Je ne dis pas que je ne me réjouis pas de la déconfiture du PS, au contraire ; j’ai appris avec jubilation, par exemple, qu’Hollande perd la Corrèze (qu’il a ruinée) qu’Aubry perd le Nord, et que sa rivale Ségolène (1) perd ses Deux-Sèvres, que les communistes perdent l’Allier. Mais la donne politique n’a pas fondamentalement changé : le système a encore bien fonctionné cette fois-ci. Passe-moi la rhubarbe, je te passerai le séné.  Car il est bien évident que, en dépit des « ni-ni », des électeurs de gauche ont voté UMP et vice-versa ailleurs. On appelle ça « discipline républicaine ». Attendez, laissez-moi rire un instant, s’il vous plaît. La république n’est qu’une forme de délégation du pouvoir, mais, comme je l’ai souvent écrit, elle n’est pas à confondre avec la démocratie. La république, c’est un habit petit-bourgeois, la preuve qu’on est bien entre soi dans la caste politique.

Cela s’est bien illustré dans mon canton. Au premier tout, les jeunes candidats FN arrivaient en seconde position. Le candidat de la droite-gauche s’étant maintenu au second tour, c’est le candidat socialiste qui l’a « logiquement » emporté. Comme dans d’autres cantons de ce triste département où, selon la feuille socialiste, « le PS conserve son bastion« . De quoi avoir honte d’y habiter. Comme quoi il ne s’agit pas obligatoirement de donner explicitement une consigne de vote ou de « ni-ni » pour favoriser un complice de l’autre parti, il suffit de s’obstiner à dévoyer les électeurs. Nous verrons que ce micmac marquera le troisième tour, celui de l’élection des présidents d’assemblées départementales.

La donne politique n’a donc pas changé. Notamment, l’UMP ne propose rien pour sortir le pays de l’ornière (si c’est encore possible) ; ils en sont plutôt à la guerre des chefs. Ali Juppé est apparu à l’écran, vieux cire-babouches décati, candidat à une ridicule « primaire » ; on comprend bien que l’UMP ne sera pas en mesure de produire un programme qui serait un engagement cohérent : il faudra choisir entre la chèvre, le chou et le loup quand on a besoin du lion. Quant aux socialistes et autres gauchistes, il est heureux qu’ils aient des comptes à régler entre eux. Espérons que ça durera suffisamment longtemps pour ruiner leurs ambitions en 2017. En attendant, ils sont toujours au pouvoir et n’ont donc rien perdu de leur nuisance.

Je me suis amusé, d’une certaine manière, à constater le changement de ton des commentateurs de BFMTV au fur et à mesure que l’on apprenait que le FN n’avait réussi à conquérir ni l’Aisne ni le Vaucluse, comme si les médiastres respiraient plus librement. Car il est clair que pour les deux partis frères siamois, l’ennemi est le FN et non pas l’islamisme. Pourtant, le PS n’a rien à envier aux frontistes en matière d’économie totalitaire, le PS et l’UMP ensemble en matière d’étatisme. Ce qui vraiment distingue le FN, c’est l’accent mis sur l’indépendance nationale. De quoi, c’est sûr, donner des sueurs froides aux deux autres partis compromis avec l’oligarchie bruxelloise. Quoi qu’il en soit, le FN a commencé son implantation locale ; comme les partis Dupont-Dupond vont poursuivre leur politique, il est assez vraisemblable que cette implantation va se renforcer au fil du temps, et il est regrettable que le FN n’ait pas réussi à conquérir le Vaucluse afin que l’on puisse juger en grandeur nature de son aptitude à gérer les affaires.

N’allez pas croire que moi-même et notre Camorra ayons une secrète tendresse pour le FN avec lequel, cependant, nous partageons un peu de la fibre patriotique. Nous sommes libéraux (« libertarian ») en matière d’économie, nous voulons un État réduit à ses rôles régaliens, et c’est cela qui nous sépare radicalement du FN. Mais, farouchement démocrates, nous n’admettons pas qu’un quart des électeurs qui ont bien voulu s’exprimer soient voués aux gémonies et exclus de l’exercice pour ne laisser gouverner que deux partis interchangeables. La grande manipulation – qui dure depuis que Mitterrand a lancé le FN dans les jambes de ses adversaires – consiste à faire de ce parti l’ennemi du genre humain. Mais l’ennemi du genre humain, c’est l’islamisme. Et il est très remarquable qu’en cette soirée de mystification sur BFMTV (et sans doute sur l’ensemble des médias), il a été vaguement question d’impôts et de chômage (il aurait tout de même été difficile de n’en pas parler), mais qu’à aucun moment il n’a été question d’immigration, d’islam et de djihad, alors que l’ennemi campe dans la Cité. Quelque jour, il se rappellera durement à notre souvenir.

Et voilà, ce matin, business as usual, circulez, y a rien à voir. Le vrai changement, national-libéral, n’est pas pour demain.

Sacha

(1) Encore que Ségolène apparaisse comme moins stupide que bien de ses collègues du gouvernement, au grand dam des escrolos.

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