Ceux qui me font l’honneur de me lire depuis longtemps savent qu’en parlant de l’ouest-Occident (UE et Amérique du Nord) j’évoque parfois (voir ici par exemple) le tableau de Bosch, La Nef des Fous, tant cette partie du monde occidental connaît la décadence dans tous les domaines, mœurs, idées, lois, arts, familles. Un monde condamné parce qu’il a perdu la Raison, dévoyé sa Technique, explosé sa Politique, perverti son Éthique.
Or c’est avec grand plaisir que j’ai appris la publication du dernier livre de Michel Onfray (1), La Nef des Fous sous-titré Des nouvelles du Bas-Empire par allusion à la décadence de Rome à laquelle la nôtre ressemble furieusement. Je me suis empressé d’acquérir ce livre, ayant déjà apprécié Cosmos, Décadence, Sagesse, Théorie de la Dictature. Je l’ai lu d’une traite, plume à la main.
C’est une « éphéméride » tenue au long de l’an pesteux 2020, où le philosophe a consigné « chaque délire dont notre temps est capable. » Nous sommes servis, en effet. Tout ce qui est rapporté dans ce livre a été connu de nous à un moment où à un autre, mais sous l’avalanche des cuistreries quotidiennes dont se rendent coupables gouvernants, idéologues, coteries de tout poil, la mémoire finit par oublier ou devenir sélective au point de ne retenir que des pitreries trop énormes pour être effacées du palimpseste. De là l’utilité des mémorialistes, fidèles scribes des tribulations de la polis. C’est encore mieux lorsque le chroniqueur se double d’un philosophe.
Le philosophe voit, collecte, analyse ; il se garde de juger, toutefois les choix qu’il opère parmi les manifestations multiples de la folie suffisent parfois à renseigner le lecteur à la fois sur le caractère saugrenu, nocif et incongru de l’échantillon, et sur l’hypothèse proposée pour en expliquer la genèse. Il n’était pas nécessaire de rédiger un traité savant : la lecture de Décadence suffit à se faire une idée des causes. Un titre adéquat, l’exposé des faits et une courte remarque tantôt cinglante, tantôt humoristique, suffisent à l’édification du lecteur. Telle est la voie choisie par Michel Onfray pour écrire La Nef des Fous. Lui-même parle d’un style « voltairien », j’y verrais pour ma part davantage celui de Diderot dans Jacques Le Fataliste ou Le Neveu de Rameau.
Jugez-en : « Mardi 31 mars. Adoptez un riche ! Sans rire, Gérald Darmanin, ministre des comptes publics, sollicite les pauvres en lançant un appel aux dons afin d’aider les entreprises ! Il souhaite que, par un souci de justice admirable, les pauvres aident les riches. » Voilà qui fait mouche ! Mais au fait, le sieur Le Maire de Bercy vient de promettre, juré-craché que le gouvernement ne toucherait pas à l’épargne des Français scandaleusement gonflée durant l’enfermement : ne voyez aucun rapport avec ce qui précède.
Je ne suis pas toujours d’accord sur tout avec Michel Onfray, c’est normal, il est Républicain Girondin, je suis Royaliste Dextro-anarchiste (si !), mais nous partageons beaucoup du diagnostic porté sur notre civilisation agonisante. Et nous aimons la France. Nous divergeons sur la manière de réagir face à l’effondrement : hédonisme désabusé ou combat d’arrière-garde pour l’honneur ? Peu importe, il n’est pas une cuistrerie relevée par le philosophe qui ne m’ait en son temps hérissé le poil. Tout y passe : les perversions et leur idéalisation par la « correction politique », les stupidités ânonnées par les féministes extrémistes, les prophéties climatiques délirantes d’une demoiselle Thundberg considérée comme le Christ par le clergé de Suède, les monstruosités publiées par Libération (où sévit notamment une XX originellement Beatriz Preciado sortie des ateliers Frankenstein-Mengele Incorporated sous le nom de Paul B. Preciado mais toujours pas XY), les pédophiles, les coprophages, les zoophiles, les végans, « un chef de l’État qui, entre autres sorties, se félicite que ses ministres soient des amateurs » et ainsi de suite, y compris les sagouineries de la macronie et de la gôche.
En somme, est dénoncée toute la folie des « déconstructivistes » et autres « wokes » désœuvrés théorisée à Saint-Germain-des-Prés par les Foucault, Derrida, Deleuze et revenue des campus démocrates nord-américains par effet boomerang. Michel Onfray, constatant le fanatisme de ce petit monde-là, parle excellemment de « facho-gauchosphère ». Le philosophe est gentil, parce que mesuré dans ses désapprobations ; plutôt stoïque semble-t-il, voire résigné. Moi, je suis méchant, et je pense que dès qu’une société se montre tolérante envers la perversion des mœurs et des idées, elle glisse sur la pente fatale. Et, donc, qu’il faut savoir manier la trique en temps voulu.
Franchement, j’ai lu La Nef des Fous avec jubilation et je vous invite, ma belle lectrice, mon cher lecteur, à l’acquérir : c’est mille fois mieux que de subir la propagande du journal de 20H (que je ne regarde ni n’écoute jamais).
Sacha
(1) Michel Onfray, La Nef des Fous. Des nouvelles du Bas-Empire, éd Bouquins, Paris, 2021.
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Chez Books on Demand (BoD)

Excellente approche anthropologique de l'immense différence entre les femmes Russes et les horreurs quérulentes à cheveux bleus de chez nous.

Livre truculent, dont il faut retirer " la substantifique mœlle". Lorsque tout fout le camp, que faire ?
À lire pour rire et réfléchir !
Très instructif. À méditer !
D'où viennent-ils ? Qu'ont-ils vu ? Quel est le combat ?
Pensée et testostérone !



Insigne des Masques Jaunes :
adoptez-le, portez-le !






Bon ! À vos portefeuilles !





ASSEZ DE BARBARIE !!!

et toutes les formes de fascisme dont le socialisme.
Notre "antikons" a le droit d'aînesse :)
Que de tels mouvements naissent chez nous et dans toute l'Europe !