Sémantique de la colère (légitime)

hiboux025Bien sûr, je ne peux qu’avoir une petite satisfaction en constatant que des milliers de personnes se sont retrouvées hier, samedi 17 juillet, à manifester contre la tyrannie sous couvert sanitaire instaurée par Macron, de manière vicieuse, le 12 juillet. Petite satisfaction, parce que… combien ? En étant optimiste, cent-cinquante mille personnes ont défilé en France, alors qu’elles auraient dû être des millions. C’est dire que Macron n’a reçu qu’un signal faible, à-peine perceptible, alors qu’il aurait dû trembler dans sa culotte. Il va donc continuer et resserrer l’étau à la faveur des « variants » du virus à venir. La course à l’échalotte.

En écoutant les slogans, les dires des personnes interrogées par RT-France, NTD et quelques chaînes confidentielles, je suis frappé de constater que deux siècles de républiques ont formaté l’esprit de l’immense majorité des français, de telle façon qu’elles ne raisonnent que dans un cadre qui les enferme dans la prison -pas seulement intellectuelle- des idées fausses et dangereuses issues des prétendues « lumières » du XVIIIe Siècle et de la sanglante révolution dont elles ont accouché.

La première illusion vient d’une confusion. « Liberté ! Liberté ! » crient-ils. Mais, mes amis, la liberté n’est pas d’ordre politique ! Je me tue à essayer de l’expliquer depuis des années. La « liberté », ce n’est pas de pouvoir aller au restaurant ou au théâtre, au cinéma, ou même de boire un coup au bar. Cela, c’est « l’autonomie », c’est-à-dire pouvoir agir, penser, entreprendre parler selon son propre pouvoir de Personne. Ce que garantit -formellement, en mots seulement- une Constitution, c’est l’exercice de l’autonomie, rien de plus. En vous privant de ce pouvoir, Macron et ses maîtres mondialistes ne font que restreindre votre autonomie.

La liberté, c’est tout autre chose : elle est la faculté de se donner licence de suivre un désir transféré. Jadis, on appelait cela « libre-arbitre ». Dieu sait si je hais Sartre, toutefois il eut cette formule heureuse (mais malheureuse dans son contexte historique !) selon laquelle «jamais nous n’avons été aussi libres que sous l’occupation allemande. » C’est dire que la liberté, c’est fondamentalement de choisir entre un « bien », un « moins bien », un « moindre mal » ou un « mal absolu ». Cela n’a pas changé sous Macron : vous avez licence de choisir l’état de soumission et la gamelle octroyée, le confort illusoire, contre l’insécurité et la bagarre face à un pouvoir qui vous propose un « bien » de pacotille au prix de l’aliénation de votre autonomie. De la liberté, aucun pouvoir, si tyrannique qu’il soit, ne peut vous priver.

Qui a fait cette confusion entre « autonomie » et « liberté » ? Mais la « philosophie des lumières », relisez Rousseau même si ce qu’il a écrit est imbuvable ! Alors il est ridicule de scander « liberté ! liberté ! » alors qu’éthiquement vous l’avez ! Tout ce que peut faire Macron, c’est d’en limiter politiquement l’exercice, mais il ne peut vous l’enlever.

J’entends « droits de l’homme ! » Mais c’est très exactement employer le mot creux de l’ennemi, qui se sert précisément de cela pour vous priver de votre autonomie. D’où tiennent-t-ils des prétendus « droits » ? Qu’est-ce qui, dans la nature et même dans la culture, fonde ces droits, sinon des pétitions de principes basées sur de l’inexistant ? C’est tout de même curieux : les « lumières » refusaient la transcendance, et voilà qu’elles ont inventé une autre transcendance qui a beaucoup moins de fondements que la précédente. Au nom de cette fausse transcendance, érigée en « lois », on ne cesse de vous faire avaler des couleuvres : l’envahisseur, les pervers, les délires du genre, les exhibitions obscènes, les discriminations baptisées « positives »… Ces « droits »-là, vous pouvez en contempler le résultat dans une société française décadente. Le « droit » est hors la « loi » : ce qui nous fait éthiquement « droit » n’est pas ce qui nous fait politiquement « légal ». Cette confusion des rationalités a produit les catastrophes que nous vivons.

« Dictature », nous dit-on. Une fois de plus, je dis « non : tyrannie ! » Une fois de plus, faisons le distinguo : la dictature est la délégation limitée dans le temps d’un pouvoir pour protéger le pays ou les institutions. L’exemple est la dictature (exercée deux fois) par Cincinnatus. Ce qui veut dire que le dictateur est mandaté et qu’il doit, une fois le but atteint, remettre son pouvoir au mandant et rendre compte de ses actions dans la période concernée. C’est le principe de l’article 16 de notre Constitution. La tyrannie est l’appropriation de l’ensemble du pouvoir par une personne ou un groupe de personnes, soit par la force, soit par trahison de la délégation reçue. Macron n’a cessé de se conduire en tyran, pas en dictateur. Il abuse du pouvoir, il n’a aucune envie de rendre compte de ses actes, et espère bien -avec, hélas, des chances d’être exaucé- perpétuer sa tyrannie. Le tyran n’en fait qu’à sa tête, sans se préoccuper de ce que veut et que subit le peuple. C’est sous la tyrannie, expliquait Montesquieu (à la suite d’Aristote !) qu’est réalisée l’égalité absolue, le bras du prince étant toujours levé pour frapper indistinctement ceux qui s’opposent à lui.

« Égalité » contre « discrimination ». Encore un piège ! L’égalité, c’est l’entropie absolue : le dispositif ne fonctionne plus, parce qu’il n’y a plus, qu’il ne peut plus y avoir d’échanges. Qu’on le veuille ou non, les sociétés vivent de la distinctions des conditions. L’égalité n’intervient qu’au seul niveau formel, elle n’a pas de réalisation performantielle. Regardez les exemples que nous fournit l’Histoire : les sociétés « égalitaires » produisent nécessairement des « nomenklatura ». Voyez, proche de nous, la valeur d’un baccalauréat donné à tous : cela ne produit qu’une basse médiocrité nuisant à l’ensemble de la société. Le seul principe d’égalité que l’on doit tolérer, c’est celui de l’égalité devant la loi. Or la discrimination prévue entre « vaccinés » et « non-vaccinés », avec ses conséquences, viole cette seule égalité tolérable ! Pour le coup, la colère est justifiée.

« Démocratie », enfin. Êtes-vous si bêtes que vous ne compreniez pas que ce que nous vivons est très exactement le produit de la démocratie ? N’avez-vous pas élu le tyran, que vous ayez voté pour lui ou non, en respectant la loi arithmétique du nombre ? N’avez-vous pas, en respectant les mêmes principes, porté au pouvoir une brochette de traîtres qui ont précédé celui-ci ? Tell est la corruption de la loi de la « majorité » ! Vous avez donné au tyran une Assemblée qui, pour que soient respectés les dehors de cette « démocratie », vote sans broncher les lois les plus scélérates comme celle qu’elle va voter à propos du « pass-sanitaire » ? C’est que la démocratie ne joue que sur la versatilité et l’endoctrinement de l’opinion publique. Avec la démocratie, impossible d’agir dans la durée, c’est le règne des fluctuations. Or pour survivre, un pays, une nation, a besoin de projets patiemment menés sur le long terme.

Vous réclamez donc un retour de la démocratie, sans comprendre qu’à la longue vous vous mettez vous-mêmes en danger : de tyrannie, comme c’est le cas, de faiblesse et d’impuissance face à l’étranger, de corruption et de perversion des mœurs.

Non que la démocratie ne puisse exister. Simplement, elle doit se limiter aux domaines sur lesquels nous avons prise : dans les communes, les départements, là où les délégués sont à la portée du peuple. Mais l’État !  L’État n’est pas directement à notre portée, et il ne faut pas compter sur des parlementaires pour tempérer les potentats. Vous le voyez bien, puisque vous ne cessez de dire -avec raison- que ces gens-là trahissent le mandat que vous leur avez donné. Il en va de même pour le « président ». Plus le délégué est loin de vous, plus il n’en fait qu’à sa tête -ou selon les vouloirs du « président » et de ses maîtres étrangers.

Le pire est de confondre la démocratie avec la domination sournoise de l’État. Ah ! Certes, il peut paraître confortable d’être materné par cette entité ; je vois bien que l’ensemble des revendications habituelles concerne toujours, au bout du compte, une intervention accrue de l’État, sous forme de prébendes, subventions, aides, règlements… Mais le tyran ne peut que s’en réjouir, car il dispose ainsi d’un puissant moyen pour vous faire tenir tranquilles, jusqu’à collecter les renseignements les plus intimes sur vous.

Le pouvoir régalien ne peut pas être démocratique, sinon il est évanescent et fluctue au gré des humeurs populaires. Quand je parle de « régalien », j’entends la Défense, la Sûreté, la Diplomatie. Là, faute de pouvoir jouer sur le long terme, il ne saurait exister pour la Nation de garantie de continuité. Le chef de l’État ne saurait être élu. On ne peut pas donner à n’importe quel énergumène qui prend la pays pour une « starteup » d’aussi hautes responsabilités qui engagent tout un peuple. Il faut un homme instruit très précocement dans le métier : même s’il n’est que médiocre, il ne saurait être aussi dévastateur qu’un Sarkozy, qu’un Hollande, qu’un Macron auxquels l’on prête indûment un projet viable pour le pays et un amour du peuple. Un tel homme, œuvrant au bien commun, ne peut pas sortir de « Science-Po » ! Pour moi, le mode dynastique n’est pas mal, à condition que qui voudrait changer quelque chose aux lois fondamentales de la société soit contraint par ces mêmes lois à demander l’arbitrage de tout le peuple, quorum atteint et majorité qualifiée requise (c’est la seule concession que l’on peut faire, à ce niveau, à l’arithmétique).

Oui, mon discours est réactionnaire, c’est-à-dire conservateur de ce qui fait l’essence des peuples et des nations : la transmission, l’équilibre, la durée. Ceux qui m’ont lu m’ont connu très démocrate, mais l’expérience, et singulièrement ce que nous vivons depuis le début de ce siècle, m’ont instruit. Il y a un niveau de la vie sociale où peut s’exercer avec avantage la démocratie, il y en a un autre où elle ne peut que compromettre fâcheusement l’existence d’une nation.

Alors, oui, il est légitime de contester fortement, violemment si nécessaire, les oukases tyranniques de Macron. Mais il faut aussi penser à quoi faire au-delà, car rester enfermé dans ce cercle vicieux des idées reçues des « lumières » ne peut mener qu’à tourner en rond, et à périr.

Sacha.

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