Du mou dans la corde à (tête de) nœuds

RVB de baseSalut les aminches ! Nous ne nous étions pas revus depuis l’abdication de l’inénarrable Mimolette. Il faut dire que l’arrivée du coquebin, je veux dire du chanoine de Latran et accessoirement coprince d’Andorre, nous avons connu du chamboulement à l’Élysée. À commencer par l’expulsion de notre ami psychiatre, le Dr Alonzo Tromondada, au prétexte que la nouvelle faune élyséenne ne comptait pas de fous. En réalité, un sale fouineur qui se fait appeler Ben Allah (c’est ainsi que nous comprîmes son blaze) avait incidemment découvert le réseau de caméras nous permettant d’observer le Malade en Chef. Forcer à la pince Mon Saigneur l’armoire secrète d’Alonzo fut pour l’énergumène un jeu de gouape. Notre ami psy fut donc expulsé avec pertes et fracas. Quant à moi, on prétendit me renvoyer sur ma banquise natale, puisque le nouvel histrion n’avait, me dit-on, nul besoin de leçons de maintien. Vous avez pu vous en rendre compte, d’ailleurs, à ses pantomimes, notamment à l’occasion de la coupe du monde de foot : il y a incarné à merveille un personnage du côté obscur de la Force.

Nous étions donc sur le pavé parisien, lorsque La Conscience nous convoqua à une réunion secrète dans l’arrière-salle d’une plantation de bar-tabac quelque part vers la Mouf’. La Conscience étant un spectre, Ben Allah ne parvint pas à le déloger du palais pestilentiel -pardon : présidentiel. Or, nous expliqua le joyeux ectoplasme, l’Élysée est tout autant la nef des fous qu’aux heures désopilantes du Captain Wreck ; simplement, le décor y est davantage de style Potemkine, l’on s’y emploie avec plus de zèle à cacher l’incontinence du chat sous les tapis persans et les tripatouillages derrière les persiennes. Il serait regrettable, continua La Conscience, que le peuple ne soit pas averti des délires, perversions et méchancetés que l’on observe quotidiennement en ce lieu républicain. Seules quelques énormités parviennent à la moquerie scandalisée du public, telle l’affaire du groupe de rappeurs pervers issus de la Diversité envahissant le palais le jour de la fête de la musique, photos à l’appui. Pourtant, souligna l’Insaisissable, chaque jour apporte son lot de démence à la chronique.

La Conscience nous proposa d’installer lui-même des caméras émettrices du dernier cri, invisibles et indétectables, reliées par ondes d’hyperfréquence à une station camouflée non loin du palais. L’idée était séduisante, aussi aidés par quelques doctorants patriotes, nous déployâmes un réseau d’observation désigné par le code « Tonton Macroute ». Il est aujourd’hui opérationnel. Je vous livre donc une brève séquence.

Le Chanoine de Latran s’exerçait seul devant une caméra de télévision obligeamment prêtée par BFM-TV à quelques contorsions faciales pouvant convenir, pensait-il, à séduire un public blasé, voire agacé, par ses innombrables grimaces. « Non ! Ça ne va pas, ça ne va pas ! », grinçait-il. « Et puis cette coupe du monde ne m’a pas rapporté un point dans les sondages. Va falloir jouer serré aux Européennes, même si en face ils sont encore éparpillés façon puzzle. Heureusement, j’ai mon plan ! » À ce moment, une voix céleste -celle de La Conscience- susurra : « Hum… On dirait bien qu’il y a une pierre dans le jardin de la start-up macronique ? » « -QUI a dit cela ? » hurla le chanoine, « s’il y a un plaisantin ici, qu’il se montre, je vais lui apprendre de quel bois Jupiter se chauffe ! » « - En attendant, poursuivit la voix, on dirait que votre bon camarade Benalla se chauffe au bois de matraque ! » Le nez du coprince d’Andorre passa de cerise en pivoine. « -Ah le con ! Il a fallu qu’il se fasse coincer par un cameraman le premier mai ! Ces salauds de réseaux sociaux en font les gorges chaudes, et même MA presse en parle… » puis, se reprenant : « Par les milliards d’Arnault ! Voilà que je soliloque à voix haute ! » Et, rageur, il pressa un bouton : « Que Gégé s’amène fissa ! ».

Le ministre de la Police entra. « Collomb ! J’ai bien envie de vous rétrograder au rang de laveur de carreaux ! Pouviez pas mettre l’affaire sous l’éteignoir ? Nom de Rothschild ! La startup est en pleine mélasse ! » Le vieux combinard lyonnais ne se laissa pas démonter : « Hé ! Quand Lahcène Benhalia, puisque vous connaissez son vrai patronyme, a tabassé une femme puis un homme à terre, le premier mai, nous avons écrasé le coup, non ? On l’a mis quinze jours au pain sec, et puis vous l’avez-vous-même, en douce, reclassé au Palais. » « -Vous… vous… argggglll ! » s’étouffait Jupinet « c’est même pas vrai ! Fake-news, nom d’un Drahi ! » Le premier flic reprit, imperturbable : « Pourtant, vous en avez fait l’adjoint de votre chef de cabinet. Et vous l’avez chargé de remettre de l’ordre dans votre garde prétorienne ! »

Avant que le coprince n’ait le temps de saisir Collomb au collet pour l’étrangler, La Conscience se manifesta : « Parfaitement vrai ! Dix sacs mensuels, une guinde de fonction et une garçonnière dans une dépendance de l’Élysée. Pas mal pour votre copain de ski, chanoine ! » « -Keksékça ? » glapit l’acteur manqué. « Ça, expliqua Gégé, c’est un esprit malin qui hante le Palais depuis 2012. Je croyais qu’il nous avait souhaité bon suaire l’an dernier, mais nib ! » « -Foutez-le dehors ! » « -On peut toujours rêver ! » ricana le petit spectre, « je vais vous réveiller des souvenirs, à tous deux. Primo, Lahcène Benhalia a été introduit dans le parti socialiste par la calamiteuse Belkacem, mi- française mi- marocaine et agent du Commandeur des Croyants. Là, il a fait le nervi, et même Montambour l’a viré à la suite d’un délit de fuite. Secundo, votre Benalla est loin d’être un amateur, il a été formé à la DGED marocaine, en d’autres termes c’est une barbouze étrangère prêtée à vous, Jupinet. Tertio, c’est une pure racaille. Quarto : vous savez tout cela depuis le début. Alors ? » Les deux énergumènes prirent des airs de dindons offensés et se mirent à brailler à qui mieux mieux : « Fake-news ! Fake-News ! » « - FUCK-news, plutôt, se marra La Conscience, maintenant essayez de comprendre comment tout ce schpintz est arrivé dans les salles de rédac de vos médias ! »

Là-dessus, le facétieux ectoplasme disparut, laissant les deux comploteurs déconfits comme des poires blettes. « - OK, ragea le chanoine, va y avoir une remontée de bretelles ministérielles sous peu. D’ailleurs j’ai envie de virer la mère Nyssen et la Belloubet. Gaffe, Gégé, jamais deux sans trois ! » « -Bah ! philosopha le ministre, les quinquennats aboient, la caravane passe ! De toute façon, nous trouverons bien une astuce pour faire prendre les vessies pour des lanternes. » « - Y a -T’AS- intérêt ! » conclut Jupinet d’un ton rogue.

« Ça marche au poil ! jubile Tromondada, je crois qu’il y a une belle continuité dans la dingomanie élyséenne. Oh ! Le beau cas ! »

Alfred.  

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