Une victoire à la Pyrrhus sans projet à l’horizon

StatocratieSmallOn attend dimanche soir, avec une agitation certaine dans les états-majors politiques. Soit. Quant aux pronostics, constatant avec quel bel ensemble les instituts de sondages (au comble du bonheur anticipé de la bien-pensance) avaient prédit la déconfiture de Bibi Netanyahou, je me garderai bien de leur attribuer une valeur prédictive. On peut toujours essayer d’extrapoler à partir d’échantillons, l’avenir a ceci de magnifique, c’est qu’il n’existe pas encore, sauf dans l’esprit des naïfs.

Bien entendu, je souhaite la déconfiture des socialistes et de leurs complices. Ces gens-là font un tort considérable à la France et nous conduisent vers l’asservissement. Il est donc urgent de priver ce parti totalitaire des ressources locales – en argent et en voix – dont il dispose pour mener sa propagande et rétribuer sa clientèle électorale. En nous imposant un puzzle cantonal retaillé, du moins l’espérait-on à l’Élysée et à Matignon, pour perpétuer leur mainmise sur les cantons, et en obligeant contre toute démocratie à présenter des binômes sexistes, les socialistes ont heureusement commis une erreur. Cela devrait se retourner contre eux.

Je ne souhaite cependant pas le succès de l’UMP. Il interviendra pourtant mécaniquement, si la fortune des votes en décide ainsi, dans l’hypothèse où ce parti arriverait en tête ou seulement en seconde position devant les socialistes. Le jeu truqué du « front républicain », même déguisé pour duper les naïfs, en « ni-ni » jouera globalement. Beaucoup de cantons encore socialistes changeront d’étiquette, mais le bocal contiendra toujours les mêmes cornichons. Car il n’y a pas, fondamentalement, d’autres différences entre les deux partis étatistes que des nuances idéologiques. On ne peut pas faire confiance à un parti européâstre, atlantiste, dont nombre de dirigeants sont inféodés aux potentats du Moyen-Orient, de surcroît.

  Ce que l’on peut attendre d’un succès – 30% ou plus – du FN au premier tour, c’est un désaveu franc et massif des deux partis complices, et en particulier du PS. Il n’y aura vraisemblablement pas de conquête d’un nombre conséquent de cantons par le FN (ce qui conduira les « commentateurs » à proférer la stupide nouvelle expression du « mur de verre »). De fait, les élus FN ne seraient pas plus malhabiles à gérer que les autres. Ils seraient même peut-être moins dépensiers, moins enclins à servir des prébendes aux calamiteuses « assoc’s », moins laxistes face aux islamiques, si du moins ils font comme certains maires de leur parti. Mais cela ne guérirait pas les maux dont souffrent les citoyens et toute la Nation.

Le désaveu, c’est une chose. Mais quelles conséquences pourraient en tirer les socialistes ? Rien d’autre que l’incitation à manœuvrer pour arriver en position d’emporter le second tour des présidentielles en 2017. D’abord en sanctuarisant encore et toujours leur électorat d’appoint musulman ; ensuite et de manière concomitante, en détournant les préoccupations vitales des citoyens vers le combat contre un parti, le FN, auquel ils n’ont rien à envier. Et, concernant l’UMP, cela pourrait nourrir un discours pseudo-identitaire uniquement destiné à tromper les électeurs, comme on a pu le constater en 2007 et 2012.

Où est le problème ? C’est que nous sommes une fois de plus dans un jeu de dupes. Une victoire aux points n’est qu’un exutoire, mais le fait est qu’il n’y a pas de projet alternatif en vue. Les trois partis qui vont s’affronter ont en commun l’étatisme. Certes, on peut à la rigueur créditer le FN de davantage de patriotisme, mais son projet économique ne diffère pas de celui de l’extrême-gauche : l’État omniprésent, se mêlant de tout, toujours accapareur, redistributeur. Si l’on veut esquisser un projet, il faut prendre en compte a minima les points suivants :

1-     L’indépendance nationale. Cela veut dire recouvrer la pleine souveraineté. Il n’est pas acceptable que des juges étrangers –ceux de la cour européenne des « droits de l’homme » notamment- viennent dire le droit à notre place. Il n’est pas acceptable qu’une caste de bureaucrates bruxellois échappant à tout contrôle démocratique décrète lois et règlements contraires à notre génie national et que nous sommes forcés d’appliquer. Il n’est pas normal que nous soyons mécaniquement engagés dans des aventures telles la crise d’Ukraine à l’encontre de nos intérêts. Il n’est pas normal de ne pas disposer du privilège national de battre monnaie. Il n’est pas normal d’ouvrir nos frontières à une immigration d’invasion en raison d’un traité de Schengen.  La question qui se pose ici n’est pas celle d’appartenir ou non à une association de pays, c’est celle de refuser le principe de substitution, de se placer dans le cadre d’une Europe des Nations et non dans celui d’une Europe des bureaucrates, des idéologues décadents et des profiteurs. Les mêmes remarques valent à l’encontre de l’ONU.

2-     L’identité nationale. Cela signifie le partage des mœurs (au sens général) et des valeurs d’une Nation. Singulièrement, on ne peut pas admettre, sous quelque forme qu’il apparaisse, le communautarisme. Voilà qui implique un filtrage sévère des migrants, et l’obligation absolue pour eux de se conformer à nos usages, au moins dans les lieux publics,  de s’interdire tout prosélytisme religieux ou sexualiste (cas des LGBT), de s’approprier complètement la langue du pays et de respecter strictement ses lois. Cela implique un respect absolu du principe de laïcité dans les lieux et fonctions publics, et un processus  d’intégration allant vers l’assimilation. Aucune mesure de « discrimination positive » ne doit être tolérée, et le principe de préférence nationale doit être la règle en tout et partout. En bref, il s’agit que le citoyen autochtone ne se sente jamais étranger en son propre pays et que celui qui ne s’intègre pas le quitte.

3-     La réduction du rôle de l’État à la portion congrue. L’État n’a pas à être une superstructure administrative censée gérer l’économique et le social. Étant par essence l’organisation collective du droit qu’a chaque citoyen de préserver sa vie et ses biens, ses rôles régaliens fondamentaux sont au nombre de trois : (1) la défense du pays contre toute agression étrangère, (2) la sécurité intérieure garantissant les personnes, (3) la diplomatie réglant les rapports du pays avec l’étranger. Compte tenu de l’évolution des connaissances, (4) la recherche demandant des moyens excédant les possibilités de financement des particuliers et des entreprises, pourrait devenir le quatrième rôle régalien. Dans ces rôles régaliens, l’État reçoit mandat et les moyens financiers et administratifs de s’y conformer. En dehors de ces rôles, l’État n’a pas à intervenir dans la vie des citoyens, ni en matière d’éducation, ni même d’enseignement –cela peut être laissé aux soins des collectivités civiques – ni de mœurs privées (le pouvoir de l’État s’arrête à la porte du citoyen), ni de justice –laquelle peut être déléguée aux collectivités civiques. L’État n’a aucune compétence en matière d’économie –sauf à préserver par la loi certains secteurs jugés stratégiques d’être achetés par des capitaux étrangers- et n’est pas fondé à intervenir dans la vie des entreprises, lesquelles devraient régler leurs rapports avec leur personnel selon des modalités contractuelles. L’État n’est en aucun endroit habilité à exercer un pouvoir de confiscation redistribution : les assurances de tous ordres (sécurité sociale, retraite, assurances diverses) étant uniquement de la responsabilité des citoyens négociant avec des entreprises ou organisations civiques ad hoc. L’État n’a pas le droit de disposer d’un système de propagande –type « audio-visuel public- mais dans des circonstances exceptionnelles (guerre…) il peut contraindre l’audiovisuel privé.

4-     Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Cela veut dire que tout pouvoir institutionnalisé fait l’objet d’une délégation, que le récipiendaire l’exerce sous contrôle populaire et doit en rendre compte à l’issue de son mandat. Autrement dit : en finir avec les principes pervers d’irresponsabilité et d’immunité. Le parlement ou les assemblées territoriales sont strictement cantonnées à produire avec modération des lois et règlements afférents aux affaires courantes et ne sauraient en aucun cas être habilités à modifier les lois fondamentales. Toute modification d’une loi fondamentale, ou toute proposition d’une nouvelle loi de cette espèce, doit être obligatoirement soumise à l’ensemble des citoyens par voie référendaire. Il en va de même de tout traité international. Les citoyens peuvent eux-mêmes proposer des lois, ou modifier des lois en cours, par la voie du référendum d’initiative populaire. Les décisions prises par voie référendaires sont contraignantes pour les délégués au pouvoir, et toute tentative de les atténuer ou détourner est un crime punissable. Tout cela implique bien évidement une autonomie d’expression, aucun sujet concernant la vie de la Nation et celle des citoyens ne devant être tabou (en finir avec la bien-pensance et la censure qu’elle exerce).

Aucune chance que ce manifeste de bon sens trouve écho quelque part, du moins dans cette période où la majorité des citoyens sont intoxiqués par cette idée, instillée dès leur enfance dans leur esprit, que l’État et l’Europe sont des horizons indépassables. Le national-libéralisme n’est encore qu’une utopie. Soit : il peut aussi un jour s’imposer à l’esprit des citoyens.

 Ce qui veut dire que, pour être cohérent, je devrais voter blanc dimanche prochain. Mais tout de même, je ne vais pas me priver d’appliquer moi aussi une grosse gifle sur le postérieur des socialistes, dans le cadre de la Grande Fessée générale. On ne doit pas bouder son plaisir, c’est humain. Mais tant qu’il n’y a pas de projet national-libéral à l’horizon, ce sera une victoire à la Pyrrhus.

Sacha

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