Froussards et margoulins

bouhIl ne faudrait pas exagérer, tout de même ! Tout ça pour un virus vicelard qui saute d’un bonhomme à un autre comme la vérole sur le bas clergé. On dirait que c’est la peste noire, alors que ce n’est au fond qu’une grippe un peu plus teigneuse que les précédentes. Certes, ça peut tuer davantage, mais pas tant qu’on le raconte, du reste les statistiques ne sont pas d’accord là-dessus. Ce qui n’a rien d’étonnant, Marc Twain voyait dans les statistiques le pire mensonge après les mensonges et les sacrés mensonges. Je ne comprends pas pourquoi tout à coup les puissants de ce monde paniquent, enferment les populations en bocal, crient au charron et mettent les pays en chômage technique. Soit : on confine, respectons donc les consignes de confinement, en bons citoyens, mais gardons une idée derrière la tête : j’applique, mais je n’en pense pas moins.

Il y en a qui n’appliquent pas, par exemple dans les zones tribales autour de Paris-Lès-Rats. Comme d’habitude, on ne les cogne pas, voyons, ce sont des communautés déjà stigmatisées même si personne n’y porte les stigmates de la Passion (et pour cause !). Et puis il y a les abrutis qui trouvent révolutionnaire de se rebeller parce que ça fait bien. Ils n’ont peut-être pas tort, tout ce tintouin du confinement n’a probablement aucun sens, mais comme disait le curé de mon village, dans le doute il vaut mieux s’abstenir. Mais ce ne sont-là que des épiphénomènes. On va voir qu’il y a bien plus grave.

On entend ici et là des prêcheurs d’Apocalypse : il faudrait bien les enfermer. Certains d’entre eux sont alopèxodès (1), ce sont des fourbes cherchant à pêcher en eau trouble. Mais la plupart sont des malades mentaux tel le « prophète » Philippulus de l’Étoile Mystérieuse. Tous sont ridicules. L’ennui est que ces énergumènes influencent les simplets. Et Dieu sait combien nombreux sont ceux-là dotés d’un cerveau de Shadock prêts à embrener leur pantalon pour le simple « bouh ! » d’un Droopy farceur. Alors, pensez, un virus un peu taquin ! Deux sortes de comportements vils, honteux, méprisables, s’observent en ce moment.

Le premier est celui des pénuristes. Ce genre de déchets se retrouve dans toutes les situations critiques : guerres, épidémies, effondrement de l’économie etc. Le pénuriste avide stocke tout ce qu’il peut, en espérant que la demande excède amplement l’offre pour revendre au prix du marché noir. Voir Au Bon Beurre de notre regretté Jean Dutour, et La Traversée de Paris de Claude Autant-Lara. On me dit qu’il existe en ce moment des cas de revendeurs de masques protecteurs ; je ne sais si c’est vrai, mais cela ne m’étonnerait pas.

affiche-du-marechal-smallEt puis il y a le pénuriste trouillard : une larve apeurée. C’est l’archétype du con-consommateur, habitué à l’abondance procurée par une société qui n’a pas connu la guerre depuis soixante-dix ans. Les approvisionnements en denrées dites « de première nécessité » ont beau ne pas manquer, notre pénuriste craint plus que tout de manquer. Aussi se rue-t-il au supermarché du coin. Le parking est plein de voitures. On raconte qu’un imbécile voiturait deux chariots pleins à ras-bord jusqu’à la caisse, et sans doute en eût-il poussé trois s’il avait eu trois mains, ce congre debout ! Je n’ai pas fait encore mes courses hebdomadaires, ce sera pour vendredi, avec, comme à l’ordinaire, une simple liste des ingrédients nécessaires à ma cuisine de la semaine prochaine, rien de plus. Mais plusieurs témoins me disent que chez les Yakuza (2) les pâtes, le riz, la farine et … le papier-toilette ont été razziés par des sauterelles apeurées. Il paraît même que des oligophrènes se battent pour savoir qui aura tout.

Ce genre d’abruti est bien de son temps : il ne pense qu’à lui, son tube digestif (de haut en bas, voir le papier-toilette) est le centre du monde. Un trou noir. Il accapare, il se gave, et tant-pis pour les autres. Tel est le summum du comportement incivique. L’énergumène est le pur produit de l’infra-culture « progressiste », individualiste, hédoniste forcené. Une crevure.

Le second comportement exécrable est celui des exodiques. On peut à la rigueur comprendre qu’en cas de guerre, des populations se mettent à courir la venelle, de peur de devenir dommages collatéraux, encore est-ce une attitude discutable quand des hordes de fuyards encombrent les routes et gênent le mouvement des troupes montant au front. Sans compter que lesdites hordes se font un peu mitrailler à l’occasion.

Mais …  On a vu des hordes de citadins, des parigots, me dit-on, prendre d’assaut les trains en direction de cette France périphérique, celle des bouseux, des ploucs qui n’ont rien compris aux bienfaits de la société ouverte. Bref, ils courent la venelle, les uns vers la résidence secondaire, les autres vers les vieux parents dont ils de fichent comme de leur première chaussette en temps ordinaire. Certes, Paris-Lès-Rats ne doit pas être bien agréable, sans le vacarme incessant, sans les phasmes à trottinettes, sans les salles à spectacles subventionnés, sans les cafés où de soi-disant intellectuels refont qui l’humanité, qui les genres, qui les tout ce que vous voudrez, en concoctant de vilaines choses salopardes.

Attitude de débâcle. Ces abrutis -oligophrènes, dirait notre ami Vautrin- font preuve de leur illogisme congénital. Oui, le milieu urbain, avec une forte densité de cons au mètre carré, est favorable à la propagation des maladies, à commencer par celles de l’esprit. Certes, les immeubles sont des foyers d’infection potentiels. Mais aller s’entasser dans des trains, quand on connaît l’admirable espace réservé aux voyageurs dans un wagon de la SNCF, c’est comme aller se baigner dans un lac envahi de schistosomes et contracter presque à coup sûr la bilharziose. Des sujets encore sains -de corps !- n’auront pas manqué d’être infectés.

Et l’infection, ils vont l’apporter dans les campagnes, là où il y a moins de flics au mètre carré pour imposer les règles de confinement. Parce que le bobo, le phasme à trottinette, ne restera certainement pas cloîtré dans sa maison secondaire : l’air est pur, la route pas très large, mais on peut bien aller faire un tour. On va à la supérette des ploucs, ça dépayse autant que d’aller renifler la bouse des logis Masaï, et on peut faire étalage de sa haute civilisation de métrosexuel. Quitte à contaminer la marchande et les commis. On peut aussi aller au supermarché des bouseux, comme c’est drôle, ça ne ressemble pas à Paris ! Quant aux vieux parents, ma foi, s’ils chopent la maladie, ça fera des retraites en moins à payer. Et d’ailleurs, on pense déjà aux rénovations qu’on apportera à la vieille ferme, après.

J’espère que les gens des campagnes, imposeront à coup de fourche la discipline aux bobos et autres phasmes. Pour ma part, j’y suis tout disposé.

Donc voilà. La rumeur dit que l’ancien ministre de la santé, impétrant pour la mairie de Paris-Lès-Rats, aurait publiquement déclaré qu’elle savait très tôt sur le virus, ses méfaits, sa prolifération. On m’a répété qu’elle en avait averti les dilettantes du gouvernement. Si c’est vrai, considérant que ces hurluberlus n’ont rien fait pour parer la menace, le citoyen Lambda a de solides raisons pour subodorer une vilaine fumisterie pendable. Nous verrons.

En tous cas, on ne parle que du virus épidémique, même sur les sites de réinformation. On ne parle plus des retraites, des Gilets Jaunes, de l’invasion et des manigances de l’infame Erdogan. Ça finit par lasser, et c’est plutôt louche. Tiens, j’ai entendu une bonne comparaison, sur TVLibertés, dans l’émission Perles de Culture : c’est comme lorsque le rideau tombe entre deux actes d’une pièce de théâtre, le public ne voit rien, mais quand il s’ouvre pour l’acte suivant, on se rend compte que le décor a changé. Il se peut très bien que derrière le schproum coronaviral se concoctent en loucedé de sales traîtrises bien fumières. Le ministre de Bercy aura beau nous dire qu’on tirera la leçon économique de la crise, qu’on réindustrialisera, qu’on nationalisera des secteurs stratégiques, je n’en crois pas un mot. Le nouveau décor risque fort de nous déplaire, au contraire. Gaffons-nous et préparons des triques pour rosser ces guignols.

L’Imprécateur.

(1) Alopèxodès : du Grec ancien alopèxion, le renard, réputé pour sa ruse. Synonyme de fourbe. (NdR après consultation de l’helléniste Vautrin)

(2) Nous sommes longtemps demeurés perplexes quant à l’identité des « Yakuza ». Après enquête, nous avons découvert qu’il s’agit d’une chaîne de magasins dont la devise est Les Mousquetaires de la distribution. (NdR)

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