Dix leçons tirées de l’épidémie

hiboux025Je l’avais noté lors de la tempête de la fin 1999 : nos sociétés trop dépendantes de la technique sont fragiles. Il suffisait de quelques arbres à couper les lignes de haute tension et crac ! La panne d’électricité enchaîne des conséquences nuisibles en cascade. Cette faiblesse technique s’ajoute à d’autres : dénatalité chez les autochtones « de souche », idéologie anti-identitaire et mondialiste. Je crois qu’il est temps de faire un bilan -provisoire- des leçons que l’on peut tirer d’une pandémie dont on a sans doute exagéré sciemment le caractère dangereux.

1- On constate qu’une partie de l’humanité, celle vivant dans les Byzance occidentales, est devenue friable en raison de l’hédonisme forcené qui sévit depuis au moins la fin de la IIe Guerre Mondiale. Le bon-sens, sinon la raison, ont abandonné ces peuplades gavées de superflu, et ont fait place à un sentimentalisme exacerbé, individualiste contemplateur de son omphalos. En conséquence, les réactions devant la moindre broutille sont presque exclusivement dictées par le cerveau reptilien, ce paléocortex archaïque où se nichent les réactions d’appétence et de de peur que désormais le néocortex, faute d’entraînement, n’est plus en mesure de tempérer par l’analyse consciente et lucide de la réalité.

2- La panique qui résulte de la moindre anicroche peut alors s’étendre de manière épidémique. Il est facile de provoquer et d’amplifier la panique à des fins de politique totalitaire. C’est précisément ce que l’on observe, si l’on est attentif, à travers les mesures prises par certains gouvernements, dont celui de la France. L’on vise à une tyrannie, non à une dictature, par le biais d’une dictature sanitaire. L’épisode actuel est très intéressant, car il montre, côté sanitaire, d’une part l’endogamie entre les grands laboratoires pharmaceutiques et le pouvoir politique, d’autre part la puissance d’une bureaucratie qui s’exprime en ce moment chez nous par le pouvoir de fonctionnaires du ministère dit de la santé, par celui des agences régionales de santé, par un taux de 34% de bureaucrates dans l’hôpital public, par l’Ordre des Médecins (créé par le régime de Vichy).

3- Cela s’inscrit dans l’illogique des pouvoirs modulaires qui ont envahi la sphère politique à la faveur d’une inflation de l’État. Le premier en date est celui du cuistre, pouvoir de l’enseignement qui a dépouillé les familles du rôle éducatif en s’instituant éducation nationale. Le second en date est celui du robin, pouvoir judiciaire non élu, qui au lieu de dire la loi la fait et agit sur le politique. Le dernier en date est celui du mire, le pouvoir non plus thérapeutique mais sanitaire. Ces pouvoirs n’ont aucune légitimité, et l’on peut s’interroger sur leur légalité. Mais ils sont là et sévissent. Je pense que l’on pourrait ajouter un quatrième pouvoir modulaire, coiffant les trois autres, celui du fesse-mathieu uniquement préoccupé de profit et déplaçant à sa guise les capitaux vers les lieux où ils trouvent à nourrir l’actionnaire, quels que puissent être les besoins ailleurs.

4- Le pouvoir du fesse-mathieu explique ce phénomène que nous appelons mondialisation. Or la situation actuelle met en évidence les ravages de ce pouvoir du capitalisme financier et des idéologies qu’il a réussi à loger dans les crânes. C’est précisément a contrario de ce spectacle que l’on tirera des leçons.

Première leçon : Nous sommes mortels, ainsi va toute vie. On l’oubliait à cause de ce divertissement dont parlait Pascal. La Mort était occultée, discrète depuis la fin des funérailles d’antan chantées par Brassens. Des charlatans nous promettaient l’élixire de longue vie, voire la vie corporelle éternelle. On a réussi à prolonger ce qu’ils appellent l’espérance de vie, mais au prix de coûteux bricolages techniques et de l’enfermement dans des mouroirs du genre maisons de retraites et éhpads, car décidément, tous ces vieux étaient devenus encombrants pour les « jeunes ». Eh bien, nous réapprenons la Mort, ce n’est pas si mal si cela donne à réfléchir. Mais nos sociétés occidentales ont un rapport déplorable avec cette Mort occultée : elles tremblent au moindre risque, alors que le risque est d’ordre cosmique, pourrait-on dire, qu’il est ce à quoi est exposé par contingence chaque élément du cosmos, et singulièrement le vivant.

Deuxième leçon : La médecine n’est pas une science, mais essentiellement un art, c’est-à-dire une pratique alliant savoirs scientifiques, pratique technique expérience, relation de soin établie entre thérapeute et patient. Elle se fait au cas par cas, non en fonction de patients-fantômes statistiques et de préconisations économiques. Le métier du thérapeute est de diagnostiquer et de soigner, tel est le principe du Serment d’Hippocrate. C’est pourquoi aucun pouvoir politique, aucune institution, aucun groupe d’intérêts ne saurait être autorisé à prescrire a priori des thériaques normalisées. La polémique contre le Pr. Raoult est emblématique de la dérive ploutocratique et scientiste des institutions sanitaires. La médecine n’est pas non plus affaire de riz-pain sel, de tableau Excel et de comptabilité minable.

Troisième leçon : L’urbanisation à outrance, qui a produit des mégapoles cosmopolites, constitue un danger pour la survie de l’espèce. La promiscuité urbaine est un facteur indéniable de propagation des épidémies en tous genres, sanitaires bien entendu, criminelles, idéologiques, de perversion des mœurs, d’affaiblissement des caractères. Elle divise la population des pays en groupes antagonistes, ce dont témoigne notamment la fracture entre « ruraux » et « urbains ». En outre, l’urbs est fragile car trop dépendante des apports extérieurs en énergie, moyens de transmission, vivres. Que cela vienne à manquer et la population urbaine devient incapable de survie, même à court terme.

Quatrième leçon : La famille reste la cellule de base de la société. Vilipendée, haïe, elle s’est révélée être le refuge ultime de ceux qui s’imaginaient libres et sans racines. Le confinement, pour détestable qu’il soit, a révélé par le biais de l’accroissement des conflits conjugaux que la famille est d’abord une fondation sociale, basée sur un contrat enrichissant une lignée en la perpétuant et que penser la fonder sur des appétits, attirances, désirs faussement baptisés « amour », aboutit presque immanquablement à l’échec. La famille est appartenance et service, elle protège et éduque, inclut et exclut, aide et punit. C’est un milieu qui ne saurait ni souffrir l’influence de l’État ni être corrompu par les modes et idéologies en vogue.

Cinquième leçon : La frontière est indispensable. Elle est naturelle dans la mesure où elle délimite ce qui dans l’être vivant relève du dedans et du dehors. Mais elle est surtout culturelle, donc formelle, car elle fonde l’altérité de la personne qui, du coup, ne peut pas être « interchangeable », contrairement à ce que clament les doctrinaires soi-disant « libéraux ». La frontière est formellement inclusive-exclusive, en cela qu’elle délimite des groupes humains, des peuples et les pays qui les habitent, donc l’espace social où s’exprime la volonté commune sous la forme des lois qui limitent le conflit des altérités, elle délimite le champ des mœurs communes. Politiquement, elle fonde la souveraineté d’un peuple, et la protéger, c’est protéger le peuple tout entier.  C’est faire courir aux peuples un danger mortel que de tenter de les abolir ou de trop les ouvrir ou, pire, de soumettre une nation à la loi d’une entité internationale. Nous venons de vivre un épisode tragique pour avoir oublié cela. La libre circulation des gens, des biens, des capitaux, à l’échelle mondiale est une aberration.

Sixième leçon : Il ne saurait exister de gouvernement mondial. Chaque peuple a son altérité, son pays, ses mœurs propres, ses intérêts propres, donc ses institutions propres qui relèvent de l’acception commune de ses citoyens. Il en résulte la diversité normale des nations que l’on ne peut que constater. Les relations entre peuples ne peuvent donc que résulter d’accords et de contrats passés entre nations, au cas par cas. Les institutions internationales, pour autant qu’elles ne soient pas les paravents d’intérêts impérialistes comme le sont réellement l’ONU, l’UE, ne peuvent être au mieux qu’une arène de vaines discussions. Elles ne sauraient dicter leur conduite aux peuples. Les errements de l’UE, de l’ONU et de l’OMS témoignent de l’inutilité voire de la nocivité de ces organismes-là. Quant à l’OMC, elle ne fait que refléter les intérêts économiques et financiers des impérialismes. Un gouvernement mondial n’aurait aucune légitimité, ne serait aucunement un gage de démocratie universelle -vieille lune du progressisme mais immense mensonge- et tout au contraire serait totalitaire, car il nierait la spécificité des peuples.

Septième leçon : L’économique est certes indispensable dans la mesure où elle résulte de la division sociale du travail. Les biens s’échangent. Toutefois, si l’économique ne peut être négligée, elle n’est que la résultante de l’existence des groupes humains et non leur principe fondateur. Autrement dit elle ne saurait être au principe du politique ni de la politique. Notamment, on ne doit pas mettre un peuple en danger au prétexte des dysfonctionnements de l’économique. Le PIB, fausse mesure, ne doit pas être un principe directeur de la politique. Nous venons de constater combien il est néfaste de disperser la production aux quatre vents du monde, en transformant des pays en ateliers mondiaux : c’est un facteur de gaspillage et de désordre en même temps qu’un moyen de chantage. Qu’une route internationale soit coupée et tout s’effondre. En revanche, il est raisonnable pour un pays de s’assurer une base productive industrielle et agraire, fondée sur des capitaux autochtones et sise dans le pays même, afin de se garantir le plus d’autonomie stratégique possible. Cela n’empêche pas les échanges entre pays, mais dans la mesure où chaque partenaire ne peut lui-même produire tous les biens dont il a besoin.

Huitième leçon : Il est vain et dangereux d’attendre d’un État centralisé qu’ils se substitue à notre propre responsabilité et nous prive d’autonomie. Nous avons constaté la faillite de l’État dans la gestion de l’épidémie. Nous avons même laissé s’installer des « états » communautaires dans l’État. Mais il faut tout de même se souvenir qu’un État n’existe en réalité que par délégation des rôles régaliens des citoyens, à savoir l’auto-défense de leur vie, de leurs biens, de leur famille, et la défense du pays. Il est de plus en plus évident que d’avoir dévolu à l’État d’autres rôles qui relèvent strictement de notre responsabilité ne pouvait qu’avoir des inconvénients : centralisation excessive, lois aveuglément contraignantes et souvent à côté de la plaque, pléthore de bureaucrates qui rendent impuissante toute action publique. Il est préférable de laisser s’exercer, en dehors du strict régalien, l’autonomie du citoyen, l’entreprenariat, le système-D, l’initiative locale, les circuits de distribution courts et ainsi de suite. À un État omnipotent la réalité oppose un libéralisme bien compris : national et populaire. Y compris en matière de santé. La limitation des excès relève de lois hégétiques, c’est-à-dire à une codification socialement acceptée de la faute et des dédommagements corrélatifs. (1)

Neuvième leçon : La presse et les médias officiels, publics ou non, mentent délibérément et se font le relais de la parole gouvernementale et de la propagande « progressiste ». On ne peut leur accorder qu’une très faible crédibilité, voire aucune crédibilité. Ces entités n’ont pas à s’ériger comme un « pouvoir » car, tout comme le « pouvoir judiciaire » elles ne procèdent pas de la délégation de pouvoir du peuple. On doit les empêcher de s’instituer en organismes de censure dirigés contre la libre-information. C’est aux citoyens d’évaluer et de juger de la verisimilitude d’une information, à condition que leur soient fournis tous les éléments nécessaires à cet exercice. C’est un privilège du citoyen que de pouvoir exprimer sans contrainte ni censure ses opinions et suffrages.

Dixième leçon :  Il ne faut rien attendre ni d’un gouvernement ni d’entités internationales telles l’U.E. ou l’ONU, ni d’entités étrangères quelles qu’elles soient, quant à un redressement national. Nous avons constaté lors de cette épidémie que, fort légitimement, la règle était le « chacun pour soi ». Un nouveau « Plan Marshall » ne ferait qu’accentuer notre sujétion à un impérialisme. Il nous incombe de travailler avec nos moyens, notre savoir-faire, notre courage, nos sacrifices pour relever nous-mêmes le pays qu’une politique irresponsable de panique a plongé dans le chaos.

J’aimerais que ces dix leçons soient connues et méditées, et qu’elles ne soient pas oubliée lorsque les citoyens enfermés seront à nouveau autorisés à se déplacer librement et à reprendre leurs activités. J’aimerais que l’épidémie fasse litière des idéologies progressistes -de toutes les idéologies progressiste, mondialiste, décadente, perverse- et marque un retour à cette bonne vieille Raison qui a tant manqué depuis des lustres. Le monde d’après la panique exacerbée consécutive à une épidémie somme toute assez ordinaire ne sera jamais comme avant. Si nous persistons à vénérer les vieilles lunes, ce monde sera pire. Si nous retrouvons le bon-sens, il peut devenir certes âpre, mais un peu moins irrationnel et fou.

Quant à faire le pari sur un retour au bon-sens, mon pessimisme foncier ne me dit rien de bon. Je souhaite me tromper.

Vautrin

(1) Une autre restriction semble nécessaire : en matière d’économique, le financement de l’initiative devrait se faire uniquement sur capitaux nationaux, propres aux citoyens du pays, en évitant l’apport de capitaux étrangers. On a vu comment General Electric a saboté le secteur énergie d’Alstom, comme la dernière usine de masques protecteurs a été achetée et fermée par un acheteur Américain. Cette clause devrait être appliquée au moins aux activités des secteurs stratégiques.

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