Propos d’arrière-salle

Oh maisLes discussions à bâtons rompus entre les honorables membres de notre Camorra nous conduisent parfois à bien rire. Vautrin nous signala que le sieur Sapin, sinistre d’éminence, a tellement de difficultés avec la croissance orientée sur la mauvaise pente, qu’il ne connaît plus le verbe croître, ou du moins sa conjugaison. « L’endettement n’a cessé de croisser », a-t-il proféré, sérieux comme un pape. À moins qu’il n’ait prononcé coasser, ou croasser, en faisant obscurément allusion à des grenouilles ou à des corbeaux, sait-on jamais : jusqu’à preuve du contraire, il y a présomption d’innocence. En tous cas, ce n’est pas la première fois qu’un satrape du gouvernement reconnait que la dette croît, mais jamais personne chez eux ne semble s’en inquiéter.

Un autre truc nous a amusés : Nénesse, le tôlier, vint nous raconter en rigolant que Valls venait de dire aux députés : « Le résultat du vote conditionne la légitimité du gouvernement. » Pardi ! Vous savez, lecteurs fidèles, ce qu’il en est de la légitimité : un jugement de valeur porté sur un type à qui on a délégué le pouvoir. Pour être investi de l’autorité, il faut être légitime, c’est-à-dire être maître de son désir avant de prétendre à l’empire sur le désir des autres (définition prêtée gracieusement par Vautrin). Ce n’est donc pas ce ramassis d’idéologues prévaricateurs irresponsables allant à la soupe au palais Bourbon qui pourrait prétendre conférer une légitimité quelconque à un gouvernement complètement délégitimé par le peuple. Bah ! Tant pis : Manolitito fera comme si !

J’ai fait part aux citoyens en conclave dans l’arrière-salle du troquet de Nénesse de la protestation (relayée) d’un lecteur qui, ayant lu mon article du 27 avril, semblait s’indigner que j’aie évoqué « ceux qui aiment l’idéologie du genre et Tomboy ». Son argument, en résumé, était que l’histoire racontée par le film n’était rien d’autre que la souffrance d’une gamine obligée d’user de stratagème pour se faire accepter dans une bande de garçons. Et, ajoutait cet honorable lecteur, « Ce  qui  est  très  dommage,  c’est  que  les  tenants  d’une  théorie criminelle se soient emparés de ce film, en dévoyant sa finalité, pour en  faire l’emblème de leurs errements. » Chacun voit midi à sa porte, et parfois trop de clarté obscurcit, comme l’expliquait mon Blaise. J’ai vu personnellement le film, et mêlés à la candeur affichée, j’y ai trouvé plein d’éléments de propagande pour le « gender ». Du reste, la réalisatrice ne s’en cache pas, dans une interview sur Arte où elle déclare clairement : « il y a une dimension politique et engagée dans le film, à l’endroit où le cinéma le permet. » Nous avons donc, dans notre Camorra, des raisons objectives de penser que ce film a bien été produit sinon ad hoc du moins avec une arrière-pensée militante. Ceci étant, nonobstant l’acharnement des propagateurs du gender, je pense que les gamins forcés de regarder ce film n’y aurons vu rien de plus que l’histoire candide d’un garçon manqué qui se fait heureusement rabrouer par sa mère. Mais si les accompagnateurs adultes ont fait une explication de texte après la séance, là… Vous me suivez !

De fil en aiguille, la discussion ayant dévié sur le rapport contemporain entre hommes et femmes, nous avons qualifié ledit rapport de fol comme lièvre de mars. On ne le dit pas assez : il n’y a de lièvres de mars qu’en Angleterre dans la culture de Lewis Carroll relayée par Disney dans Alice au Pays des Merveilles. En fait, c’est fin février-début mars que les lièvres entrent dans la période du rut, et les femelles n’étant pas encore prêtes repoussent violemment les mâles entreprenants. Tel est, selon nos sages, le fin mot de l’affaire. La question n’est pas là : avec les excès d’un féminisme déviant, on a l’impression que les relations entre garçons et filles sont sous le signe de l’apartheid. Phénomène noté aussi, à sa façon, par  Brice Couturier dans une de ses chroniques sur France-Culture. Commentaire de Vautrin : « De mon temps (il y a fort longtemps), la jeunesse sortait en joyeuses bandes de garçons et de filles. On allait ensemble au bal ou « au dancing ». Maintenant, on sort « entre filles » ou « entre garçons ». Les rapports semblent devenir de plus en plus difficiles d’un groupe à l’autre. Sans parler des rapports, souvent calamiteux, qui s’instaurent au sein des ménages, le chantage permanent aux recours juridiques, et même (cela a été aussi noté par certains sociologues), une sorte de prostitution conjugale : un câlin contre un Iphone, par exemple, ou des trucs de ce goût-là.

Ce sont là très probablement les conséquences d’un féminisme mal compris et poussé à l’extrême. Après, l’on s’étonne de la prolifération des unions libres et des divorces. Il eût mieux valu, ce me semble, constater la différence de nature et de culture entre les sexes, et sur cette base instaurer un modus vivendi apaisé plutôt que d’installer la belligérance et l’apartheid entre hommes et femmes.
Nous vivons vraiment une époque folle de décadence. »

Oh ! Que oui !

Raymond.

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