Manipulations médiatiques

Neurones miroirsLes neurones-miroirs, vous connaissez ? Pour en savoir davantage, achetez ici un article paru dans Scientific American et publié en Français dans Pour La Science (2007). Laissons de côté les spéculations cognitivistes et les illusions des chercheurs : ce qu’il y a de solide ici – du moins d’éprouvé expérimentalement- c’est que certains neurones s’activent lorsque le sujet perçoit une « émotion » chez l’autre. Ces neurones activés modulent l’activité du système limbique. C’est donc le paléo cortex, cerveau reptilien résiduel de l’évolution, qui est concerné, en partie, par ce que faute de mieux on appelle « empathie » -encore ce terme mériterait-il une déconstruction sérieuse.

Selon certaines idées, il suffit donc qu’un sujet A se mette à grimacer de douleur pour que le sujet B fasse de même. C’est un peu caricatural, j’en conviens. Mais longtemps avant les neurosciences, la littérature s’entendait parfaitement à susciter des « émotions ». Raymond, dans un article récent, évoquait Manon Lescaut. Cela date de 1731 : déjà l’épanchement sentimental prenait le pas sur la froide raison et la morale corsetée du XVIIe siècle classique. Certes, on savait pleurnicher depuis l’aube des hommes, probablement, pour susciter l’empathie, avec des motifs plus ou moins avouables. Mais cela ne seyait pas à l’éthique de la chevalerie, pas plus qu’aux batailles théologiques ni à la raison classique. Or Des Grieux pleurniche : l’épanchement sentimental commence en tant que genre littéraire, il sera largement amplifié par ce paranoïaque de Rousseau, se retrouve dans l’infra-littérature des XIXe et XXe siècles (les « romans à l’eau de rose » du Lisez-moi Bleu).

Bref : nous commencions à devenir bêtes. Heureusement qu’il y eut des auteurs  cyniques tels Stendhal ou Flaubert ; mais, en regard voyez Hugo, voyez Châteaubriand et son Attala !  Les démagogues, c’est-à-dire littéralement « conducteurs des peuples » (autre terme pour « Führer ») ont vite compris le parti qu’ils pouvaient tirer de l’empathie : il s’agissait de s’adresser aux « sentiments » plutôt qu’à la raison pour conduire les peuples dans telle ou telle voie. Certains diront : s’adresser au « cœur » plutôt qu’au « cerveau » ; je dirais « au paléo cortex plutôt qu’au néo cortex ». Et, bien entendu, ça marche.

C’est même la recette principale des médias contemporains. On pourrait penser que cela nécessite un art consommé pour la réussir, et pourtant c’est un artifice grossier. Voyons ce qu’il en est. J’ai emprunté une photo au Figaro de ce jour, qui titre son article « A Gaza, la guerre n’épargne aucun refuge ».

propagande

Cette photo n’est pas la pire de la propagande pro-Hamas, et c’est pour cela que je l’ai choisie. En arrière-plan, des bâtiments dévastés, superstructures effondrées, toitures coulant dans le vide, gravas. Au second plan, une voiture tirée par un cheval, portant quatre personnages le dos voûté, l’un d’eux bras ballants et jambes croisées. Et au premier plan, des femmes revêtues de hidjabs, des adolescents ou des enfants. Je ne sais pas si cette photo est truquée (la propagande en regorge), mais son choix est clair : elle illustre le titre de l’article. Il n’y a pas de refuge : Tsahal a tout dévasté.

Il est évident que l’on cherche à susciter la compassion pour ces « pauvres » gazaoui, vic-times de la « disproportion » de la riposte israélienne à quelques malheureux tirs d’artifices. Il y a de pires images ailleurs : morgue d’un hôpital, enfants ensanglantés (parfois un peu de jus de mûre fait l’affaire) etc…. Le procédé grossier devient plus efficace lorsqu’il s’accompagne du mensonge par omission. On ne rappelle jamais que c’est en votant pour le Hamas que les gazaoui ont attiré le fléau. On ne parle pas des tunnels stratégiques destinés à infiltrer des terroristes. On ne parle pas de la dépense guerrière des fonds internationaux normalement destinés à l’aide humanitaire. Et, en ce qui concerne les refuges, on ne parle pas de la tactique criminelle du Hamas entreposant ses missiles dans les zones peuplées, transformant les civils en dommages collatéraux. Ni, bien sûr, des tirs de missiles sur la population d’Israël.

La réaction de l’imbécile moyen est donc de s’apitoyer, de condamner Israël et, de fil en aiguille, de détester les Juifs, comme au « bon vieux temps » des pogromes. Le terrorisme islamique inhumain est en quelque sorte blanchi par de tels procédés : nos médias sont des collabos. C’est leur absence totale d’objectivité qui nourrit la haine séculaire des conquérants des banlieues, zones de charia et de pègre, et qui d’une manière non  négligeable, contribue aux saccages perpétrés lors des manifestations de soutien au Hamas. Oui : la caste médiatique est coupable !

Il est difficile de lutter contre cette déformation propagandiste. Difficile de parler à la raison du cortex supérieur plutôt qu’à l’empathie du cerveau reptilien. C’est pour cela que nous avons l’impression de prêcher dans le désert, car nous n’avons que des arguments de froide raison à opposer à la stupide impétuosité des sentiments. Athènes proclama la Science, Rome la Loi, nous autres l’épanchement sentimental : si nos sociétés occidentales continuent comme ça, elles sont perdues.

Sacha

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