Pour vous dérider un peu, avant de dire des méchancetés, voici une anecdote :
J’écoutais les nouvelles sur une quelconque boîte à âneries; il était question de la maladie de M. Chirac. Le brave Ivan Levaï nous a asséné cette déclaration ahurissante : « Chirac, nous dit son neurologue, est atteint d’anosognosie. C’est une maladie rare. » Ah bon ? Levaï, content d’avoir trouvé un joli mot, insiste : « L’a -gnoso- gnosie , du grec gnoso, qui veut dire connaissance, signifie que l’on ne connait plus -gnoso- ce qu’on savait avant - gnosie. » Etant assis, je n’en suis pas tombé sur le séant, mais je fus pris d’un rire incoercible, bref, je me suis marré comme une clef à molette. Levaï venait d’inventer une chimère rigolote, car le vrai mot, « anosognosie », de nosos, la maladie, et gnosis, la connaissance, désigne le fait qu’un malade -en neurologie ou en psychiatrie- ignore qu’il est malade. Ce n’est pas une maladie « rare », c’est simplement un symptôme que l’on rencontre par exemple dans l’Alzheimer. Bref, comme on dit par chez nous, Chirac est crouni et ne le sait pas.
Levaï n’est pas de la génération montante des journaleux résolument ignorants, dressés aux techniques de manipulation par des profs gauchistes dans les écoles de propagande, non : c’est un vieux de la vieille, un lettré; on ne peut donc que s’étonner qu’il ait commis cette bourde. Mais peut-être est-il lui aussi emporté par le flot où se mêlent de nos jours la précipitation, la bêtise et la superficialité, si caractéristique des pratiques de la caste médiatique. Le médiastre moderne comprend « feu » lorsqu’on lui dit « gueux ». Imaginez le traitement médiatique de la vieille rengaine, « Tant qu’il y aura des étoiles » : « il y aura dans la nuit sans voiles / du bonheur pour les gueux« , est compris « du bonheur pour les feux« . Notre médiastre, alors, embraye illico sur les feux de joie nocturnes alimentés à la voiture par de sympathiques déshérités de banlieue et ainsi de suite. Pensez-vous que j’exagère ? A peine !
L’ignorance et la superficialité semblent de mise tant dans la caste médiatique que dans la caste politique. De plus, l’on est attentif à la facilité et à la fluidité de la parole, à l’esprit de l’escalier même si le fonds des propos est parfaitement inepte, ce qui recouvre environs 95% des discours qu’on nous assène. Il m’a été donné d’assister par deux fois au « Grand Oral » de l’ENA ; je fus fort surpris et amusé la première fois, et je me suis rendu à la seconde comme au cirque, pour applaudir les clowns. Je me souviens d’un candidat auquel il fut demandé de parler du problème des ponts de Koenigsberg. Vous autres, lecteurs érudits, savez qu’il s’agit d’une question de graphe de parcours, auquel Euler apporta une réponse. Manifestement, notre candidat ne savait rien des parcours d’Euler, mais avait en tête son parcours professionnel, et d’une voix assurée, avec brio, il sortit tout un tas de stupidités sur Koenigsberg qu’il n’avait sans doute jamais visitée, et ses ponts. Je le voyais déjà jeté à la rue pour incompétence notoire : quelle ne fut pas ma stupéfaction en constatant qu’il avait parfaitement réussi son oral. De ce cas, et de bien d’autre, j’ai tiré la leçon : les gens de la caste bureaucratique sont en règle générale de parfaits crétins mais d’excellents amuseurs publics.
Bref : les jurys ne se soucient guère des connaissances : si l’on est admis à exposer à l’oral, c’est qu’a priori on est censé savoir quelque chose. L’ennui est que l’on néglige souvent de vérifier si l’a priori est fondé. Alors, si le candidat peut se lancer dans une logorrhée sans avoir besoin de prendre auparavant un laxatif ad hoc, si de surcroît il n’a pas une sale tête (c’est fou comme l’apparence importe davantage que la compétence), il a toutes les chances de passer la barre. Mais que le candidat hésite, réfléchisse, contrôle la justesse de son dire, si le hasard l’a de surcroît doté d’un physique ingrat, quelque profonde soit la science qu’il expose, il est recalé.
On comprend alors que le système où interagissent les deux castes, médiatique et politique, soit celui du vedettariat. Que des politiques hantant les plateaux de télévision sont en fait des poupées gonflables, avec rien dedans. Que les mastérisants en seconde année ou les doctorants présentent généralement très bien mais sont de piètres chercheurs.
Bref : méfiez-vous de l’homme médiatique : ce n’est même pas un bouffon, car l’amuseur de cour renvoyait au seigneur le négatif de sa propre image : le personnage médiatique est roi par la grâce des animateurs et nul bouffon n’est là pour lui rappeler, comme dit la chanson philosophique, que son « cul royal, comme un cul prolétaire, à la nature doit payer son tribut » et qu’en fait c’est un imbécile comme la plupart des autres.
Sacha
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Chez Books on Demand (BoD)

Excellente approche anthropologique de l'immense différence entre les femmes Russes et les horreurs quérulentes à cheveux bleus de chez nous.

Livre truculent, dont il faut retirer " la substantifique mœlle". Lorsque tout fout le camp, que faire ?
À lire pour rire et réfléchir !
Très instructif. À méditer !
D'où viennent-ils ? Qu'ont-ils vu ? Quel est le combat ?
Pensée et testostérone !



Insigne des Masques Jaunes :
adoptez-le, portez-le !






Bon ! À vos portefeuilles !





ASSEZ DE BARBARIE !!!

et toutes les formes de fascisme dont le socialisme.
Notre "antikons" a le droit d'aînesse :)
Que de tels mouvements naissent chez nous et dans toute l'Europe !