Il est des ouvrages qui doivent être lus et relus, pensés et repensés, car tout soudain ils éclairent ce que les castes politiques s’ingénient à laisser dans l’ombre. Le dernier ouvrage de Philippe de Villiers (« Le Moment Est Venu De Dire Ce Que J’ai Vu ») est de ceux-là. C’est un grain de levain dans la pâte sociale, ça fermente et le lecteur, à l’instar du philosophe, peut enfin démêler son monde. Il nous apprend la fatuité de la formation à l’ENA, la versatilité du « cavalier des steppes », l’esprit européâstre du « colin froid », l’impudence et l’hédonisme retors du « florentin », l’absence de conviction du « lapin-tambour ». M. de Villiers a connu ces tristes personnages, il les a vus de près, il a dû se plier à leurs caprices, il les a pris la main dans le sac. Nous savions qu’ils étaient menteurs, corrompus et corrupteurs, eux et leurs sbires : en voilà la preuve.
Il devient de plus en plus difficile de croire que notre peuple est encore maître de son destin ; on entretient depuis des lustres cette idée mensongère que nous sommes en démocratie et que la « république » a des valeurs. En réalité, en nous relatant le combat hélas perdu des souverainistes contre l’entité européâstres, M. de Villiers nous assène cette vérité terrible : on a sapé l’édifice des nations, abattu les murs porteurs, au profit d’une tyrannie molle sise à Bruxelles, celle des commissaires politiques contrôlés par une caste de censeurs. Il me souvient des paroles de Nigel Farage, devant le siège de la délégation européenne, avenue d’Eylau : « here is your government ! ». C’est vrai ! Philippe de Villiers, qui a été député souverainiste au « parlement » européen témoigne du fonctionnement de cette machine à tuer les nations qu’est l’entité européâstre.
« À Bruxelles, l’essentiel de ce qui se fait ne se voit pas. Ce qui se trame ne se dit pas. Rien ne transpire, rien n’affleure. C’est un monde obscur. L’Europe est un monstre des abysses, ce qu’elle craint, c’est la lumière. Personne ne connaît la Commission. Et pourtant nous savons tous que c’est elle qui pilote l’Union –plus précisément une poignée de très hauts fonctionnaires qui contrôlent les commissaires. » Telle est bien la réalité : un Politburo contrôlant le Praesidium du Soviet Suprême. Et l’on veut faire croire aux peuples que c’est cette entité-là qui constitue le summum de la démocratie ? Ce n’est pas tout : autour des pseudo-parlementaires –dont le temps de parole est réduit à quelques petites minutes, c’est sans doute ce que l’on appelle mener des « débats »- grouille une foule de lobbyistes payés par les grands monopoles apatrides, personnages corrupteurs dont parfois on fait des commissaires, comme des commissaires serviles deviennent à leur tour lobbyistes. « Le lobbying sert à enrichir les puissants et à imposer un nouveau modèle sociétal. » L’Europe ? « Un empilement d’univers corruptibles, loin des gens, loin des yeux qui voudraient voir. » Parfois affleure un scandale, mais il est vite étouffé.
Parmi les groupes de pression, on trouve tout « naturellement » l’intergroupe LGBT, le plus important des vingt-huit groupes actuels du « parlement » européen. Rien d’étonnant, donc, que des lois perverses aient été imposées, comme le « mariage pour tous », et que l’on promeuve les délirantes « théories du genre ». L’Europe, c’est notamment Sodome et Gomorrhe, mais on s’en doutait. Toutes ces politiques européennes sont dangereuses pour les peuples, et sont très largement responsables de la crise qui frappe l’ouest du continent. Certes, nous autres avons des défauts structurels, comme l’étatisme dirigiste, la mécanique prélèvement-redistribution, mais ces maux trouvent dans l’Europe une formidable caisse de résonnance, que d’habiles filous s’ingénient à mettre au diapason pour que soit joué l’intervalle du Diable. Car il existe, Philippe de Villiers les a découverts et rencontrés, « des réseaux d’influence d’une tout autre ampleur planétaire, qui œuvrent discrètement à la création d’une arène marchande transatlantique et au dépassement de l’Europe postnationale. »
Et en effet, le mystérieux « traité transatlantique » dont on cache soigneusement le contenu est concocté dans les officines de Washington et de Bruxelles en catimini, en évitant très soigneusement de faire sourdre les attendus qui pourraient alerter les peuples. Dans cette conspiration, « il est clair que ce sont des amis qui se retrouvent, ils parlent la même langue et le même langage… » Celui de la Trilatérale, fondé par un stipendié des yankees, Jean Monnet. Il n’est pas étonnant de trouver dans ce pandémonium d’anciens trotskystes : « après tout, les deux systèmes, qui se sont affrontés pendant soixante-dix ans, partagent la même foi scientiste dans l’économie et la même allergie viscérale à la démocratie. » Le but est, naturellement, d’instaurer sous la domination yankee une gouvernance mondiale, dans un monde unipolaire, au seul profit des monopoles apatrides. Et l’on veut encore parler de démocratie et de libéralisme, alors que les monopoles sont très exactement l’antithèse de l’une et de l’autre ? Menteurs ! Escrocs !
Il reste, citoyens, que vous devez comprendre et craindre ceci : vos votes sont téléguidés, ce que représente l’alternance chez nous entre les deux partis frères du PS et des LR, et que probablement le référendum de 2005 sera le dernier avant très, très longtemps. On fera mine de vous consulter de temps à autre, pour que vous délivriez à la caste un blanc-seing, mais jamais on ne vous laissera reprendre la maîtrise de votre destin. « On » pense pour vous, « on » agit pour vous, vous n’avez qu’à consommer et vous taire ! Vous n’avez pas le droit de vous réclamer d’une Histoire, d’une Nation. Le nationalisme, comme le disait précisément devant le « parlement » européâstre le vice-chancelier Holland, « c’est la guerre » ! Laissez-vous envahir, remplacer, métisser, convertir, c’est pour le bien des monopoles qui adorent le dumping sur les salaires ! Laisser-vous déraciner, soyez des végétaux hydroponiques sans terre, gavés d’engrais !
On détruit nos frontières, mais, voyez : les yankees sont protégés par deux océans, leurs frontières demeurent, elles. Pourquoi pas les nôtres ? Parce que, selon le traître Monnet, « la Communauté elle-même n’est qu’une étape vers les formes d’organisation du monde de demain. » Ben voyons ! « Qu’importe le résultat des urnes, le pilote automatique est le même pour tous. Hier la Grèce. Aujourd’hui l’Italie. Demain la France. L’ « ordre spontané» du marché ne peut pas souffrir de la démocratie. »
M. de Villiers nous décrit l’horreur de la situation dans laquelle nous sommes tombés, les peuples dévoyés par d’audacieux filous, escrocs très corrompus qui leur ont longtemps fait prendre des vessies pour des lanternes. L’Europe n’apporte ni la paix ni la prospérité, elle dénie la démocratie, elle dénie aux peuples le droit de disposer d’eux-mêmes, elle provincialise les Nations, elle se met à la remorque de l’impérialisme yankee pour réaliser un monde monopolaire de monopoles apatrides. Ce triste spectacle rencontre tellement nos analyses, que l’on serait porté au désespoir. Tout serait perdu.
J’en étais là, avant de lire les deux derniers chapitres. Heureusement, il y a le Diable ! Ce démon qui effraie l’Europe, c’est la Russie et son chef, Vladimir Vladimirovitch Poutine. Celui pour qui un terroriste « modéré » est un leurre. Philippe de Villiers l’a rencontré précisément là où se fit le partage du monde, à Yalta. « Nous croyons, dit-il à Poutine, que l’avenir de l’Europe ne doit pas s’écrire sur le continent américain. L’avenir de l’Europe doit s’écrire sur le continent européen et l’Europe ne pourra pas se faire sans la Russie. » Rien n’est plus vrai. Vladimir Poutine explique la confrontation des visions du monde entre la Russie et l’Amérique : « la Russie veut un monde multipolaire, m’explique-t-il, les États-Unis le veulent unipolaire – atlantiste, mondialiste. » « Désormais, commente Philippe de Villiers, la Russie libérée de toute idéologie révolutionnaire, assiste en pays libre à l’instrumentalisation de l’OTAN pour asservir le monde à l’Amérique ainsi qu’à son modèle de société. » C’est la réalité : Obama tient Merkel qui actionne Hollande et commande les destinées de l’Europe, diplomatiquement et militairement. C’est ça, la « grande Europe », une province pauvre et bientôt musulmane des États-Unis.
Or nous ne voulons pas de cet « american way-of-life » que le romancier Harlan Coben se plaît parfois à décrire ironiquement, nous ne voulons pas de ces grands enfants qui jouent avec le monde. La Russie montre l’exemple du refus politique et militaire : au-moins offre-t-elle un espoir de résistance. Le dernier chapitre revient sur les avertissements de Soljenitsyne : « Pendant longtemps, le sort de la Russie fut lié à celui de l’Europe. Dostoïevsky écrivait en français. Mais aujourd’hui, c’est fini, nos routes divergent. Vous roulez à l’abîme. Alors que, tout endoloris, nous nous relevons du néant. » Mais cependant, ce n’est qu’une question de temps, « De petites lucioles dans la nuit vacilleront au loin. Au début, peu de gens les distingueront et sauront abriter ces lueurs tremblantes, fragiles, contre toutes les tempêtes hostiles. Il y aura des hommes qui se lèveront au nom de la vérité, de la nature, de la vie ; ils cacheront, dans leurs pèlerines, des petits manifestes de refuzniks. Ils exerceront leurs enfants à penser différemment, à remettre l’esprit au-dessus de la matière. Ils briseront la spirale du déclin du courage. Ainsi viendra l’éclosion des consciences dressées. Aujourd’hui les dissidents sont à l’est, ils vont passer à l’ouest. »
Car telle est la loi anthropologique. Les dissidents sont passés à l’ouest, même si l’affaissement se poursuit, même si nous sommes sous la terrible menace de l’islam. Soljenitsyne nous a rappelé au devoir, celui des refuzniks. Que ce refus devienne insurrection !
Sacha
PS : Merci, M. de Villiers, pour ce livre éclairant !
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