Le barnum électoraliste n’est pas la démocratie

Les médias, relayant complaisamment la propagande socialiste, font croire au peuple que ces « primaires » stupidement qualifiées, pas solécisme, de « citoyennes », constitueraient une avancée de la démocratie.

La réalité est évidemment tout autre. Cette pratique, importée des USA -où la démocratie n’est plus depuis longtemps le beau système décrit par Tocqueville- n’est qu’une apparence de démocratie. Elle vise d’abord à instituer un bi-partisme, éliminant par ce fait les diverses options qui font la richesse d’un peuple en les réduisant à de simples tendances au sein de deux partis dont, au final, il faudrait bien suivre la ligne politique majoritaire. Voilà un premier appauvrissement de la démocratie, un choix centraliste et dictatorial.

Ensuite, c’est tout simplement faire choisir par une petite fraction du corps électoral -rappelons que les 2,5 millions de gogos qui ont participé à la mascarade de dimanche dernier ne représentent que 6% du corps électoral, pas même ce que Raymond appelle « l’électorat putatif du PS »- le personnage appelé à confisquer un pouvoir qu’il recevrait en délégation du Peuple. Est-ce une avancée de la démocratie que de choisir ceux qui nous privent de notre pouvoir intrinsèque ?

Cette procédure spécieuse des « primaires » vise tout simplement à asseoir et faire durer la domination de la caste politique sur le peuple. Car rien ne change : le système de délégation est toujours le même, aucun contre-pouvoir n’est prévu, pire : on annihile les velléités d’établir des contre-pouvoirs. Une réelle avancée de la démocratie serait de rétablir le principe de toute souveraineté qui, stipulait la Déclaration des Droits de 1789, « réside essentiellement en la Nation ». Principalement par le recours, chaque fois que les principes fondamentaux acceptés, sur lesquels s’établit le contrat social et la sécurité de la Nation,  sont mis en cause, à la procédure référendaire. Secondement, par la mise en place de contre-pouvoirs civiques émanant du peuple. Autrement dit : la démocratie directe, même si pour des raisons techniques elle doive aussi se compléter par une représentativité parlementaire solidement surveillée par les citoyens -notamment, en instaurant constitutionnellement le principe de la représentation proportionnelle. Cela ne s’oppose pas à l’existence nécessaire d’un exécutif fort, mais devant rendre des comptes sur sa gestion.

Il est remarquable que c’est principalement à gauche, chez les promoteurs du barnum des « primaires », que l’on compte les plus farouches opposants à la démocratie directe : la gauche est totalitaire par essence, l’Histoire nous l’a prouvé, et Georges Frêche, historien et sympathique diable dans le bénitier socialiste, l’expliquait bien : si la gauche reste trop longtemps aux affaires, son pouvoir se mue en dictature.

Le parti socialiste (salafiste, dirait Raymond avec quelque raison) bénéficie en ce moment de l’aura d’une campagne de publicité mensongère. Les commentateurs serviles le présentent déjà comme vainqueur de la présidentielle : mais quelle légitimité aurait un président élu à la suite d’une escroquerie manifeste perpétrée contre la démocratie ? De plus, nul fatum ne rend inévitable la victoire d’un parti dont le programme, caché dans les documents de l’officine totalitaire Terra Nova, n’est jamais venu et ne viendra jamais en débat. D’un parti qui esquive systématiquement les questions fondamentales parce qu’il sait que les réponses qu’il apporte ne peuvent pas susciter l’adhésion du peuple ? D’un parti qui veut détruire la Nation en l’asservissant à davantage d’eurocratie et à l’islam ? Qu’ils prennent garde : l’opinion est versatile, et apaisé le bruit des klaxons, que restera-t-il de la mascarade ? Quatre jours après les accords de Munich qui avaient fait couvrir Chamberlain de fleurs, Churchill commençait à inverser le cours de l’opinion en s’adressant aux Communes (5 octobre 1938). Nous avons sept mois pour inverser la tendance.

Ce qu’il faut espérer, c’est que cette manipulation finisse par se retourner contre ses instigateurs et réveille « la Déroute, géante à la face effarée » que j’évoquais en citant le vieil Hugo. Peu importe, d’Aubry ou de Hollande, qui acceptera les diktats de Montebourg et consentira à gauchir opportunément son discours pour ratisser large et dévoyer les aspirations à l’indépendance que l’on trouve aussi bien dans une partie de la gauche que dans une partie de la droite : ce ne sera que compromis de surface. Ce qui importe, c’est la haine qui sépare les deux impétrants, et il est souhaitable que le vaincu mette des bâtons dans les roues du carrosse du vainqueur et fasse verser l’attelage. J’espère que les oppositions entre courants sont suffisamment tranchées, et les haines et rivalités suffisamment féroces pour que s’installe la discorde chez l’ennemi. Il faut absolument que la dynamique totalitaire soit brisée.

Cela éloignerait une menace sérieuse. cela ne légitimerait pas pour autant le candidat de la droite d’appareil, qui a trahi ses électeurs. L’on raconte cette histoire du tyran de Syracuse demandant à une vieille femme pourquoi elle priait les Dieux : « c’est, répondit-elle, pour leur demander de te garder longtemps en vie ! » Le tyran, n’ayant guère d’illusions sur lui-même, s’en étonna : comment peut-on espérer garder en vie l’oppresseur ? Alors la vieille femme lui expliqua que lui-même étant pire que son prédécesseur, il était à craindre que son successeur soit encore pire que lui ; autant préférer, dirait autrement Hamlet, les maux que nous éprouvons que d’aller vers d’autres dont nous ne savons rien. Il resterait à l’impétrant de droite à susciter une dynamique nationaliste, en prenant des engagements fermes, tout en sachant qu’une nouvelle trahison ne lui sera pas pardonnée. Mais le peut-il, lui si prompt à nous placer sous le joug de Bruxelles et de l’OTAN ? Lui qui malgré ses déclarations tonitruantes (« la France, tu l’aimes ou tu la quittes ») ménage l’ennemi civilisationnel et les communautaristes ? Lui qui, comme ses adversaires socialistes, joue le jeu de la mondialisation apatride ? Je ne le crois pas.

Nous entrons dans l’ultime étape historique : ou bien la caste politique, quel que soit le vainqueur du barnum électoraliste, parachèvera la ruine de la Nation et du pays, et cela peut hélàs advenir dans les cinq années qui viennent, ou bien, refusant que le processus de décadence soit inéluctable, il naîtra dans la Peuple un puissant mouvement démocratique capable de balayer les monstres, dragons et coquecigrues, de quelque nom que vous baptiserez les artisans de notre ruine. Que Notre-Dame la France entende du moins cette prière.

Sacha.

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