Dans son numéro du 7 août 2014, Valeurs Actuelles fait parler assez longuement Sarkozy. Ce que j’ai lu ne m’a pas convaincu. Bien loin de là. Il ne suffit pas de montrer une photo – très artistique – du sire en pleine lumière ni de le montrer à vélo – le meilleur moyen de me le faire détester – encore faudrait-il que le modèle puisse faire état d’un avenir qui ne soit pas un programme mais un projet pour la France, à mettre en partage avec les citoyens.
Ah ! Il est lénifiant de décrire la « lumière douce sur les îles de Port-Cros et du Levant ancrées comme des remparts en face du cap Nègre » (encore heureux qu’on ne l’ait pas rebaptisé « cap de couleur »), un lieu paradisiaque qui « respire le calme, la tranquillité et l’apaisement. » Avec en fond une sonate, au second plan une belle famille : Carla, Giluia, Nicolas et au premier plan The Grapes of Wrath de Steinbeck. « Petit à petit, le soir tombe sur la terrasse et sur les bosquets de bougainvillées qui s’appuient sur les pierres ocre, comme une majestueuse robe cardinalice. » Assez ! N’en jetez plus ! Dans le style mélo cul-cul, on ne fait pas mieux ; c’est un rewrite de Plus Belle la Vie ? De quoi humidifier la paupière de la lectrice de la Veillée des Chaumières. Il ne faudrait pas se moquer du monde, tout de même : Valeurs Actuelles nous a habitués à beaucoup plus de sérieux.
Le jeu : un sphinx énonce à demi-mots des messages cryptés. Concernant la moribonde UMP, dont il vaudrait mieux qu’elle disparaisse de l’horizon politique tellement elle est corrompue, Nicola le jure : il n’a pas encore pris de décision. Et d’énoncer, la main sur le cœur : « Comprenez bien qu’il ne s’agit pas de la décision de mon plaisir. Je n’ai aucune revanche à prendre sur quiconque. » Voilà qui doit rassurer les barons félons ! Il n’empêche : c’est le ballet des visiteurs confits en dévotion, au Cap Nègre : Hortefeux, Dati, Morano ; sans compter ceux qui le pressent de ressusciter : Raffarin, Larcher, Baroin. Ah ! Que de jeunes visages, que de thuriféraires vêtus de probité candide et de lin blanc ! Si ça marche, on prendra les mêmes pour recommencer, tant il est vrai qu’il suffit de changer l’étiquette en gardant la camelote pour vendre.
« Pour l’heure, dit un proche, il réfléchit non pas sur ce qu’il a envie de faire, mais à ce qu’il doit faire. » Ah ! Ah ! Y aurait-il dans la tête de Nicolas un impératif catégorique, une sorte de culte gaullien de Notre-Dame la France ? Que nenni : c’est juste une question de prendre le volant de la vieille guimbarde UMP, une tactique de politicien qui a besoin d’un parti pour s’emparer du pouvoir ; rien de nouveau sous le soleil.
On a tout de même quelques morceaux de bravoure. Par exemple, à propos de l’étape du Tour de France : « J’aime cette épreuve, parce que la volonté et l’endurance comptent plus que la stratégie et la tactique. » Vous pouvez le croire : c’est un stratège et tacticien habile qui vous le dit ! Mais bientôt on revient plus explicitement au politique : « Pour un retour, le moteur c’est le devoir. » Cela sonne très gaullien, mais c’est une… généralité. Certes, il n’est pas besoin d’y insister, avec Hollande dont on ne veut pas commenter le bilan désastreux, l’horizon est celui de la dévastation ; tout stagne chez nous dans un marais putride, alors que l’Angleterre connaît la croissance, que l’Allemagne s’enorgueillit d’une situation très enviable.
Le devoir est donc de mener une politique capable de défaire nos chaînes, toutes nos chaines : économiques, politiques, sociales, morales, identitaires. C’est-à-dire de faire une politique diamétralement opposée à celle que nous subissons, une politique libérale. Je ne crois pas que Sarkozy, homme d’appareil et partagé entre bonapartisme et jacobinisme, envisage ainsi son devoir. Et, d’ailleurs, qui l’aurait investi d’une tâche dont il ferait un devoir ? Dieu ? Ce serait trop d’honneur. Le Peuple ? Mais le peuple l’a désavoué et a installé à sa place un insignifiant brimborion incapable. Le Peuple dégoûté a, pour le moment, les yeux de Chimène pour Le Pen, Marine, une autre jacobine. Il ne suffit pas d’invoquer le devoir pour se parer des atours de la légitimité et se poser en sauveur.
Certes, un invité estime que Nicolas est préoccupé par la bouffée délirante d’antisémitisme qui s’est fait jour à l’occasion des manifestations de soutien aux terroristes du Hamas : « … il ne faut pas oublier que nous sommes tous le juif de quelqu’un. Cela veut dire que l’étape d’après c’est la détestation des Français. » Quelle prescience ! Il faut vraiment n’avoir jamais mis les pieds dans la rue pour ne pas constater que cette détestation des Français est vécue au quotidien par les citoyens depuis des années. Manifestement, Sarkozy et son entourage ont une décennie de retard sur la réalité sociale. Mais ne se souvient-on pas d’un certain ministre de l’intérieur qui voulait nettoyer les territoires perdus de la République au karcher et qui les a arrosés au karchèque ? Ne se souvient-on pas d’un président qui n’a rien fait pour stopper l’immigration invasive et pour casser le communautarisme ?
On pourrait croire que Sarkozy a changé s’il était capable – et avait le courage- de faire une autocritique. Certes, « il pense qu’aujourd’hui le débat politique ne peut plus se résumer au clivage gauche-droite. » Mais cela signifie-t-il amalgamer les erreurs de l’UMP et du PS dans une ouverture à gauche qui a été catastrophique de son temps ? Il faudrait identifier le vrai clivage, celui qui existe entre libéraux et jacobins (toutes chapelles confondues). Nicolas n’en est pas là : « (sur le plan économique) la définition des mesures à prendre ne dépend pas de savoir si l’on est libéral ou social-démocrate, mais seulement de ce que font nos concurrents et partenaires. » Sauf que nos concurrents et partenaires qui réussissent mènent une politique économique nettement libérale, en favorisant l’entreprise et la libre-concurrence, même si ici et là un peu de social-démocratie vient tempérer la rigueur. Non, Sarkozy ne sera jamais ce qu’il nous faut : un thatchérien.
Quant à l’Europe, c’est réglé : « la question n’est plus entre souverainistes et fédéralistes, mais de savoir qui dirige la zone euro. » Ben tiens ! Nous connaissons la réponse : l’Allemagne. Quant à l’Europe des nations face aux bureaucrates de Bruxelles, désolé, M. Sarkozy, mais la question se posera encore très longtemps. On ne raisonne pas comme si tout était fixé historiquement une fois pour toutes, ou alors c’est de la politique à courte vue basée sur l’idée que le monde est effectivement comme nous le voulons.
C’est flou, tout cela, enrobé dans de la guimauve : à vrai dire il n’y a RIEN d’enthousiasmant dans le néo-sarkozysme, sinon un replâtrage des décombres de la Ve République. Pas d’analyse des causes, donc pas de stratégie sur les mesures à prendre. On prend les mêmes, on ripoline et on recommence. Aussi est-il symptomatique de lire : « il faut attaquer l’égalitarisme par les différences ». Formule creuse : mieux vaudrait considérer le concept d’inégalité juste, celle qui évite l’entropie sociale maximale et la paralysie : le cuique suum, à chacun le sien. Mais c’est un autre monde, auquel personne, dans la caste politique, n’aura jamais accès.
Certes, Sarkozy ne peut pas être pire que Hollande. Mais il n’est pas, il ne peut pas être « le Sauveur », lui qui a attiré le fléau par ses erreurs politiques. D’ailleurs, nous n’en avons pas besoin : « aide-toi, le Ciel t’aidera. »
Sacha
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Chez Books on Demand (BoD)

Excellente approche anthropologique de l'immense différence entre les femmes Russes et les horreurs quérulentes à cheveux bleus de chez nous.

Livre truculent, dont il faut retirer " la substantifique mœlle". Lorsque tout fout le camp, que faire ?
À lire pour rire et réfléchir !
Très instructif. À méditer !
D'où viennent-ils ? Qu'ont-ils vu ? Quel est le combat ?
Pensée et testostérone !



Insigne des Masques Jaunes :
adoptez-le, portez-le !






Bon ! À vos portefeuilles !





ASSEZ DE BARBARIE !!!

et toutes les formes de fascisme dont le socialisme.
Notre "antikons" a le droit d'aînesse :)
Que de tels mouvements naissent chez nous et dans toute l'Europe !