L’important est actuellement de décider si l’on doit consommer les asperges blanches, violettes ou vertes, comment les cuire, à l’eau ou à la vapeur, comment les accommoder, au beurre fondu, à la mayonnaise, en vinaigrette. Se souvenir aussi que l’ancien savoir-vivre exigeait que l’on consommât la pointe à la fourchette et le reste à la main ; mais ne peut-on pas consommer toute l’asperge en la tenant à la main, et dans ce cas faut-il donner des rince-doigts aux convives ?
Voilà de vraies questions existentielles qui en appellent nécessairement d’autres, par exemple : trouverons-nous en temps voulu des asperges, puisque l’agriculture manque de bras pour la récolte ? Où en trouverons-nous puisque les marchés disparaissent ? Devrions-nous les déguster seul ou autour d’une table de quatre, cinq ou six convives confinés ?
Vous voyez, l’asperge est le plus philosophique des légumes. Je ne comprends pas pourquoi Mme Sibeth ne l’évoque jamais au cours de ses logorrhées fantastiques autant que phantasmatiques, pourquoi le doctissime Michel Symes ne recommande pas son emploi massif en panacée, pourquoi les nobles experts licenciés ès sciences du journalisme, quand ils ne sont pas maîtres en théorie du genre, renâclent à y faire allusion sur les chaînes du Service Public. Ce n’est pas juste, ce n’est pas bien.
Je me souviens de ma jeunesse ; une jeune beauté de ma connaissance avait été sacrée Reine des Asperges par mes camarades et moi. Je me demande bien pourquoi. Du coup, je me dis que ce serait une belle idée que de trouver, dans la volière médiatique, une sémillante animatrice, ou « débattrice » (à moins que ce ne soit « débatteuse » ou « débatteur.e » ?) digne d’être couronnée Reine des Asperges. Elle pourrait user de son aura royale pour réhabiliter le tendre légume.
Il est vrai que les critères de choix seraient sévères, car outre les mensurations idéales (90-60-90) et un joli minois, il faudrait un maintien altier connotant « la classe », savoir bien descendre une volée de marches, un sourire propre à faire oublier le gris des jours et tout ensemble être cultivée et intelligente. Ceci énoncé, je ne vois pas quelle femme médiatique pourrait prétendre au trône de Reine des Asperges. J’avais un instant pensé à Madame de Malesherbes, Apolline de son beau prénom ; hélas, l’ayant vue se comporter en accusateur public du Tribunal Révolutionnaire de la Bien-pensance, alors qu’elle cuisinait d’un ton acerbe un Juan Branco certes point blanc-bleu, j’ai compris qu’il lui manquait, outre le sourire, de satisfaire aux deux derniers critères de culture et de clarté d’esprit.
C’est regrettable, car finalement aucune cocotte de la volière médiatique ne pourrait prétendre à la Couronne. Bien sûr, l’éclat emprunté dont elles ont soin de peindre et d’orner leur visage, ensemble avec des séances de gymnastique, souvent pour réparer des ans l’irréparable outrage, pourrait faire illusion. On ne saurait extérieurement les confondre avec quelques hommasses, harpies échevelées, hystériques quérulentes qu’elles invitent complaisamment à cracher leur venin à l’écran. Misérablement, à les observer et à les écouter, l’homme averti ne saurait leur conseiller autre brigue que celle, fort dévalorisée, de Reine des Courges.
Que l’on ne m’accuse pas de cucurbitaphobie, la courge pouvant se consommer en gratin ou en potage, je la respecte. C’est par un curieux détour des mots que la cougourde est devenue la gourde, récipient que le pèlerin abstème emplit d’eau. De là, bien sûr, la gourdasse, être au cerveau liquide n’ayant pour tout potage que la Correction Politique. Pour cette raison, et seulement pour celle-ci, lorsque les criailleries des pintades médiatiques finissent par avoir raison de ma légendaire patience, je leur enjoins de se taire, « bougre d’extrait de courge ! »
Cette digression faite, me voilà toujours au même point. Il demeure un monde asparagique en quête de Reine. Un vilain génie me susurre qu’une telle quête est aussi vaine que celle de l’évanescent Graal, au motif que les dames médiatique Bien-Pensantes, craignant que l’on apparente l’aspect du légume avec celui du sacre Ithyphalle, seraient outrées d’être choisies pour devenir Reine des Asperges. Je lui réponds que toutes les élues ne craignent pas les phalènes, tout de même ! Il ne veut rien entendre. Je lui rétorque que Mme Lily-Marlène, sous-ministre de je ne sais quelle égalité entre la Belette et le Petit Lapin (Mustella Nivalis et Cuniculus), ne saurait confondre, étant auteur d’ouvrages lestes traitant notamment du Kamasutra appliqué. Sans doute, conclut-il, mais elle ne correspond pas à tes critères. Pan sur le bec !
S’il ne peut y avoir de Reine des Asperges… alors où sont les neiges d’antan ? Il se creuse au pied du légume un abîme métaphysique qu’envierait le Concombre Masqué de ma jeunesse. Par exemple : peut-on appeler sycophante un délateur dénonçant aux argousins ceux qui volent les asperges ? Bien sûr que non, car l’asperge n’est pas une figue. Aucune des deux ne choisit son genre, il lui est imposé par Dame Nature et c’est heureux. En revanche, le délateur n’a pas de genre, c’est simplement une espèce abjecte dont on me dit qu’elle s’est répandue depuis la première Occupation et qu’elle prolifère à l’occasion de l’Occupation présente. Il en existe sûrement de capables de cafarder les voleurs d’asperges. Je me demande si le Club des Sept de Saint-Pol-de-Léon, dénoncé aux argousins pour irrespect de l’ordonnance de mise en conserve (1), ne consommait pas d’asperges pour accompagner l’apéro. Donc soyons discrets lorsque nous goûtons le légume défendu. Et tant qu’à prodiguer d’édifiants conseils, ne cherchez pas, qu’il vous espionne ou non à butiner les asperges, à pulvériser un bourdon (un drone en globish) du Guet, l’engin volant hors de portée d’un fusil de 12 ; en revanche, en vol stationnaire, il est à portée d’une carabine 22LR, on peut donc lui expédier une pointe d’asperge de 5.5mm. 150m de distance, ce n’est pas le Diable ! Prenez soin cependant de ne pas vous exposer dans le champ de ses caméras.
Mais je Mégare, comme disait l’Euclide du même lieu (450 – v. 366 av. J.-C). Faute de pouvoir résoudre l’épineuse question métaphysique de l’asperge, nous en sommes réduits à consommer des asperges en conserve. Or il n’y a aucune chance d’y trouver la Reine des Asperges, puisque les boîtes sont fermées au grand dam de l’homo festivus. Voire ! Selon les vénérables Francs-Maçons Giacometti et Ravenne (2), chacun aurait son propre Graal. Ergo : pourquoi chaque homme normalement constitué n’aurait-il pas sa Reine des Asperges ? Elle n’a pas besoin d’être médiatique, c’est peut-être votre voisine.
Bon appétit, les amis !
L’imprécateur
(1) Voir ici, par exemple (NdlR).
(2) L’empire du Graal édi JC Lattès, coll. Pocket
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Chez Books on Demand (BoD)

Excellente approche anthropologique de l'immense différence entre les femmes Russes et les horreurs quérulentes à cheveux bleus de chez nous.

Livre truculent, dont il faut retirer " la substantifique mœlle". Lorsque tout fout le camp, que faire ?
À lire pour rire et réfléchir !
Très instructif. À méditer !
D'où viennent-ils ? Qu'ont-ils vu ? Quel est le combat ?
Pensée et testostérone !



Insigne des Masques Jaunes :
adoptez-le, portez-le !






Bon ! À vos portefeuilles !





ASSEZ DE BARBARIE !!!

et toutes les formes de fascisme dont le socialisme.
Notre "antikons" a le droit d'aînesse :)
Que de tels mouvements naissent chez nous et dans toute l'Europe !