Les mougeons en foule

Fou

(Texte long)

J’avoue que les facéties d’Alfred et de ses deux complices à propos des « mougeons » ont titillé ma curiosité. Les mougeons existent, ce sont des êtres suggestibles, veules et suiveurs. Les sondages ne sont jamais fiables (1), toutefois l’institut YouGov indique que 32% de nos concitoyens affirment qu’ils n’accepteraient « probablement ou certainement » PAS de se faire vacciner contre la peste Chinoise, et 12% ne sauraient pas ce qu’ils feraient. Le 22 mai dernier, selon un « chercheur » en sociologie, il n’étaient que 22 à 25% à déclarer refuser un vaccin fabriqué à l’arrache. Il y aurait donc un certain progrès dans la conscience raisonnable (2), il reste tout de même une majorité de mougeons (56%) qui accepteraient de se prêter aux manigances des Vaccinator du Groβ Pharma. Pourquoi ?

Je n’ai pas de réponse, car l’humain ne se met pas en équations contrairement aux phénomènes qu’étudie la Physique. D’un côté le flou, les mythes, le romanesque et les légendes urbaines, de l’autre côté l’imparable précision des modélisations mathématiques (3) éprouvées par l’expérimentation : les prétendues « sciences humaines » ne font pas le poids. Il n’empêche, le sage peut légitimement se demander comment des courants d’opinion absurdes peuvent se former, perdurer jusqu’à actionner des foules. Quel impetus conduit des masses de jeunes imbéciles à défiler suivant une prêtresse climatolâtre autiste, quel autre déclenche une réaction de panique conduisant à consentir à s’enfermer, à se voiler la face et à servir de cobaye ? Quel autre encore conduit un jeune crétin connu de moi à refuser comme ses comparses LFI d’aller à Perpignan sous prétexte que Louis Alliot en est le maire ?

Personnellement, je redoute la foule et m’en tiens éloigné autant que possible, sauf lorsque ses convulsions s’accordent à mes détestations politiques, encore qu’en ces occasions je demeure bien plus observateur que militant, car je me méfie. Et d’ailleurs, qu’est-ce qu’une foule : une assemblée de sujets parqués hic et nunc dans un espace physiquement défini, ou bien un ensemble flou de sujets dans un espace formel socialement partagé, en dehors de toute densité physique par mètre carré ? Je subodore que ces deux aspects se complètent et se substituent l’un à l’autre au gré des tribulations sociales. Toutefois, cela ne règle pas le problème.

Curieux, j’ai relu Massenpsychologie und Ich-Analyse du vieux Sigmund, essai daté de 1921 (4). Je ne suis pas adepte de Freud, et je considère que prétendre situer la libido à l’origine des phénomènes sociaux est un pur impérialisme de la rationalité éthique (voire plutôt de la bestialité pulsionnelle) sur la rationalité politique (ou sociologique), alors que ce qui nous fait Homo Rectus n’est pas ce qui nous fait Homo Politicus (5). Donc à mes yeux la théorie freudienne du moi (Ich) pris comme instance du social ne vaut pas tripette. En revanche, je me suis souvenu que Freud commençait son ouvrage en citant des travaux d’observateurs des foules, tels Le Bon (Psychologie des Foules, 1912) ou Mc Dougall et qu’il en avait tiré la substantifique mœlle dans l’espoir (déçu selon moi) d’en tirer aussi une explication. Qu’en est-il ?

D’abord, une remarque banale : la réaction d’un sujet dans une foule n’est pas celle d’un sujet isolé. La foule est composée de sujets hétérogènes, mais tout s’y passe comme s’ils étaient soudain dotés d’une « âme collective » qui les fait sentir (le « ressenti » diraient les cuistres), penser, agir, réagir d’une manière différente de ce qu’ils sentent, pensent et agissent isolément. Rien de nouveau ici. Le Bon voit aussi le sujet doté alors d’un sentiment de puissance invincible lui permettant de céder à des instincts que, seul, il eût forcément réfréné. La régulation éthique disparaît, avec elle la culpabilité.

Ensuite, Le Bon évoque la contagion mentale qu’il rattache aux phénomènes d’ordre hypnotique : état de fascination, volonté et discernement abolis, orientation « par voie de suggestion et de contagion des sentiments et des idées », la contagion pouvant être considérée comme expression de la suggestibilité. La suggestion, c’est l’action que les membres de la foule, pris isolément, exercent les uns sur les autres. Alors, pris dans la foule, « l’homme descend de plusieurs degrés sur l’échelle de la civilisation », son rendement intellectuel baisse, et de cultivé il devient instinctif, « par conséquent un barbare ». Donc « la foule est extrêmement suggestible et crédule, elle est dépourvue d’esprit critique, l’invraisemblable n’existe pas pour elle », elle ne connaît ni doute ni incertitude.

Tout cela est descriptif et non explicatif, cependant il est aisé de rattacher les observations de Le Bon aux analyses que l’on peut faire des réactions de la foule lorsque des bateleurs lui suggèrent par exemple qu’ils sont coupables de transformer la planète en poêle à frire ou qu’une terrible Peste va expédier 500 000 sujets ad patres en France. Ceux qui suggèrent sont partiellement identifiables, par exemple (au hasard) Jouzel, Greta en matière de climatolâtrie, ou Des Grilles, Ferguson, Salomon, Véran en matière d’épidémie, et ils disposent, comme on le sait, de puissants relais médiatiques de propagande. L’analyse de leurs discours montre que qui veut agir sur la foule n’a pas besoin de mesurer la logique de ses arguments, il suffit que l’argument d’autorité (« tous les scientifiques… », « Le conseil scientifique ») soit employé en direction d’une foule « aussi intolérante que pleine de foi en l’autorité ». Ainsi « les idées les plus opposées peuvent coexister et s’accorder entre elles sans qu’un conflit résultât de leur contradiction logique » -le cas de la contradiction entre la folie des « énergies renouvelables » et leur indispensable soutien par des énergies fossiles polluantes en est un exemple, tout comme l’acceptation conjointe d’un confinement total et d’une ruine économique consécutive : l’important est de faire peur et d’obtenir l’obéissance escomptée. Des mots, donc, et pas de soif de vérité : la foule veut des illusions. Et on lui en donne, sous l’autorité par exemple du « gouvernement » qui, en temps ordinaire, fait l’objet de vives critiques, voire de détestation.

Mc Dougall de son côté signale que la formation « en foule » est bien l’exaltation de l’affectivité suscitée en chaque individu isolé : le fait est que les signes perçus d’un état affectif sont de nature à susciter automatiquement le même affect chez celui qui le perçoit (6). « Je veux que vous ayez peur ! » braille l’autiste Greta, en quoi elle se montre toxique pour la foule des jeunes mougeons qui partagent alors cette peur totalement irrationnelle. Il est très évident que c’est sur tel levier que jouent les labos du Groβ Pharma et leurs stipendiés gouvernementaux dans le contexte de l’épidémie de grippe Chinoise. Tout s’intensifie alors par induction réciproque. « Plus les notions affectives sont grossières, dit Mc Dougall, plus elles ont de chance de se propager dans la foule. »

L’on me rétorquera que sans doute une foule écoutant les délires de Greta peut bien être subjuguée et réagir comme l’expliquent Le Bon et Mc Dougall, mais que ce corps barbare et imprévisible ne peut se constituer qu’in præsentia, par la cohabitation physique dans un espace physique et que par conséquent les mougeons ne « font » pas foule puisqu’ils sont éloignés les uns des autres. Or l’espace social n’est pas l’espace physique, et une foule peut sans problème, je pense, se constituer in absentia, hors de toute promiscuité physique. Il suffit qu’un grand nombre de sujets soient fixés à leur téléviseur ou à d’autres médias pour qu’une habile propagande terrifiante se partage et les corrompe. Je crois que c’est ce qui se passe en ce moment, le phénomène se mesurant à l’aune de l’obéissance passive des porteurs de masques et à celle de la haine fanatique qu’ils vouent à ceux qui, par résistance et dissidence refusent la mascarade et les vaccins. Passez sans masque sur la place publique, comme je le fais, et vous verrez.

La suggestion dont je viens de parler n’est cependant pas un axiome, elle n’est pas dispensée d’explication, mais nous ne savons vraiment pas comment l’expliquer, en revanche je suis pratiquement sûr qu’elle n’a rien, ou très peu, à voir avec la libido (« pulsion amoureuse ») dont se targue Freud pour « expliquer » le fonctionnement des foules que sont, selon lui, l’Église et l’Armée. En fait, ce sont des institutions, donc des constructions sociales, et le nombre de sujets n’y est pour rien. Par ailleurs, à partir de quel moment y a-t-il « foule », à combien de grains commence un tas de sable ? Qu’est-ce que « l’angoisse névrotique » vient faire dans une foule en panique où il n’y a tout de même pas une majorité de névrosés, surtout en notre temps où l’éducation ratée produit infiniment plus de psychopathes que de névrotiques ? Je pense qu’autre chose est à l’œuvre, qui n’est pas d’ordre affectif.

Beaucoup trop de questions se posent auxquelles l’on a naturellement tendance à apporter des réponses ad hoc et complètement fausses. Freud invoque le meneur auquel une foule prodiguerait un « attachement positif » et (évidemment chez lui !) libidinal. Mais repensons aux spectacles organisés lors de la campagne de Macron : comment un histrion ayant autant de charisme qu’un navet creux pouvait-il susciter l’adhésion amoureuse et enthousiaste des foules ? Peut-être grâce à une claque soigneusement disposée dans les salles et applaudissant au signal ? Tel est aussi le rôle des chaînes de propagande genre BFMTV. A l’inverse, « la haine envers une personne ou une institution déterminée pourrait tout aussi bien avoir une action unificatrice et susciter les mêmes liens affectifs que l’attachement positif. » Soit, les manifestations des Gilets Jaunes ont témoigné de cette détestation, sans pour autant constituer, au sens propre, une foule organisée (selon Mc Dougall) capable de renverser le tyranneau. Au contraire, un Didier Raoult calme, pondéré et maître de son art suscite l’adhésion d’un grand nombre de sujets sans avoir à recourir au subterfuge de la claque. Pourquoi ? Je n’en sais rien.

Nous n’avons donc pas de réponse, mais il est évident que des énergumènes sans scrupules savent employer les leviers de la foule pour la manipuler à leur profit, perpétrant ainsi un viol des foules (7). C’est à un tel viol que se livrent les climatolâtres, les monopoles mondialistes, les pervers opérant désormais en meutes et tant d’autres. Ils jouent sur les affects, mais sans doute jouent-ils sur autre chose, sans le savoir. A nous de trouver les autres leviers, pour les combattre. En attendant, nous n’en avons pas fini avec les mougeons. Hélas !

 Sacha

(1) Surtout si l’on sait que l’on a bricolé un échantillon de 1000 quidams censé représenter une population se chiffrant en millions, et si l’on connaît l’arbitralité d’un échantillonnage quand il s’agit de bipèdes humanoïdes !

(2) Dans quelle mesure les révélations sur la corruption et la concussion des gouvernants avec le « Groβ Pharma » et les méthodes criminelles de certains labos complices de Guillaume des Grilles sont-elles corrélées avec cette progression de la dissidence en réaction au sanitairement correct ne peut pas encore s’évaluer.

(3) Soyons prudents, cependant ! La mathématisation est un outil indispensable en Physique, comme le montrent par exemple les équations de Maxwell en électromagnétique. Elle peut n’être, hélas, qu’un scientisme délirant lorsqu’il s’agit de phénomènes chaotiques, comme le montrent les prétendus modèles d’évolution climatique du GIEC ou les élucubrations de Ferguson à propos de l’épidémie de peste Chinoise. Quand la modélisation ne peut s’éprouver par l’expérimentation, elle demeure un formalisme inutile… mais pas pour tout le monde !

(4) On en trouvera une traduction sous le titre Psychologie des Foules et Analyse du Moi dans les Essais de Psychanalyse chez Payot, Petite Bibliothèque, 1981.

(5)  Homme Droit (éthique) ¹ Homme Politique (sociologique). La clinique permet de différencier les névroses, troubles de l’éthique, des psychoses, troubles de la socialité, sans qu’il soit possible d’expliquer les unes par les autres.

(6) On pourrait voir ici l’action très animale des « neurones-miroirs », ce n’est qu’une hypothèse, mais les cas de contagion affective me semblent bien ressortir à l’activité du cortex limbique, ce paléocortex hérité des formes primitives de la vie métazoaire.

(7) Serge Tchakhotine, dans  Le Viol des foules par la propagande politique (1939), republié chez Gallimard, collection « Tel » (1992) en parlait d’une manière pas plus explicative et ne voyait que l’aspect affectif : je crois qu’il y a autre chose derrière le phénomène.

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