Le vent ramène les nuées froides, étend le voile de grisaille sur les champs, et le temps prend la couleur de cendre que certains malfaiteurs voudraient bien voir peinturlurer notre race. Heureuse diversion, le clavecin déverse le Prélude et Fugue en fa mineur sur la morosité d’un après-midi d’octobre. Bach tempère son clavier, l’art du contrepoint arrive à perfection. Avec Bach, on atteint le sommet de la musique européenne, rationnelle, géométrique, plaisant à l’esprit autant qu’à l’oreille. On n’a guère fait aussi bien depuis, excepté Wagner dans l’art de l’opéra. Je n’aime guère la musique romantique d’un Beethoven, pas davantage que les bergeries mièvres de Mozart, et moins encore l’obtuse réitération des mesures chez Ravel.
Mais enfin, même ce que je feins de délaisser demeure composition et harmonie. À l’opposé, je n’ai jamais supporté les désordres criards des chansons anglo-américaines qui me blessent l’oreille depuis les années soixante-dix de l’autre siècle. C’est vraiment épouvantable, au même titre que le rock, la pop-music et autres cacophonies, le désastre cumulant dans ces bruits de poubelles et éructations ordurières que l’on nomme « rap ».
Une décadence est très perceptible, donc. On la retrouve ailleurs. En écoutant Bach me reviennent des images, des souvenirs de lecture, des œuvres qui, à force d’être grandes et belles, avaient fini par devenir atemporelles. Ici les églises romanes, Vézelay, Saulieu, Conques, Paray-Le-Monial et même les grandes gothiques –déjà pourtant architecture pour prétentieux -, Saint Denis, Notre Dame, Chartres, Strasbourg… pour rester en France. Là le Chevalier à la Charrette, Le Roman de la Rose, le Testament d’un mauvais garçon, le gros rire de Gargantua, la sagesse de Pantagruel, l’enfer de la Divina Commedia du Dante, Hamlet sur le rempart au fantôme, et encore le rire de Molière avec son Médecin Malgré Lui, ses Précieuses Ridicules ; le parasite Neveu de Rameau, Jacques le Fataliste ; Les Mémoires d’Outre-Tombe, Le Père Goriot, La Chartreuse de Parme, L’Éducation Sentimentale… Ailleurs encore l’ymagier des Riches Heures, les lumières de Fra Angelico dans l’Annonciation, La Création d’Adam à la Sixtine, Le Radeau de la Méduse… Quant à notre histoire, elle me répond de Vercingétorix au Général De Gaulle.
Nulle hétérochronie dans ce legs des morts qui naguère nous paraissait devoir être éternel. La science de maintenant, c’est la nôtre de Roger Bacon jusqu’à Bohr et Einstein. Pourtant la marche du temps est inexorable. La décadence a commencé au XVIIIe Siècle avec les délires de Rousseau, placé au pinacle par le bourreau Robespierre et admiré par le fou Nerval. Et un jour, Paul Valéry, conscient, lui, s’est écrié : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.»
Et la nôtre, vieille de seulement seize siècles, mais minée de l’intérieur comme l’Empire romain, s’effondre brusquement sous la poussée du barbare. Les castes dirigeantes, corrompues, ivres de pouvoir, ont patiemment déraciné nos peuples, ouvert les portes de nos « cités lointaines » à ceux qui vénèrent pas même une idole comme le ferait tout sauvage qui se respecte, mais un dieu imaginaire jaloux et sanguinaire. En fait, les barbares ne détruiront pas l’héritage des Grands Morts, les petits marquis de ce siècle s’en étant déjà chargés. Voyez ce qu’ils aiment, ces béjaunes emperruqués : non plus la croisée d’ogive, mais la ferraille et le verre, non plus Bach mais l’escroc Cage et NtM, non plus Fra Angelico mais la crotte poule sur une toile blanche, le plug-annal de McCarthy, toutes les abominations révoltantes que l’on appelle « art contemporain », non plus Stendhal, mais Musso… « Tempora illa adeo infecta et adulatione sordida (est). » Le vieux, l’historique, l’atemporel, ils ne l’aiment pas, eux qui vivent dans l’éphémère de l’instant, dans la négation des frontières et des races, dans un relativisme délirant où il n’y a plus ni homme ni femme mais des androgynes. Et « le monde moderne est plein d’anciennes vertus chrétiennes devenues folles.» Ah ! Ils ont bien avancé le travail des disciples du chamelier infernal ! Après les ruines de Baalbek, il restera à abattre les cathédrales et tout sera dit : requiescant in æternam.
Est-il possible que nous osions laisser notre extraordinaire culture sombrer dans les limbes de l’oubli ? N’y aurait-il plus d’hommes courageux pour se lever les armes à la main et leur crier : « Halte là ! » ? Faudrait-t-il attendre patiemment la fin comme nous y invite Onfray, un verre de bon vin à la main, ou en écoutant l’ultime mesure d’une toccata de Bach ?
Honte aux peuples pusillanimes qui se laissent dévorer. Qu’au moins un beau désespoir les secoure, et qu’ils meurent debout !
Sacha
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Chez Books on Demand (BoD)

Excellente approche anthropologique de l'immense différence entre les femmes Russes et les horreurs quérulentes à cheveux bleus de chez nous.

Livre truculent, dont il faut retirer " la substantifique mœlle". Lorsque tout fout le camp, que faire ?
À lire pour rire et réfléchir !
Très instructif. À méditer !
D'où viennent-ils ? Qu'ont-ils vu ? Quel est le combat ?
Pensée et testostérone !



Insigne des Masques Jaunes :
adoptez-le, portez-le !






Bon ! À vos portefeuilles !





ASSEZ DE BARBARIE !!!

et toutes les formes de fascisme dont le socialisme.
Notre "antikons" a le droit d'aînesse :)
Que de tels mouvements naissent chez nous et dans toute l'Europe !