La partie truquée

Lièvre de MarsDonc on veut que nous votions en mars. Les socialistes étant les spécialistes du bistouri et du catgut, après avoir fabriqué des régions-Gouroul, nos Dr Frankenstein ont fabriqué des super-cantons. Dans mon département, nous en avions 42, nous voici avec vingt-et-une entités. Le plus étrange est que nous aurons tout de même 41 « conseillers départementaux » (nous verrons pourquoi) comme nous avions 42 «conseillers généraux. En tous cas, on remarquera que toute cette manipulation s’est faite de manière administrative, DONC autoritaire, sans qu’à aucun moment les politiques aient consulté les premiers intéressés : les citoyens. Ainsi va cette république dont on voit bien chaque jour elle ne peut en aucun cas être confondue avec la démocratie.

Les raisons de ce dépuzzlage sont de deux ordres : officiel et réel. Officiellement, c’est une vieille lune : on veut regrouper pour mieux gérer et pour que cela coûte moins cher. Une stratégie de « manager », en somme, et chacun sait que le « manager » est généralement un imbécile sans scrupules dont le cerveau fonctionne avec la rigidité simpliste d’un algorithme de première génération, une machine de Turing. La réalité : on espère, dans la caste politique, essayer autant que faire se peut de sauver la mise. C’est-à-dire de maintenir au pouvoir un parti dirigeant. Mais il faut raisonner au-delà.

On sait que plus les instances de décision sont éloignées des citoyens, moins ceux-ci se sentent concernés. La preuve : la défiance croît avec l’éloignement ; l’union européenne, les ex-conseils généraux, les conseils régionaux sont jugés douteux entre 69 et 63%, les assemblées (nationale et sénat) sont douteuses à 72 et 73% respectivement, tandis que les maires bénéficient de 63% de confiance. La démocratie, donc, s’enracine dans les communes, et plus on s’éloigne de la commune, plus la défiance est forte. Et avec la défiance, l’abstention aux élections. Or l’abstention, c’est la seconde carte forcée, le second joker de la caste politique. Le premier joker étant, bien sûr, le faux choix entre des personnages de la caste affublés d’étiquettes différentes : Ps , UMPs, FN. Or, la loi électorale –totalement anti-démocratique – autorise à être élus à la majorité des exprimés, ce qui fait qu’un Hollande a pu être élu avec moins de 39% des votes, rapportés au corps électoral. Dans ce contexte, le second joker est bien l’abstention, puis qu’elle permet à un classieux d’être élu au rabais, mais élu tout de même. L’idée est donc simple : si la commune est à la base de la démocratie, regroupons les communes sous couvert de regroupement des moyens (lesquels ???) et éloignons les conseillers départementaux des communes. La prochaine étape, voulue à la fois par l’Europe, les socialistes et l’UMP, sera la suppression des départements, on supprimera encore un échelon. Les apparences seront sauves : les gens voteront quand-même, mais avec une forte abstention, et la démocratie sera mise à mal.

C’est très exactement l’application du système pyramidal voulu par les soviétiques et tous les totalitarismes, celui étant en haut de la pyramide détenant un pouvoir suprême incontesté. Plus on est éloigné du citoyen-électeur, plus on est loin du contrôle démocratique, plus on peut n’en faire qu’à sa tête, et tant pis si c’est n’importe quoi. Résultat : nous sommes gouvernés par des faisans secondés d’une bande de pervers.

Le principe managérial invoqué d’économie est un faux-semblant. Il est d’expérience, maintenant, que des regroupements de communes ont conduit à l’augmentation des dépenses collectives, notamment par l’embauche de fonctionnaires territoriaux de plus en plus nombreux. Il en ira nécessairement de même du regroupement cantonnal puis des regroupements départementaux. Cela peut paraître étrange, mais c’est un fait : en plus d’être totalement anti-démocratique, le centralisme est une perversité coûteuse. La caste politique est bien dans le système de la double-pensée dénoncé par Obertone : on clame à cor et à cris qu’il faut décentraliser, et on centralise à outrance. Exactement comme l’on ne cesse de glapir le mot « démocratie » et fait politiquement tout son contraire.

 Maintenant, pourquoi mon département n’aura plus que 21 cantons mais toujours 42 conseillers départementaux ? Mais à cause des théories fumeuses du féminisme extrémiste, tout simplement. On joue sur une prétendue inégalité entre hommes et femmes, alors que depuis au moins trois décennies cette égalité juridique est inscrite dans les lois et validée dans les pratiques. Mais ce n’est pas assez pour quelques suffragettes perverses qui rêvent de remplacer la phallocratie défunte par une clitocratie de leurs rêves, ou, à défaut, par une androgynie généralisée. L’idée, ici, est tout simplement d’imposer un nouveau joker, une nouvelle carte forcée : obliger à voter pour des femmes en imposant une candidature double homme+femme. Cette idée était en gestation dans les « lois » sur la parité inventées sous Chirac et punissant les partis lorsqu’ils n’arrivent pas à réaliser la parité des candidatures. On ne cherche pas à savoir pourquoi malgré les menaces les partis n’arrivent pas à établir la parité dans les candidatures (c’est un des cauchemars de l’UMPs en ce moment) ; les sots diront que c’est par « phallocratie » ; personne n’aurait l’idée de poser cette question simple : et si les femmes étaient moins intéressées que les hommes à jouer un jeu politique ? Ah mais ! Ce n’est pas conforme aux « théories » du genre, n’est-ce pas ?

Pourtant c’est probablement ainsi. Je ne suis pas adepte du biologisme, mais j’ai tout de même retenu deux-trois leçons de la neurologie. En particulier que le cerveau féminin n’est pas exactement structuré comme le cerveau masculin, notamment au niveau du cortex limbique (le paléo-cortex) dont à peu-près personne ne conteste aujourd’hui qu’il est, entre autres fonctions, le lieu où s’élaborent les réponses émotionnelles. Eh bien ! Il y a des différences objectives dans le fonctionnement de ce paléo-cortex entre les hommes et les femmes. Elles sont peu marquées, elles s’établissent en moyenne, mais elles ne sont pas nulles. Notamment, l’empathie est en moyenne bien plus élevée parmi le Beau Sexe, et l’agressivité chez les hommes. Nous ne fonctionnons pas tout à fait de la même manière. Ce qui ne veut pas dire que l’un des sexes soit plus « intelligent » que l’autre, l’intelligence étant logique, technique, ethnique et éthique, et bien plus affaire de néo- que de paléo- cortex (une biologie des facultés étant encore à concevoir), mais simplement que nous n’excellons pas dans les mêmes domaines. Ce n’est pas étonnant, donc, si les femmes aiment moins se corrompre dans le jeu politique que les hommes, et l’influence des « stéréotypes sociaux » est très probablement minime, sinon négligeable, dans ce type de fonctionnement. Bien sûr, il y a des exceptions ; Margaret Thatcher en fut une très brillante, Angela Merkel en est une autre, moins brillante ; mais force est bien de constater que des suffragettes ambitieuses obtiennent des résultats politiques calamiteux : Aubry, Taubira, Belkacem, Philippetti, Duflot, Touraine, NKM et compagnie en sont un triste exemple. Le joker est vicieux : d’une part on force les partis à la parité, d’autre part on force des femmes à jouer un jeu politique pour lequel la plupart n’ont pas d’appétence. Et l’on force le citoyen à choisir des candidates imposées par la loi : c’est ici encore un déni de démocratie, car on ne choisit pas, en bonne démocratie, en fonction du sexe, mais en fonction de la confiance et des compétences que l’on accorde à un candidat.

Donc les citoyens auront à jouer une partie où les cartes sont encore plus biseautées qu’auparavant. J’ai longtemps prôné l’abstention, et, du reste, en mai 2012 je n’aurais jamais consenti à me déplacer pour choisir entre la peste Hollande et le choléra Sarkozy, et j’avais raison. Mais la donne a changé, et puisque l’abstention est une arme de la caste politique, il ne faut pas tomber dans le piège. On ne peut pas décemment, non plus, voter pour l’extrême-gauche fasciste, ni pour la gauche, ni pour les escrolos, ni pour l’UMPouille ; le FN dévié par Philippot ne répond pas aux critères d’un parti libéral, identitaire et anti-perversion. Le pragmatisme veut donc que l’on émette un vote protestataire, puisque nous ne pouvons pas émettre de vote positif. Il faut faire baisser le pourcentage des voix exprimées en faveur de la caste, ce qui la délégitimera un peu plus. Ce qui implique que l’on ne peut voter que pour des candidats hors-caste. Sans se faire d’illusions, bien sûr, puisque ces candidat-là n’ont aucune chance d’être élus, et tout en gardant à l’esprit  que ce n’est pas par des votes que nous pourrons sortir du marais putride où la caste a enfoncé la France.

Sacha

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