Il n’y a pas de démocratie en France

Comme de coutume, l’été est le moment rêvé des brigands qui nous gouvernent pour perpétrer leurs plus gros forfaits. Les forfaitures, elles, sont plus complexes puisqu’il faut, par exemple pour ruiner l’indépendance nationale, le vote des deux assemblées. Mais les règlements attentatoires à l’autonomie des citoyens, il est facile de les faire passer en douce tant que tout le monde est occupé au farniente.

Témoin ce que Raoul, toujours à l’affût, a découvert sur le site hyperbate.fr . Nous savons que les forces  de la tyrannie travaillent en sourdine pour contrôler le plus étroitement possible un peuple dont elles se méfient au point de craindre ses réactions. L’idéal étant d’utiliser les ressources dévoyées de l’électronique : l’affaire des transpondeurs RFID (voir l’article de Raymond, 24 juin) est un exemple. L’autre, c’est celui du fichage génétique, « biométrique » des citoyens. L’affaire n’est pas nouvelle, à vrai dire ; elle avait été levée à propos d’un projet assez légitime de vérifier la filiation génétique dans les familles de migrants, afin d’éviter les nombreuses arnaques aux allocations dont certains sont coutumiers et font commerce. Pour l’occasion, on avait entendu l’habituel péan de la bien-pensance hurlant au fascisme, aux « zeures-les-plus-sombres-de-notre-histoire » et ainsi de suite.

Mais le procédé de fichage biométrique est depuis longtemps employé sans discernement par les perdreaux. Là encore, une bonne intention hypocrite : constituer un fichier des malfaiteurs. Sur le fonds, il n’y a guère à redire, quelquefois une trace génétique dans un fichier peut aider à démasquer un criminel, du moins tendre à signaler sa présence sur la scène d’un forfait -en vérité, sauf dans certains cas, pas à affirmer qu’il est coupable. Mais l’abus est vite arrivé. Il suffit d’être très involontairement le dindon de la farce dans une affaire minable qui ne débouchera pas sur un procès et une inscription au casier judiciaire, c’est-à-dire d’une pécadille, pour que votre code génétique atterrisse dans les fichiers, sans espoir d’être effacé autrement qu’à l’occasion d’une conflagration insurrectionnelle.

Cela, somme toute, ne concerne que les criminels et les personnages à la limite d’une légalité dont les limites, du reste, sont de plus en plus floues ; on peut, comme chacun le sait, être inquiété et fiché pour incorrection politique, délit d’opinion, en contradiction absolue avec la Constitution, ce qui est bien la marque de la tyrannie. Les fichiers policiers connaissent ainsi une expansion qui va confiner à la démesure lorsque sera promulguée la nouvelle loi, votée à la sauvette et en fraude, en ce début d’été.

« Un hémicycle de onze députés réunis en session extraordinaire a voté le fichage biométrique généralisé des « honnêtes gens », c’est à dire des personnes — vous ou moi sans doute — qui n’apparaissent dans aucun fichier judiciaire, qui n’ont jamais été condamnés, qui sont « inconnus des services de police ». » Il s’agit d’instaurer un fichage biométrique pratiqué lors de l’établissement d’un passeport ou d’une carte d’identité. Si j’ai bien compris, le document portera copie du profil génétique de son détenteur, et par comparaison avec le fichier central, les valets de la tyrannie pourront établir l’authenticité et du document et du porteur. Motif hypocrite : éviter l’usurpation d’identité. Motif réel : renforcer le flicage des citoyens, y compris et surtout ceux qui, respectueux de la légalité, seraient tentés quelque jour de réagir vigoureusement à de nouvelles atteintes à leur autonomie déjà bien mal en point. Avec le dévoiement de l’électronique, le dévoiement de la génétique. « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». 

Naturellement, la bien-pensance va se taire sur ce coup-là : les illégaux venus nous envahir ne sont pas expréssément concernés. Toutefois, la manière dont ce projet de loi (ou cette proposition, je ne sais) a été voté montre à l’évidence la néfaste inutilité du parlement tel qu’il fonctionne. ONZE députés sur 577 étaient présents en séance nocturne -minuit, l’heure du crime ! – qui par six « oui », quatre « non » et une abstention, ont décidé du sort de soixante millions de personnes. Outre le fait que nous avons une preuve éclatante du dilettantisme des coûteux abrutis que l’on désigne pour siéger à l’Assemblée avec l’illusion qu’ils nous représentent, on voit que le parlement n’est en fait qu’une chambre d’enregistrement. Non qu’il soit souhaitable qu’il ait un quelconque pouvoir exécutif, mais du moins pourrait-on exiger qu’il examine avec lucidité et tempérances projets et propositions de lois. Nous en sommes si loin, que cette affaire exemplaire dont nous parlons offre le spectacle d’une parodie de démocratie. Il suffit d’une majorité de voix pour qu’une loi soit réputée votée. Soit. Mais il faudrait, au mieux, que cette majorité soit dégagée dans la totalité de l’Assemblée en séance, ou au pire que soit défini un quorum de cinquante pour cent de députés présents. Point de ceci : onze pèlerins suffisent. C’est honteux, c’est misérable, c’est condamnable ! Et, franchement, je pense qu’une loi votée dans ces conditions ne vaut pas tripette. Je ne referai jamais plus établir de carte d’identité ni de passeport, je franchirai désormais clandestinement les frontières. Comme au temps de l’Occupation. Il est plus que temps de pratiquer désobéissance civique et sabotage institutionnel.  

Le schéma ci-contre est issu d’une réflexion sur la condition politique des Français d’aujourd’hui. En apparence, le pouvoir émane du peuple. C’est brâmé à son de trompe dans la constitution, et nous représentons ce pouvoir fictif par les flèches en pointillé. La réalité est tout autre. Il faut prendre en compte la formidable puissance de l’oligarchie : c’est elle qui commande tout. Ses moyens d’action sont repérables : la caste politique, en premier lieu, tampon entre elle et le peuple. Caste de médiocres, mais assez malins pour duper l’électeur. Cette caste politique fournit les députés, dont nous venons d’entrevoir le rôle, le président de la République, qui impose ses vues à un gouvernement de rencontre composé de politiciens et de « spécialistes ». L’administration, elle, est censée recevoir ses ordres du gouvernement, mais les gens avertis savent que si les ministres passent, les secrétaires généraux demeurent, bref, que l’administration perdure et assure « la continuité de l’Etat ». Elle dispose donc d’un pouvoir extraordinaire, foncièrement tyrannique, brouillon et ubuesque. Elle est organisée, en fait, pour servir les intérêts de l’oligarchie. Si l’oligarchie, pour ses intérêts, a besoin d’un peuple servile et apatride, l’administration fera en sorte qu’il le soit. Considérer, au final, l’avalanche de flèches descendantes, qui tombe sur le pauvre « seigneur peuple » : c’est colossal en regard du peu de pouvoir qu’on lui accorde, pour sauver les apparences de la démocratie, de loin en loin à l’occasion d’élections où il est sommé de choisir entre la peste et le choléra.

Mémorisez bien ce schéma, citoyens, pensez-le, et décidez si oui ou non vous allez encore jouer le jeu de l’oligarchie. Pour notre part, nous ne jouons pas ce jeu-là et préconisons l’insurrection pour que nous soyions restaurés dans notre plein pouvoir de citoyens : pour un autre contrat social, que nul idéologue ne serait autorisé à nous balancer clés en mains, mais qui se négocierait entre gens responsables. L’insurrection est à l’ordre du jour.

Sacha.

 

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