Mais nous dirons tout de même !

Notre société est tellement intoxiquée et bobo-totalitaire que, comme le chantait il y a relativement peu Didier Bourdon : « On n’peut plus rien dire ».

Tombant sur un de ces chers vieux San-Antonio de l’ère anté-miterrandienne, avant que Frédéric Dard ne surfe sur la vague tontonmaniaque et relègue Béru au rang de gros « beauf » dégoûtant pour faire la promotion d’un certain « M. Blanc », tombant donc sur « N’en jetez plus » (1971, Fleuve Noir), je retrouvai Antoine et Alexandre-Benoît aux prises avec les Irakiens de Saddam, lequel venait d’inaugurer son règne comme il l’a terminé, par la Balade des Pendus.

Dans la course-poursuite entre les deux Super-Dupont et les enragés anti-sémites, nos héros avisent l’établissement d’un certain A.B. Bérurier, à Bagdad-la-Magnifique transformée en verger du roi Louis XI. Devinant que ce Bérurier-là ne pouvait qu’être un cousin, ils croient trouver refuge chez lui. Mais ils apprennent vite que ledit est fils d’un déserteur du Corps Expéditionnaire d’Orient (pendant la Grande Guerre) et qu’il a pour prénoms non point Alexandre-Benoît mais Akel-Brâkmâr, qu’il a épousé une gamine de douze ans, bref : qu’il est adepte des corâneries du « Beau Modèle » que nos chers barbus, protégés de la caste bobo, rêvent aujourd’hui de nous voir adorer. Naturellement, Akel-Brâkmâr trahit les fugitifs pour trente dinars ; mal lui en prend, car après quelques rebondissements, Alexandre-Benoît flanque une rouste mémorable à ce vicieux « cousin » et le baptise !

Heureux temps, il y a quarante années, où l’on pouvait librement se gausser d’une superstition ! Jugez-en par quelques extraits :

« Un daron déserteur et une épouse mineuse, y’a du jeu dans la boîte à vitesse de ton pédigrée, cousin ! » moralise le Gravosse. Puis ayant fort benoîtement demandé à boire du vin, il s’entend répondre : « N’ai pas de vin. Je suis mousoulman. Le Béru-Europe en perd son râtelier. –Musulman ! Je te jure ! Mais ils sont devenus dingues dans c’te branche de la famille ! Complètement carbonisés de la coiffe ! Le cervelet tourné en sirop ! Les cellules adipeuses ! Musulman, un Bérurier made in Saint-Locdu-le Vioque ! Je raconterais ça au village, on me rirait au pif ! On me députerait cinnoqué à fond ! Musulman ! Toi que ton père a fait sa première communion avec le mien ! J’serais peau d’vache, j’écrirais au Pape pour te faire excommuniquer ! Ça t’apprendrait ! Ah nom d’Dieu, la bouille qu’y doivent faire, les aïeux, là-haut ! »

Plus loin, après avoir évoqué une longue lignée glorieuse au service du vin : « Tiens, mate mon front : rouge d’humiliation ! J’en ai la peau des c.. flétrie. Plein de désespoirs dans la vessie ! Musulman ! D’y songer, ça me fout la fièvre ! Un Bérurier qui lit la messe dans le Coran ! Et il prie Allah, hein, je parie ? Bien sûr, pourquoi qu’y s’gênerait ? Un bon Dieu en chéchia ! Allah ! Ah, lala ! Y’a des coups de pompe pontificale au cul qui se perdent ! »

Je doute fort qu’une réédition ne soit à l’ordre du jour, ou alors ce serait tellement expurgé –puisque c’est aujourd’hui la mode de mutiler les œuvres sous prétexte de correction politique- que les vieux lecteurs n’y retrouveraient plus leur cher Béru !

Quarante ans ont passé. Le vieux Général était mort depuis deux ans, le Régent allait mourir bientôt, et avec l’arrivée de l’Accordéoniste de Chamalières l’esprit de 1940, dix ans banni, allait de nouveau s’imposer. Rétrospectivement, nous étions infiniment plus autonomes en ce temps-là qu’aujourd’hui où un tas de gredins et de traîtres nous ont asservis au gynécée, mis à la remorque de l’étranger et ont ouvert les vannes à l’invasion des barbares. Notamment, deux siècles de lutte contre les superstitions sont rayés de l’Histoire, et comble d’absurdité, ce sont les arrière-petits-fils des inventeurs de la Loi de 1905 qui sont les modernes inquisiteurs et rêvent de rétablir dans nos lois le délit de blasphème ! Le sang finit par se corrompre dans les dynasties à bout de souffle.

Nous ne vivons donc plus dans la société que j’ai connue. Au lieu de cela, un salmigondis interlope où des minus habens cérébraux tiennent le haut du pavé et se font les arbitres des élégances et les censeurs de toute libre-expression. Finis les Hussards Noirs de la République, l’école est devenu le gynécée où l’on élève des bisounours débiles à grand renfort de propagande droit-de-l’ohmiste. Il y eut, au cours des millénaires, des entreprises systématiques de destruction des peuples. Celle que nous vivons est exemplaire, relayée qu’elle est par l’explosion exponentielle des machines à décérébrer. Les brigands de la caste politique appliquent cette maxime des despotes : « pour mettre un peuple dans l’obéissance et l’y tenir, moins vaut une législation atroce qu’on suit mal, que des lois douces qu’une administration perfectionnée applique régulièrement comme d’elles-mêmes tous les jours et à tous. » (Tocqueville). Nous y sommes, et cette déréliction sociale prépare la Grande Tyrannie.

Mais il n’y a pas de fatum. Probablement les liquidateurs déclarés de ce qu’il reste de notre société et des libertés publiques parviendront-ils, par le vote de décérébrés sous influence, à aggraver l’œuvre de destruction : leur candidat, ce petit saute-ruisseau médiocre d’Hollande ne cache pas ses sombres desseins qu’il pare des colifichets ridicules des « droits de l’ohm ». Probablement, pour sauver les chimères qu’ils appellent « europe » vont-ils nous écraser d’impôt. Peut-être même parviendront-ils à restaurer le délit de blasphème. Mais qu’ils n’oublient jamais qu’un peuple, un beau jour, finit par se rebiffer, que la Roche Tarpéienne est près du Capitole, et qu’en fin de compte des têtes honnies finissent au bout des piques !

Même s’il faut pour cela sept siècles ! Il y aura toujours des irrédentistes.

Sacha.  

 

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